Mohamed Seddik Benyahia est né le 30 janvier 1932 à Jijel, diplômé de l'université d'Alger, il deviendra avocat, et durant la lutte de libération, il prit une part active dans cette lutte pour l'indépendance. Ce natif de Jijel est de ceux dont le parcours reste ignoré, par la génération d'aujourd'hui, du fait qu'il est tombé dans l'oubli, comme bon nombre de personnalités. Pour ceux qui se souviennent de Mohamed Seddik Benyahia, savent que cet homme était unique de par sa personnalité, son intelligence pendant la révolution et après en tant que diplomate que ce soit au niveau national ou international. Ses amis et proches l'appelaient « Le petit Benyahia », en raison de sa silhouette frêle et sa corpulence fragile. Il suivra une scolarité qui le conduira du collège de Sétif, où il passera quatre ans, au lycée Bugeaud (l'actuel Emir Abdelkader) à Alger. Benyahia, « sujet remarquable » pour ses maîtres, fera des études de droit à l'université d'Alger. Pour Albert Paul Lentin qui le suivra de près, Benyahia, était très actif dans le mouvement estudiantin, et son assiduité reconnue lui permettra de poursuivre des études universitaires qui l'amenèrent à préparer son doctorat. Il s'inscrit en 1953 au barreau d'Alger avant d'assurer deux ans plus tard la défense de Rabah Bitat, qui avait été écroué à la prison de Barberousse. Il en profitera pour assurer les liaisons avec Abane Ramdane qui venait d'être élargi. Celui-ci ne restera pas inactif et se ralliera à la cause algérienne. Benyahia rejoindra très tôt le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) dont il se détachera après le conflit qui a opposé les centralistes avec le vieux leader nationaliste, Messali Hadj. Harcelé par les forces coloniales, Benyahia rejoindra les instances du FLN à l'extérieur et fondera avec des amis l'UGEMA. En août 1956, Benyahia sera désigné, au congrès de la Soummam, membre suppléant du CNRA. Avec la mise sur pied du GPRA, celui qui a secondé Ahmed Francis un temps sera coopté au poste de directeur du cabinet du président Ferhat Abbas lors du 2e GPRA. Après qu'il eut représenté l'Algérie à la conférence des étudiants afro-asiatiques à Bandoeng, Benyahia deviendra le représentant permanent de l'Algérie en armes en Asie du Sud-Est avec un autre diplomate de renom : Lakhdar Brahimi. « Cet homme qui va de l'avant en dépit de sa santé chancelante fera partie de la délégation algérienne aux pourparlers de Melun en 1961 et sera l'un des négociateurs des accords d'Evian et visitera, à l'occasion, les pensionnaires d'Aulnay, muni d'un passeport tunisien. Il en sortira que les historiques (dont Ben BELLA, Ait Ahmed,etc.) n'entraveront aucunement les négociations menées par le GPRA. Benyahia présidera la commission de sondages de la session houleuse du CNRA, tenue à Tripoli. Remarquant l'incurie des congressistes, il déposera sa démission et celle de ses deux collègues. Au lendemain de l'indépendance, l'homme au verbe caustique, comme le dira Harbi dans ses mémoires, a eu à affronter les préjugés des nouveaux maîtres de l'Algérie sur les « diplômés ». Comme le fera remarquer Gilbert Meynier, le bureau politique du FLN, mis en place dans la douleur, ne comprenait aucun diplômé ; et parmi les candidats à l'assemblée constituante désignés par le bureau politique beaucoup furent écartés. Benyahia fut l'un d'eux et restera en retrait lors de la discorde » avant d'être nommé ambassadeur à Moscou et à Londres. Ce mordu de Jacques Prévert organisa le Festival panafricain, une année après qu'il eut été désigné par Boumediène à la tête du département de l'Information en 1967. Il assurera plusieurs portefeuilles ministériels, dont celui de l'Enseignement supérieur, de 1971 à 1979, et celui des Affaires étrangères jusqu'à sa mort tragique. Pour rappel, voici dans ce qui suit, les différents ministères, dirigés par ce diplomate aguerri et respecté au niveau international. Ministre de l'Information du 22 octobre 1966 au 21 juillet 1970, dans le gouvernement Boumediène II. C'est lui qui organisa le premier Festival panafricain en 1968. Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique du 21 juillet 1970 au 23 avril 1977 sous Boumediène . Ministre des Finances du 23 avril 1977 au 8 mars 1979, dans le gouvernement Boumediène IV. Ministre des Affaires Etrangères du 8 mars 1979 à sa mort, dans les gouvernements Abdelghani .Ce diplomate au long parcours a été l'artisan de la libération en janvier 1980 des 52 otages américains. Il y a lieu de souligner que lors de la crise iranienne des otages, Mohammed Benyahia a dû déployer tout son savoir-faire pour arriver à dénouer l'une des crises les plus difficiles qu'aura traversé le monde et surtout les Américains. Il a été le seul à réussir une telle mission, et chacun reconnait surtout pour ce qui est des USA, car il a été l'artisan de la libération en janvier 1981 des otages américains détenus en Iran après la révolution iranienne en 1979. En 1981, il a été victime, au Mali, d'un grave accident d'avion qui lui a causé d'importantes blessures et l'a obligé à un repos de plusieurs mois. Lors de ce voyage, Il était accompagné de son collaborateur Abdelwahab Abada, directeur des affaires africaines au Ministère des affaires étrangères (MAE), sorti vivant lui aussi de l'accident. Mais, il ne survivra pas à une autre destruction d'avion qui surviendra moins d'un an plus tard, alors qu'il menait une médiation de paix entre l'Iran et l'Irak qui étaient en guerre. Alors qu'il survolait la frontière entre l'Iran et la Turquie le 3 mai 1982 et avec une délégation du Ministère des affaires étrangères composée de 15 cadres, l'avion sera abattu par un tir de missiles. Ce sera la dernière mission de Mohammed Seddik Benyahia qui trouvera la mort en ce jour fatidique. Depuis ; l'enquête sur sa mort ainsi que de ses compagnons n'a jamais été élucidée. L'Iran avait accusé à cette époque l'Irak, qui nia toute responsabilité. Le « jeune renard aux traits aigus et à l'œil futé s'est distingué non seulement par son astucieuse subtilité, mais par une volonté de fer » mais le destin a fait qu'il ne survivrait pas à un autre accident, telle a été le parcours de Benyahia.