Trois ans de prison ont été requis, avant-hier, contre Rafik Khalifa, emprisonné en Algérie et jugé par défaut par le tribunal correctionnel de Nanterre en banlieue parisienne, selon le quotidien Le Parisien. L'ancien homme d'affaires est poursuivi pour banqueroute et détournements de fonds. Dix autres personnes sont poursuivies, dont son ex-femme Nadia Amirouchen, un notaire, des anciens représentants de l'entreprise en France ainsi qu'un constructeur et équipementier aéronautique. Le parquet a requis à leur encontre des peines de six mois de prison avec sursis à deux ans de réclusion, dont 20 mois avec sursis, et des amendes de 10 000 à 80 000 euros. Ils sont accusés d'avoir, au moment de la déconfiture du groupe en 2003, dissimulé un certain nombre d'actifs. Il s'agit notamment de trois avions d'une valeur de 5,5 millions d'euros, une douzaine de voitures de luxe et une villa à Cannes (Alpes-Maritimes) évaluée à 35 millions d'euros, où le golden boy organisait de somptueuses réceptions avec Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Sting ou encore Bono. 18h28 : L'ancien homme d'affaires algérien Abdelmoumène Rafik Khelifa, poursuivi avec neuf autres prévenus pour notamment " banqueroute " et " détournement de fonds ", a été accablé lundi par le Tribunal correctionnel de Nanterre qui l'a qualifié de " commandant ayant abandonné son navire ". Dans leurs plaidoiries, des représentants des parties civiles constituées dans ce procès, ouvert le 2 juin en l'absence du principal accusé, ont évoqué des préjudices financiers " immenses " causés par la gestion " irrationnelle " de l'ancien milliardaire, notamment à Khalifa Banque, avec un passif de 565 millions d'euros auprès de ses créanciers en France. Pour Khalifa Airways, jugée comme l'entité la " plus embêtée ", les passifs seraient de 632 millions d'euros, dont le créancier principal serait encore une fois la Banque Khalifa. A cet effet, la représentante de la partie civile, a réclamé une réparation de ce qu'elle a qualifié de préjudice matériel " immense ", estimé à 18 millions d'euros. " Sur ce chapitre, la responsabilité de Rafik Khelifa est entière. Un commandant ne quitte pas un navire qui coule ", a-t-elle plaidé, estimant que ses collaborateurs ont profité de ce personnage pour satisfaire des " intérêts personnels ". La représentante de Khalifa Banque a fait part, de son côté, d'acquisitions " anormales et pénalement répréhensibles " de biens en France au nom du Groupe mis en cause, citant la villa Bagatelle (Cannes), acquise à plus de 34 millions d'euros et revendue quelques mois après à presque la moitié de son prix. Elle a accablé le notaire M. Lembo (prévenu) et Auté-Leroy pour les commissions jugées exorbitantes (plus d'un million d'euros chacun) engrangées dans cette transaction. Dans son réquisitoire, le représentant du Ministère public a, lui, affirmé que sa tutelle ne serait pas " colérique " si l'on requalifiait le grief de banqueroute en " abus de confiance ", car s'agissant du traitement d'une entité de droit étranger dont le protagoniste a eu des comportements " largement irrationnels ", selon lui. Pour l'intervenant, il serait " excessif " de demander une comptabilité complète et à jour d'une entité de droit étranger d'autant plus, a-t-il soutenu, cette comptabilité, tenue en France par Amine Chachoua (prévenu, présent à l'audience), " n'avait pas disparu, mais envoyée en Algérie ". Il a ajouté qu' "il n'y a aucun document pour étayer la thèse de disparition de cette comptabilité, dont l'ordonnateur est encore une fois Rafik Khelifa ", incarcéré depuis décembre dernier en Algérie suite à son extradition par la Grande-Bretagne. Lors de leur passage à la barre, des prévenus ont déclaré avoir agi sur " seule instruction " de Rafik Khelifa, et que les biens (notamment de luxueux appartements) dont ils avaient bénéficié à Paris étaient pour " récompenser leurs loyaux services " au sein du Groupe. Notons que le procès s'est poursuivi hier, et aujourd'hui avec les plaidoiries de la défense. Fils d'un ancien ministre et ambassadeur, Rafik Khalifa a connu la gloire entre 2000 et 2002 en créant un groupe éponyme spécialisé dans la banque (Khalifa Bank), l'aéronautique (Khalifa Airways), la construction, la pharmacie et les médias (KTV). Au faîte de son apogée, son groupe avait sponsorisé l'Olympique de Marseille et le club de rugby de Bègles (Gironde) et organisé en septembre 2002 une somptueuse réception à la Villa Bagatelle où étaient invités people et vedettes du showbiz tels que Sting, Bono, Catherine Deneuve, Pamela Anderson où encore le joaillier italo-libanais Fawaz Gruosi qui a bénéficié d'une commande de la part de Khalifa Airways de près de 7 millions d'euros en bijoux et objets précieux. Poursuivi pour malversations, corruption et détournements en Algérie, Rafik Khalifa s'est réfugié à partir de 2003 à Londres, d'où il a fini par être extradé le 24 décembre 2013.