C'est hier jeudi et bien de bonne heure que commencèrent à affluer les Hararta des contrées proches pour se joindre aux invités venus d'Oran, d'Ouled Djellal dans la wilaya de Biskra, d'Adrar et de Kerzaz dans la wilaya de Béchar. Dès les premières heures, les vieux tolba dont Hadj Miloud Chemrek et Adda Benyoucef Si Abdelkader donnèrent le ton avec la besmala pour débuter ce que les Hararta appellent encore taâm et non waâda ou maoussim comme dans d'autres contrées. Pas fatigués du tout de la veille qui marqua le début des festivités, Hadj Slimane et Hadj Benaïssa Bilabiod en concert avec Hadj Agab Abdelkader, ne manquèrent pas de coordonner les actions de ceux chargés de l'accueil, de l'organisation de la waâda en des gestes ancestraux. Les cafetiers bénévoles depuis la nuit des temps, le groupe de maintien de l'ordre et comme toujours ceux chargés de ravitailler l'assistance en eau et boissons fraîches. L'effectif renforcé de tolba dont nous citerons au hasard les chouyoukh Hadj Benahmed Abdelkader, Harrat Berrached et Hadj Berraoues M'hamed ainsi que les jeunes tolba de l'Ecole Coranique de feu Hadj Abdelkader Benmohamed de Zemmora prédit de beaux jours devant le rituel ancestral qui consiste en la psalmodie du Saint Coran. Si M'Hamed Benahmed à la mémoire encore intacte malgré son « presqu'un siècle » et Belatreche Hadj Brahim qui dépasse de loin les quatre-vingts ans peuvent être fiers de ceux qui tiennent le flambeau. C'est à dix heures trente minutes comme l'a toujours voulu la tradition, que le cortège de tolba et de centaines de descendants de Sidi Harrat renouèrent avec l'ancestrale borda d'El Boussaïri et son refrain « Allahoumma Salli oua sallim daïmen abada âla habibika khaïri lkhalki koullihimou ». D'aucuns vous ressortent que c'est un moment d'extase d'écouter versifiées les louanges du prophète Mohamed, que la paix et le salut soient sur lui. Certains sont en larmes rien qu'à écouter la mélodieuse voix de Hadj Miloud Chemrek, ce harrati qui, des années durant enseigna les versets du Livre Saint aux Medjaher dans la wilaya de Mostaganem. Le drapeau d'une Algérie musulmane indépendante a depuis plus de quarante ans remplacé l'étendard des Hararta qui soutenaient l'Emir Abdelkader et Cheikh Bouamama dans leur lutte contre l'occupant. Entre les mains du porte-drapeau, il est désormais en tête du cortège qui descend la pente qui va vers Sidi Harrat comme l'ont toujours fait les ancêtres des Hararta pour rejoindre son coin dans le mausolée du soufi Sidi Harrat qui marqua le quinzième siècle par son érudition, sa grande foi, sa piété et surtout par le nombre de tolba qui passèrent chez lui en quête de sciences et de savoir aussi bien en Algérie qu'au Maroc. A onze trente minutes, invités, amis et autochtones se déployèrent dans l'immense école tapissée pour l'occasion pour déguster le fameux couscous des Hararta qui n'a pas d'égal et de concurrent. Et tout le monde vous le dit. Un couscous roulé maison. Les festivités se terminèrent par des implorations et invocations pour des jours meilleurs au monde musulman et comme toujours Hadj Miloud Chemrek n'omit pas de rappeler ceux qui, la santé défaillante n'ont pas pu se joindre aux cérémonies dont le centenaire Benyamina Abdelkader, Belahmar Kaya, Benameur Hadj Abdelkader et bien d'autres. Jour de djoumouâ, l'assistance n'a pas manqué de profiter de la journée pour prier dans la mosquée des ancêtres et écouter le prêche du jeune imam Berrached Abdellah Ibn Benaïssa qui tient les rênes de la mosquée de Sidi Harrat depuis peu et qui a démontré que la relève est bien assurée.. Manque de coordination, et peut-être est-ce dû au Ramadan, on déplore l'absence fantasia, de foursane et de baroud et en particulier les amis cavaliers des Amamra et des Medjaher qui fêtent les waâdas de Sidi Mohamed Bekhadda et Sidi Charef en même temps que les Hararta.