Avec la baisse actuelle des cours du pétrole, une politique en crise, une économie au point mort et une situation sécuritaire au-dessous de zéro, la Libye s'enfonce de plus en plus au bord du gouffre, une situation qui commence à inquiéter les Etats-Unis, et les pays de l'Europe, selon la presse Française, mais, cette conjoncture sanctionne beaucoup plus l'Algérie et les pays voisins et mettent en menace leurs frontières, surtout qu'après que le Fantôme de Daesh commence a plané sur Tripoli . Du côté économique, l'industrie pétrolière libyenne subit les retombées de la guerre civile. Le pays nord-maghrébin enregistre actuellement un déficit budgétaire, qui absorbe toutes les recettes de l'Etat, issues à 75% des hydrocarbures. La production de l'or noir est tombée à 350.000 barils par jour, alors que les autorités reconnues par la communauté internationale envisageaient 1.5 million de barils par jour. Le Croissant Pétrolier de la Libye a été paralysé par les combats opposant les miliciens islamistes de Fajr Libya aux forces loyales, touchant notamment avec des tirs de roquettes le Port al-Sadra, incendiant plusieurs de ses puits. La Libye s'enfonce dans la guerre et l'EI prend ses marques La Libye est confrontée depuis plusieurs mois à une recrudescence des violences et des combats entre les milices et les forces gouvernementales. Alors que les affrontements se poursuivent, l'Etat islamique s'installe. Une situation qui fait craindre un embrasement complet du pays. Cela fait désormais quatre ans que le régime de Kadhafi a été mis à terre et pourtant jamais la Libye n'a été à ce point au bord de l'explosion. La situation est telle que certains envisagent désormais une guerre totale sur le territoire. Plusieurs raisons poussent les spécialistes à tirer la sonnette d'alarme à commencer par la complexité du conflit qui ne pourra être résolu en quelques semaines ou à coup d'interventions militaires occidentales. La Libye est aujourd'hui loin d'être un pays uni. Il s'agit d'un territoire fragmenté en dizaines de micro-états dirigés chacun par des milices locales. Le refus de désarmer après la chute de Kadhafi et surtout l'incapacité du pouvoir à imposer son autorité ont mené à des situations très complexes. Les intérêts tribaux viennent également se superposer à ces problématiques de pouvoir exercé sur les territoires. Les milices refusent toujours de se soumettre à l'autorité du pouvoir central et du gouvernement élu en juin dernier et pourtant reconnu par la communauté internationale. Celui qu'on appelle désormais le gouvernement de Tobrouk, est en concurrence frontale avec le gouvernement de Tripoli composé d'islamistes qui ont chassé le pouvoir légitime de la capitale l'été dernier après des combats très intenses. Plusieurs centaines de personnes avaient perdu la vie et l'aéroport a été complètement détruit lors des affrontements. Malgré les discussions de Genève qui se sont tenues il y a quelques jours dans la capitale Suisse, le cessez-le-feu qui avait été convenu entre les parties au conflit a volé en éclat cette semaine après l'attentat qui a eu lieu contre un hôtel et qui a fait plusieurs morts dont de nombreux étrangers. Le Fantôme de Daesh plane sur Tripoli . Pendant que les deux gouvernements s'affrontent et que les différentes parties du territoire sont administrées par des milices locales, l'Etat islamique en profite pour tisser sa toile. Ce n'est pas une nouveauté puisque déjà il y a six mois, le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian avait émis des craintes concernant l'installation du groupe terroriste. Ces craintes ont été justifiées il y a peu puisque la ville de Derna est aujourd'hui entre les mains de l'EI et que le drapeau noir flotte sur les bâtiments administratifs. Un haut responsable libyen a lancé un appel au secours en appelant la communauté internationale à lutter contre l'Etat islamique qui se développe sur le territoire. Nouvelle alerte en Libye après les déclarations de l'ambassadeur du pays aux Emirats arabes unis qui est également le conseiller du Premier ministre Abdullah al-Theni. Il a estimé que l'Etat islamique était en train de se développer de façon exponentielle sur le territoire et que désormais il était urgent d'agir. Il a également ajouté qu'il ne comprenait pas pourquoi la coalition internationale qui agit contre Daech en Irak et en Syrie ne prend pas en compte la menace qui pèse sur la Libye. L'absence de stratégie globale a été mise en avant par les autorités libyennes qui demandent à ce que l'Etat islamique soit combattu partout où il se trouve et d'une façon beaucoup plus efficace. Les frappes qui ont actuellement lieu dans la zone syro-irakienne ne sont pas suffisantes pour mettre à mal le groupe terroriste qui fait peser de plus en plus de risques au Proche-Orient mais également au Moyen-Orient. Désormais le Maghreb risque de se retrouver directement face à la menace terroriste avec la prolifération des camps d'entraînement. Les autorités libyennes ont fait état d'activités de l'Etat islamique dans au moins sept villes du pays. Le cas de Derna commence à inquiéter puisqu'elle est sous commandement de Daech et que d'autres communes sont désormais potentiellement menacées. Obama en renfort ? Face à la dégradation de la situation et surtout l'absence d'intervention étrangère sur le territoire, plusieurs interrogations persistent. Pourquoi les pays qui ont fait partie de la coalition qui a mis fin au règne de Kadhafi ne repartent pas en guerre pour sauver la Libye de l'Etat islamique ? Il est très probable que le front syro-irakien empêche certains pays, notamment la France, d'intervenir à nouveau sur un autre terrain. Après les interventions au Mali, en Centrafrique et en Irak, se lancer dans un nouveau conflit risque d'être mal perçu par les français. Dans le même temps Washington qui, depuis le début du mandat de Barack Obama tente de se dégager des différents terrains de guerre, est plus partagé. Le président américain a demandé aux élus de valider un renforcement dans la lutte contre l'Etat islamique, notamment en terme financier. Mais ce n'est pas tout. Obama souhaite intensifier son combat en Irak et en Syrie et venir en soutien à la Jordanie qui est menacée. Si la Libye n'a pas été mise en avant dans la lutte globale contre le groupe terroriste, il n'en reste pas moins que le président des Etats-Unis cherche à préparer l'opinion publique à une éventuelle intervention dans les prochains mois. Elle serait alors justifiée par la nécessite d'une action globale pour mettre un terme à l'expansion de Daech qui menace directement l'Europe et risque de déstabiliser l'Afrique. Un autre risque a été soulevé par certains spécialistes du continent, c'est la possibilité pour l'Etat islamique, à terme, de s'allier à Boko Haram. C'est pour éviter cette fusion de plusieurs mouvements terroristes qu'une mutualisation des efforts entre tous les pays concernés sera nécessaire. Pour l'heure la Libye combat seule contre l'Etat islamique, une situation qui ne pourra pas durer tant le rapport de force se déséquilibre jour après jour.