Au début des années 60, Nelson Mandela a préparé la lutte armée contre le régime de l'apartheid en se rendant notamment en Algérie pour une formation politique et militaire. Sous la précieuse protection de l'armée de libération nationale (ALN) ,Mandela apprenait comment mener le combat contre « l'apartheid » et avait comme instructeur feu Général Major Med Lamari. Retour sur cette relation secrète entre l'ex-président sud-africain et ce qu'il appelait parfois « sa seconde patrie ». Si tout le monde connaît le héros de la lutte contre l'apartheid, son histoire avec l'Algérie reste peu connue. Retour sur l'histoire "Le peuple algérien, qui s'enorgueillit d'avoir toujours été aux côtés de Madiba et du peuple sud-africain, s'associe à votre deuil et n'oubliera jamais que pour Mandela, l'Algérie est sa "seconde patrie" comme il aimait à le répéter", a déclaré le président Abdelaziz Bouteflika dans un message au président Jacob Zuma suite à la disparition de Nelson Mandela. Après sa disparition, le président Bouteflika a décidé la mise en berne des drapeaux pendant huit jours.
"C'est l'Algérie qui a fait de moi un homme" "C'est l'Algérie qui a fait de moi un homme",ainsi parlait Mandela en 1990 lors de son premier voyage, après sa libération, dans son pays d'adoption, l'Algérie.Pourtant, c'est en Algérie que Madiba, reçoit sa première formation militaire en 1961 avec le représentant du Gouvernement provisoire de la République algérienne, le docteur ChawkiMostefai. "Il nous a expliqué que ce genre de guerre n'avait pas comme objectif de remporter une victoire militaire mais de libérer les forces économiques et politiques qui feraient tomber l'ennemi, raconte Mandela. Nelson Mandela a entretenu une relation particulière avec l'Algérie, en raison de leur histoire commune. Le rapprochement entre le militant du Congrès national africain (ANC), qui a lutté contre l'apartheid, et les militants du Front de libération nationale (FLN) algériens, qui ont combattu pour leur indépendance contre la France coloniale, s'est opéré comme une évidence. Rencontres secrètes avec l' ALN Au début des années 60, Nelson Mandela décide alors de prôner la résistance et d'entrer dans la clandestinité. Rapidement, le militant, alors âgé de 43 ans, se voit confier les rênes de la nouvelle branche militaire de l'organisation, UmkhontoweSizwe (MK, la Lance de la nation). En 1961, Nelson Mandela quitte son pays pour parcourir le continent africain et l'Europe, afin de se roder aux techniques de guérilla et de solliciter des appuis pour l'ANC. Au cours de cette tournée, Mandela, accompagné de Robert Reisha (futur représentant de l'ANC), reçoit sa première formation militaire au côté de l'Armée de libération nationale (ALN), branche armée du FLN. Par la suite, des rencontres secrètes ont lieu entre les militants de l'ANC et l'Etat-major de l'ALN, pour les préparer au déclenchement de la lutte armée, raconte au micro de FRANCE 24 NourredineDjoudi, ancien officier de l'ALN. Nelson Mandela est alors initié à la formation des premiers combattants, au stockage des armes et munitions, au déploiement de l'ennemi, etc. Mais il prend conscience aussi de l'intérêt d'intensifier les opérations diplomatiques afin de sensibiliser le monde entier à la cause du peuple d'Afrique du Sud et gagner ainsi leur soutien. Quand l'Algérie arrache son indépendance en 1962, le pays affiche rapidement son soutien à l'ANC. Cette année-là, le président de l'époque, Ahmed Ben Bella, invite Nelson Mandela pour une parade militaire et en profite pour apporter un soutien financier au parti anti-apartheid et des responsables de l'ANC sont installés en Algérie. L'Algérie était pour Mandela un modèle et un soutien Mandela voyait « des similitudes entre la colonisation de l'Algérie et celle en Afrique du Sud », se souvient NourredineDjoudi, également interprète du leader sud-africain lors de ses visites en Algérie. "L'Algérie était pour lui un modèle et un soutien, se souvient aussi l'ancien Premier ministre Rédha Malek. Tout comme l'Afrique du Sud a toujours été un pivot de la politique étrangère algérienne comme en témoigne l'exclusion de l'Afrique du Sud par l'Assemblée générale de l'ONU proposée et obtenue par Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères, en 1974. Cette action diplomatique démontre l'engagement de l'Algérie en faveur de Mandela et de son action anti-apartheid." Un ancien diplomate s'enflamme : "A l'époque, quel pays aurait osé faire ça ? Certainement pas les Etats-Unis qui continuaient à classer Mandela parmi les terroristes jusqu'en 2008 ! Notre soutien à sa cause était du même niveau que notre soutien à la Palestine, massif et désintéressé." Pour Madiba, l'Algérie avait démontré « sa capacité à mener avec succès une guerre de libération en Afrique contre une armée coloniale puissante, membre de l'OTAN et alliée objectif du régime d'apartheid ». Il avait donc « beaucoup d'admiration pour le peuple algérien », ajoute Djoudi, qui a également officié en tant qu'ambassadeur de l'Algérie en Afrique du Sud. À son retour au pays en aout 1962, Mandela est accusé de sabotage et de complot contre l'Etat et arrêté. Il est condamné à la prison à vie lors du procès de Rivonia en 1964. Malgré cela, Alger continue de soutenir l'ANC et oppose une résistance diplomatique contre le régime de l'apartheid à l'Organisation de l'union africaine ainsi qu'à l'ONU jusqu'en 1990. Après sa libération, en mai 1990, Nelson Mandela revient dans son pays d'adoption et déclare : «C'est l'Algérie qui a fait de moi un homme». Un proche de la Présidence souligne : "Nous avons toujours partagé avec lui la même définition du terrorisme : des militants armés pour lutter contre une occupation illégale ne peuvent être considérés comme des terroristes. Mandela face à l'apartheid avait le même statut que Larbi Ben M'hidi face à l'armée française : ils n'était pas considérés comme des combattants de la liberté mais comme des terroristes !"