De tous les temps, l'évocation de la wilaya de Mostaganem ne se fait jamais sans être suivie du qualificatif de " région à vocation agricole par excellence ", et ce, en rapport, bien évidemment, avec les potentialités que recèlent ses terres. Cependant, cet atout tend de plus en plus à se perdre face à l'abandon des terres par leurs exploitants et à l'incessante avancée du béton. Dans notre édition du 27 septembre, nous avions rapporté une affaire d'arnaque et d'escroquerie au niveau de l'exploitation Si-Henni dans la commune de Sayada, où des hectares de terres agricoles ont été vendues pour y édifier des maisons à usage d'habitation qui n'ont rien avoir avec le secteur de l'agriculture, au vu et au su des responsables concernés, voilà qu'une autre affaire rebondît au sein de l'exploitation agricole Si-Kyes Mostefa n°2 dans la daïra de Sidi-Lakhdar. En effet, dans une requête adressée au procureur de la République près le tribunal de Sidi-Ali par M.Saâdi Benchaâ Ould Mohamed, membre de l'exploitation agricole Si Kyes Mostefa, il est fait état d'un début de travaux de construction pour y bâtir une maison, entrepris par le nommé Belhouari Mohamed Ould Afif, actuel président de cette exploitation agricole. Selon ladite requête dont la rédaction détient une copie, le mis en cause a non seulement enfreint la loi mais l'ensemble des règlements régissant le fonctionnement de cette exploitation agricole. Le plaignant ajoute que cette exploitation agricole est composée de 14 membres, et afin d'éviter les problèmes que pourrait engendrer la collectivité, il a été décidé d'un commun accord de procéder au partage, pour que chacun puisse exploiter sa parcelle en fonctions de ses moyens matériels. Ainsi, cette opération a été effectuée entre 1986 et 1987, où chacun des exploitants jouissait de la superficie qui lui a été affectée et ce jusqu'à 2007, où M. Belhouari Mohamed Ould Affif décida de son propre chef de s'approprier une superficie de 300 M2, prélevée de la parcelle du plaignant dans l'intention d'y construire une maison privée. Sollicité à l'effet de donner des explications sur ces agissements, il prétexta verbalement détenir toutes les autorisations en ce sens, de la direction de wilaya des services agricoles. La parcelle détournée est susceptible, cette année d'être affectée à la plantation d'oliveraies et autres cultures maraîchères. Par ailleurs, le susnommé attire l'attention sur le fait que le président de l'exploitation a loué ces propres terres à des personnes étrangères au secteur et à la région et a tenté d'accaparer nos biens de la manière la plus ignoble. Selon toujours le plaignant, une instruction aurait été donnée à la brigade de gendarmerie locale pour ouvrir une enquête en ce sens. Le problème du foncier agricole dans la wilaya de Mostaganem, un sujet tabou du fait de la passivité de certains responsables qui, de par leur silence cautionnent indirectement ces transactions et constructions illégales. Selon plusieurs témoignages, beaucoup de parcelles ont été cédées à des prix dérisoires qui ne dépassent pas parfois les 10.000 dinars à des particuliers venus d'ailleurs pour y ériger à leur tour des constructions destinées à d'autres usages. Ceci a fini par créer, notamment à Mostaganem, des situations confuses, sachant que toutes les constructions ont été réalisées sans permis de construire, créant ainsi un lourd contentieux administratif qui ne trouvera son épilogue que par le passage obligé de la justice. La vocation agricole de ces terres n'est plus protégée et la non délivrance d'autorisations, n'a pas permis d'arrêter l'hémorragie et les dilapidations et autres dépassements continuent à sévir.