Les achats de vêtement de l'Aïd, ont fait courir certains pères de familles, mais certains malins n'ont pas attendu ces derniers jours pour faire leurs emplettes. Prévoyant qu'à quelques encablures de la fête, les prix allaient prendre l'ascenseur, ils ont fait le plein. Les autres, en sont maintenant à courir entre les coûteux magasins du centre-ville et les médiocres étalages de M'dina J'dida. Mais entre les uns et les autres, certaines familles ont choisi de s'adresser au marché de la friperie d'El-Hamri pour être au rendez-vous de l'Aïd. Ces responsables de familles, généralement nombreuses et souvent à modeste revenus, cherchent surtout à s'assurer le rapport qualité-prix. Cette dame à l'âge moyen et à la gouaille typiquement oranaise assure : « Je n'ai aucun complexe à habiller mes enfants à partir de la fripe d'El Hamri où les prix sont abordables et la qualité des vêtements avérée. Du reste, les magasins du centre-ville, malgré leur air pompeux, n'offre que rarement des effets vestimentaires convenables. Et alors que la qualité est absente, les prix y sont exorbitants ». Devant l'engouement des Oranais pour les produits de la friperie, de nombreux marchands d'« el-bala » se sont spécialisés dans des créneaux porteurs, tels que le rayon enfants, femmes... avec un effort dans la présentation. Dans ces magasins de fortune, les marchands ont appris à mettre de l'ordre dans leurs marchandises, effectuant des tris préalables et présentant les vêtements sur cintres. Cette sorte de réclame gratuite contribue à augmenter, un tant soit peu, leurs prix. Selon un jeune vendeur, cet effort supplémentaire finit toujours par payer, assurant qu'il procède lui-même au repassage des modèles pour leur donner un coup de neuf. Ces jours-ci, les échoppes de fripe font le plein dès 22h. Tout Oran se déverse à El Hamri à la recherche d'un produit rare, d'un tricot griffé ou une robe chic. « Même si c'est la modestie de ma bourse qui m'amène ici, nous dira un habitué du marché, je dois reconnaitre que j'y trouve souvent mon compte. Et d'ajouter : « C'est moins cher et c'est solide. Pour des prix nettement moins chers, le marché de la fripe me permet d'être au même niveau d'élégance que certains abonnés des magasins chics ». Dans les « magasins » d'El Hamri, les prix varient d'un produit à un autre. Mais c'est toujours plus abordable que le tout venant des magasins qui ont vitrine sur rue. La différence est de taille ! Une dame nous informera qu'elle vient de dénicher une tenue complète pour sa fille au prix de 2.000 DA et de belles espadrilles à moins de 700 DA. La plupart des gens interrogées trouvent que les commerçants du neuf affichent des prix exagérés eu égard aux produits médiocres qu'ils proposent. Ils trouvent également que, par rapport à l'année dernière, des hausses injustifiées dépassant les 1500 dinars sont affichées dans presque toutes les vitrines qui sucent le sang des consommateurs. Ces mêmes personnes assurent que les produits de la fripe présentent un avantage certain sur les autres produits car ils restent neufs et intacts plusieurs années après leur achat. Les vêtements proposés par le marché d'El Hamri « sont bien cousus et leur couleur originale n'est pas altérée après lavage », assurent-ils. Reste, seulement, à apprécier les conséquences qu'ont ces achats sur la santé des gens. Il semble que cela ne soit pas très indiqué par ces temps de vaches maigres. Bonne fête, les humbles.