Emprisonné en Algérie et jugé par défaut par le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine) en France pour banqueroute et détournements de fonds, le verdict de son procès, examiné en juin dernier, sera rendu mardi prochain. L'ancien homme d'affaires algérien Abdelmoumène Rafik Khalifa, poursuivi pour plusieurs chefs d'inculpation, dont "détournement de fonds" et "banqueroute", sera jugé mardi à Nanterre (France), en son absence car détenu en Algérie. Rafik Khalifa est poursuivi en France dans une affaire impliquant deux des entreprises de son holding (Khalifa Airways et Khalifa Rent a Car) implantées à Puteaux (Nanterre). L'affaire a commencé en juillet 2003, lorsque tous les ordinateurs de Khalifa Airways ont disparu des locaux de Puteaux (Hauts-de-Seine), alors que la société venait d'être placée en liquidation judiciaire. Le parquet avait requis en juin dernier trois ans de prison à l'encontre de l'ancien homme d'affaires. Dix autres personnes étaient poursuivies, dont un notaire, des anciens représentants de l'entreprise en France ainsi qu'un constructeur et équipementier aéronautique. Khelifa, écroué à Londres depuis 2007, a été extradé à Alger pour affaire similaire le 24 décembre 2013 et il est jugé par défaut, n'ayant pas assisté aux débats. Rafik Khalifa a déjà été condamné en 2007 par le tribunal criminel de Blida par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité notamment pour association de malfaiteurs, et faillite frauduleuse. Il doit être de nouveau jugé en Algérie. Le parcours d'un milliardaire en carton !?
L'effondrement de cet empire en carton a causé un préjudice estimé entre 1,5 et 5 milliards de dollars à l'Etat algérien et aux épargnants. De nombreux petits épargnants algériens ont été ruinés et la vente de la villa Bagatelle à Cannes, des avions ou des voitures de luxe n'ont pas permis de les rembourser. Rafik Khalifa, 47 ans, entame sa carrière en reprenant la pharmacie de son père en 1992, en plein décennie noire, Profitant des événements et de l'absence de contrôle de l'Etat brouillé par le conflit du FIS qui met en péril la sécurité de l'Algérie, il se lance dans la fabrication de médicaments génériques, aidée par un clan mafieux il commence à se remplir les poches et fait sa montée au rang des milliardaires. En 1998, la pièce majeure de son futur empire, Khalifa Bank, est montée en à peine neuf mois. Les taux d'intérêt extrêmement avantageux qu'elle propose attirent des centaines de milliers de personnes, ce qui permet au groupe de se diversifier. Une multitude de sociétés sont lancées en Algérie, en France, au Royaume-Uni et en Allemagne notamment dans la banque, la construction, l'aéronautique et l'audiovisuel. Le détournement de l'argent des déposants pour financer ses sociétés et l'épargne des milliers de clients de ‘'Khalifa banque'' n'est pas éloigné. Sa villa, une Bagatelle à 35 millions d'euros
De 2000 à 2002, Rafik Khalifa est à son apogée. Le magnat, qui assure que son groupe réalise un milliard de dollars de chiffres d'affaires, se lance dans des projets pharaoniques, demandant notamment à l'architecte espagnol Ricardo Bofill de dessiner les plans d'une nouvelle ville, Algeria. "Rafik le flamboyant" devient le sponsor de l'Olympique de Marseille et du club de rugby de Bordeaux-Bègles (Gironde). Le 3 septembre 2002, une somptueuse soirée est organisée dans sa villa cannoise "Bagatelle", acquise à 35 millions d'euros, à laquelle assistent le chanteur Sting, Jack Lang, Catherine Deneuve et Gérard Depardieu. Ces deux derniers seront entendus dans le cadre de la procédure. Mais des voix commencent à s'interroger sur cette fortune soudaine. En novembre 2002, les opérations de la banque sont gelées à la suite de malversations décelées par le gouvernement algérien. Début 2003, Rafik Khalifa se réfugie à Londres, trois de ses proches collaborateurs sont arrêtés à l'aéroport d'Alger alors qu'ils tentent de fuir avec deux millions d'euros dans une valise et le groupe est placé en liquidation. Dix autres personnes sont poursuivies, dont son ex-femme Nadia Amirouchen, un notaire, d'anciens représentants de l'entreprise en France ainsi qu'un constructeur et équipementier aéronautique. Ils sont accusés d'avoir, au moment de la déconfiture du groupe, dissimulé un certain nombre d'actifs, notamment la villa Bagatelle, des voitures de luxe et trois avions.