Pourquoi de tels changements ? Et que cache l'éloignement de certains ministres ? Et pourquoi Bouteflika fait appel à des anciens walis de la décennie noire ? Face à une menace de crise financière sur fond de chute de prix de pétrole chahuté par des scandales financiers d'EL-Khalifa et l'autoroute Est-Ouest où plusieurs noms de ministres furent appelés comme témoins à la barre, le Président de la République a jugé objectif d'opérer un changement, tout en décidant une gamme complète d'opérations de chirurgie, afin d'éliminer le virus de la corruption qui a gangrené certains ministères. Le président Abdelaziz Bouteflika a procédé, jeudi à un remaniement ministériel du gouvernement du Premier ministre Abdelmalek Sellal. Dans ce remaniement, il y a lieu de retenir trois points essentiels, à savoir les changements de tête à certains ministères clés, ainsi que le recul du nombre de femmes ministres, qui est passé de sept à seulement quatre et la décision de fusionner les deux ministères, de la Jeunesse et des Sports, en un seul département, dont le poste de responsabilité a été confié à Abdelkader Khomri. Ainsi, le premier département ministériel de souveraineté à avoir un nouveau responsable est celui de l'Intérieur et des Collectivités locales. Ainsi, Tayeb Belaïz, qui occupait jusque-là ce poste a été nommé conseiller spécial auprès du président de la République, et cédé place à Nouredine Bedoui, désormais ex-ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels. Après une année et neuf jours passés à la tête du département des Finances, Mohamed Djellab a été remplacé par Abderrahmane Benkhelfa. Quant au poste de ministre de l'Energie, Youcef Yousfi a été remplacé par Salah Khebri. Ceci dit, d'autres portefeuilles ministériels clés, tels que la Défense nationale, les Affaires étrangères et la Justice n'ont pas été concernés par le remaniement. Pour ce qui est des femmes dans le nouveau gouvernement, il faut retenir que quatre d'entre elles ont quitté l'exécutif, dont une a été remplacée par une autre femme. Trois autres ont gardé leurs portefeuilles ministériels. Outre les trois portefeuilles clés, le remaniement a touché douze ministres au total. C'est ainsi qu'Abdelkader Ouali est devenu ministre des Travaux publics, à la place de Abdelkader Kadi, qui lui a remplacé Abdelwahab Nouri au ministère de l'Agriculture et du Développement rural. De son côté, M. Nouri occupe le poste de ministre des Ressources en eau et de l'Environnement, en remplacement de Hocine Necib. Le ministère de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat est confié à Amar Ghoul, qui remplace ainsi Nouria Yamina Zerhouni (femme).Boudjema Talai est devenu ministre des Transports. Un département que vient de quitter M. Ghoul. Tahar Hadjar est le nouveau ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, à la place de Mohamed Mebarki, qui a remplacé, à son tour, Nouredine Bedoui au ministère de la Formation et de l'Enseignement professionnels. Tahar Khaoua est devenu ministre des Relations avec le parlement. Il remplace Khelil Mahi.La Jeunesse et les Sports qui étaient séparés il y a une année, ont retrouvé à nouveau un seul ministère, sous la coupe de Abdelkader Khomri, jusque-là ministre de la Jeunesse. Mohamed Tahmi, qui s'occupait des Sports a quitté le gouvernement.Autre nouveauté dans le gouvernement Sellal IV, le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement est rattaché à deux départements distincts et sa ministre Dalila Boudjemaâ quitte le gouvernement. L'Aménagement du territoire est rattaché au Tourisme et l'Artisanat et devient ministère de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat. Quant à l'Environnement, il est rattaché au Ressources en eau est devient ministère des Ressources en eau et de l'Environnement. Les partants Cinq ministres dont ceux de l'intérieur, des finances et de l'énergie en font les frais. Le départ qui retient le plus l'attention est celui du ministre de l'énergie et des mines, Youcef Yousfi, remplacé par Salah Khebri, PDG de l'Institut algérien du pétrole (IAP) qui a également travaillé pour Sonatrach. Youcef Yousfi, s'est retrouvé au cœur d'une crise sans précédent en Algérie opposant la population d'In Salah au pouvoir central au sujet de l'exploration et de l'exploitation du gaz de schiste. Dans le contexte de déclin de la production d'hydrocarbures conventionnels et d'explosion de la consommation domestique, Youcef Yousfi s'est fait le défenseur de cette énergie dont le potentiel est important en Algérie. Son principal souci a été de convaincre les entreprises étrangères de venir investir : il a pour cela fait changer la loi sur les hydrocarbures afin de pouvoir octroyer des avantages fiscaux aux compagnies. Il a cependant négligé de communiquer sur le sujet à l'intérieur du pays et n'a pas vu venir la montée d'un large mouvement de protestation inquiet par les risques de pollution et les prélèvements sur la ressource en eau nécessaires à l'exploitation des gaz de schiste. Si le départ de Youcef Yousfi, peut apparaître comme un signal d'apaisement. Le départ du ministre de l'intérieur, Tayeb Belaiz, paraît lui dicté par des impératifs de santé, mais M. Belaiz reste au gouvernement avec le statut de ministre d'Etat et conseiller spécial du président. Il est remplacé par Noureddine Bedoui, qui était ministre de la formation professionnelle. Le ministère des finances change également de main avec le départ de Mohamed Djellab. Abderrahmane Benkhelfa, ancien délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), lui succède. La ministre de la culture, Nadia Labidi, objet d'une virulente campagne menée par Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT, l'accusant d'octroyer des marchés à une entreprise détenue par des proches, quitte aussi le gouvernement. Mme Labidi a déposé plainte pour diffamation contre Louisa Hanoune laquelle s'est dit prête à renoncer à son immunité parlementaire. Beaucoup d'observateurs politiques croient que l'emportement de Mme Hanoune contre Mme Labidi est lié à son amitié avec la précédente ministre de la culture, Khalida Toumi, dont la gestion a été dénigrée par la Cour des comptes. Le ministre des ressources en eau, Hocine Necib, accusé par l'Association de lutte contre la corruption (AACC) d'avoir usé de son pouvoir pour faire attribuer des terres agricoles à des proches quitte également le gouvernement. Une femme pour une femme, Iman Houda Feraoun remplace Zohra Derdouri au ministère de la Poste et des Technologies de l'Information et de la Communication. Aussi, Il a été décidé, de fusionner les deux ministères, de la Jeunesse et des Sports, en un seul département, dont le poste de responsabilité a été confié à Abdelkader Khomri et le débarquement de l'ancien ministre des sports Tahmi. Pourquoi de tels changements ? Pourquoi de tels changements ? Et que cache l'éloignement de certains ministres ? Et pourquoi le nouveau gouvernement fait appel à des anciens walis ? Dans un climat de menace de crise financière sur fond de chute de prix de pétrole chahuté par des scandales financiers d'EL-Khalifa et l'autoroute est ouest où plusieurs noms de ministres ont été appelés comme témoins à la barre, le Président de la République a jugé objectif d'opérer un changement , tout en décidant une gamme complète d'opérations de chirurgie afin d'essayer d'éliminer le virus de la corruption qui a gangrené certains ministères. C'est ainsi que le nom de Djellab Mohamed, qui figure sur la liste des témoins dans le procès de l'affaire Khalifa, débarque du ministère des finances. Le même scénario, s'est répété pour la ministre de la culture, des ressources en eau et des sports, cités par la presse et par certains partis et organisations pour leurs implications dans des affaires de scandales et de trafic d'influences. Sauf que le sacrifice de Youcef Yousfi était bien décidé par le président de la République pour calmer les esprits de la population de sud, puisqu'il n'était pas un bon communiquant avec les contestataires, et il voulait à tout prix passer la commande du marché du gaz schiste aux investisseurs étrangers sans se soucier du volcan du sud. Le président Bouteflika, fait appel ainsi aux anciens walis de la république, pour gérer les ministères. Sachant que ces derniers ont prouvé leur efficacité dans la gestion des affaires de l'Etat durant la décennie noire, là où le prix du pétrole était au plus bas et ils ont su sacrifier leur jeunesse en plein milieu des rafales des kalachnikovs des terroristes pour sauver le pays. Avec un budget de moins de 5 milliards de dollars ils ont garanti à l'Algérie un avenir stable. Ainsi le nouveau gouvernement sera appelé à gérer une crise financière si le prix du pétrole continue à chuter ainsi que la bonne gestion des projets lancés par l'Etat loin du gaspillage.