La critique est un art difficile et périlleux qui ne réussit généralement qu'aux esprits vifs et vigoureux rompus merveilleusement aux arcanes de la littérature et de la linguistique, lire un livre contenant des centaines de pages et le résumer en une page relevé du miracle. Il faut disposer en puissance de cette capacité à synthétiser et à rassembler en un petit texte clair et cohérent tout ce que l'œil a vu dans l'ouvrage. Cela demande des efforts considérables et un souci constant d'abréger le plus possible la matière des textes soumis à notre jugement. Voici quelques recensions d'œuvres diverses dont une partie est sortie de la plume d'auteurs mondialement renommés. " La vie des maîtres " par Baird Spalding Le livre " la vie des maîtres " de Baird Spalding est l'œuvre la plus belle que j'ai lue dans ce genre de littérature. Avec résolution, l'auteur nous tient par la main et nous entraîne dans un monde féerique et merveilleux, un univers dans lequel l'esprit rayonnant domine majestueusement et éclipse la vile matière. C'est une expérience formidable que celle tentée par Spalding dans l'Inde millénaire. De bon cœur, il s'intègre dans un groupe de contemplatifs, et accepte de vivre leur vie, une vie extraordinaire que l'on pourrait résumer en deux mots : le miracle au quotidien. Plumitif au long souffle, l'auteur nous subjugue par ses descriptions minutieuses, ses fines analyses, ses étonnantes digressions. De cet écrivain prolifique, amoureux du mysticisme, admirons ces fusées verbales : " les lois de Dieu sont éternellement les mêmes, maintenant comme toujours. Tout en étant immuables, elles sont bienfaisantes car elles sont bonnes. Si nous vivons en nous y conformant, elles deviennent les pierres fondamentales sur lesquelles nous pâtissons santé, bonheur, paix, équilibre, succès, et aboutissement. Si nous demeurons entièrement dans la loi de Dieu. Aucun mal ne peut nous advenir. Nous n'avons pas besoin d'être guéris, nous sommes sains jusqu'au bout des ongles. " (P. 108)- " les fondateurs des diverses organisations cléricales ont trouvé commode d'entourer de mystère les chose de Dieu. Espérant ainsi mieux asseoir leur autorité sur le peuple. Mais chacun découvre maintenant que les choses profondes de Dieu sont simplement les objets réels de la vie courante. Sinon à quoi serviraient-ils ? " ( P. 131) " de même que le corps représente le plus bas degré d'activité de la pensée, de même l'esprit représente les idées les plus élevées de la pensée divine. Le corps est l'expression extérieure des idées ; tandis que l'esprit est la source où la forme prend son impulsion initiale, directement dans la pensée divine. L'esprit est le moi réel et immortel en qui résident toutes les virtualités de la pensée divine. " (P. 180) " l'homme se fait ou se défait lui-même. Dans l'arsenal des pensées, il forge les armes par lesquelles il se détruit. Il façonne aussi les outils avec lesquels il se bâtit des maisons célestes de joie, de force et de paix. Par le bon choix et le juste exercice de ses pensées, il peut atteindre à la perfection divine. Par leur abus et leur mauvais usage, il descend plus bas que la brute. Entre ces deux extrêmes s'étend toute la gamme des nuances de caractères. L'homme est leur créateur et leur maître. " (P. 197). " je vois votre pensée quand vous dies que le monde est le monde de Dieu et que les endroits lointains et proches lui appartiennent. Si nous voyons simultanément les lieux proches et lointains, ils sont pareils pour nous. Nous vivions dans un petit monde sans voir que le vaste univers nous entourait, prêt à venir à notre secours si nous le laissions faire Songez que Dieu nous entoure et entoure tout. " (P. 245) " l'home n'a besoin que de remonter à la source de sa propre religion, d'en écarter toutes les fausses interprétations, et de rejeter tout égoïsme. Derrière les apparences superficielles, on trouverait l'or pur de l'alchimiste la sagesse du très haut, votre Dieu et mon Dieu. Il n'y a qu'un seul Dieu, et non des divinités nombreuses pour des peuples divers. " (P.246) " ce qui existait avant le commencement de la conscience est éternel. Ce que l'humanité pense est variable et inconsistant. Ce qui existait avant le commencement de la conscience est la vérité. Ce que les hommes pensent n'est vérité que pour eux. Quand ils prendront conscience de la loi de vérité cette loi supprimera toutes les pensées erronées de l'humanité. " (P.295) " les créatures humaines varient continuellement sous l'effet de la loi d'action et de réaction. Quand les hommes ont été trop loin dans leurs créations personnelles, la grande loi de la Vérité Absolue intervient pour les ramener en face du plan originel. La loi cosmique, toujours polarisée dans le sans de l'égalisation, de l'équilibre et de l'harmonie ", ne permet donc jamais à la vie de s'égarer trop loin sur la tangente. Malgré les idoles et les dogmes, elle rassemblera l'humanité dans une union complétée avec les réalités absolues. " (P. 296). " Il y a des myriades de mondes, mais tous sont issus d'une pensée unique. La loi de cette pensée est ordre sans erreur possible. Ses créatures sont libres de s'y conformer ou non. Elles peuvent créer le désordre qui implique la douleur, le malheur, la haine et la peur. Elles peuvent produire ces choses. " (P. 336). Une réédition de cet ouvrage est plus que souhaitable. Sa moindre contribution serait d'endiguer ces puissants torrents de matérialisme qui envahissent avec force les esprits si perméables d'une jeunesse déçue et désabusée et de lui offrir sur un plateau d'or. Toutes les garanties nécessaires d'une vie utile, féconde et palpitante. " La fin des temps " par Paco rabanne Digne d'éloge, cette œuvre est centrée sur la fin du monde, perspectives effrayantes promises pour les dernières années de ce siècle, calamités, troubles, fléaux et guerres. Auteur inspiré, Paco Rabanne expose dans ce livre lucide une expérience personnelle (rêves d'enfance, prodiges observés, faits extraordinaires) ainsi que la quintessence de la littérature cyclologique traitant de l'approche de la fin des temps. Tout débouche sur un évènement fatal : le drame infernal qui attend notre monde au terme de son existence. D'une rare ardeur, le vocabulaire de notre auteur donne la chair de poule au lecteur. Jugeons-en : " vision bouleversante- scènes effroyables- horreurs de la guerre- Rurlements de terreur et d'affolement- scènes d'appontage- images atroces- massacre et désolation- période de troubles et de bouleversements- Grande peur- terribles épreuves- Graves convulsions- scènes grandioses et tragiques de laf fin des temps- a feu et à sang- tourbillon infernal- guerres sanglantes- combats fratricides- chaos- cataclysme planétaire- catastrophe nucléaire- destructeur- raz de marée- séis mes- pluies de pierre et de feu- gaz mortels- flammes- ténèbres- période de noirceur absolue- lamentations des mourants ". L'ouvrage est bien écrit, intelligible, aéré, accrocheur, c'est-à-dire qu'il a toutes les qualités qu'on aimerait recenser dans un bouquin. Ceci dit, je ne peux me retenir de faire des reproches amers à Paco Rabanne. En effet, il a repris à son compte ( et une à une) toutes les thèses favorites de Roger Garaudy, thèses que ce philosophe a étalées et étayées de façon magistrale dans son livre interrogateur et percutant " Appel aux vivants ", et que voici : " l'hégémonisme de l'occident- l'effondrement des valeurs morales- le rogne du matérialisme- la surproduction des biens d'équipement- la surexploitation des ressources naturelles- la surpopulation du globe- le dévoiement de la science ". en particulier, le deuxième chapitre a l'allure d'un plagiat en bonne et due forme. Maître dans l'art de la dissimulation, Paco Rabanne a noyé habilement ses emprunts dans un flot verbal de son cru. La lettre, certes, n'y est pas ; l'esprit, lui, y est. Cela suffit à le condamner. Il faut être hautement avisé pour se rendre compte de ce vol d'idées. De nos jours, la probité est une denrée peu courante dans le marché intellectuel, et l'on se pille sans vergogne. Infiniment minoritaires, sont les écrivains qui ont la franchise de dévoiler leur source d'inspiration, cet aspect négatif mis à part, Paco Rabanne est à créditer d'un bon point pour ce travail très spirituel, suscitateur de questionnements et de débats. " Traduction du coran " par Andre Chouraqui Traduction d'inspiration sioniste très offensante pour l'Islam et les musulmans en ce qu'elle prête à Dieu des attributs sexistes : " Au non d'Allah, le Matriçant, le Matriciel ". Entre la traduction scientifique et la traduction idéologique, André Chouraqui a opté pour la seconde afin que la bible hébraïque prenne une belle revanche intellectuelle sur le Coran, ce livre accusateur, démystificateur, démythificateur, qui a dévoilé ses mensonges et ses erreurs. Le maintien en l'état des noms propres, y compris entre la bible et le Coran. Pour prendre un petit exemple, le lecteur occidental ne doit pas croire que le " Youssouf " du Coran n'est autres que le " Joseph " de la bible, d'où cette propension à garder coûte que coûte dans la traduction la graphie arabe des noms de personnes transcrits en français. La perfidie du traducteur ne connaît pas de mesure, en tête de son œuvre, il place un court avertissement dans lequel il fait avaliser par un tour dont il a été secret. Ses criminelles atteintes au texte sacré par des érudits musulmans dont il cite la nationalité et tait soigneusement le nom. On est juif ou on ne l'est pas ! " Ma vie saisie par le quatrième évangile " de J. Pernes D'une grande richesse littéraire et spirituelle, ce livre donne la nette impression d'être le produit fini d'une méditation très poussée sur le texte de l'évangile. Biologiste de renom, le professeur Jean Pernes a voulu certainement prouver dans ce travail savant et séduisant que la science et la foi pouvaient faire bon ménage et servir utilement l'humanité entière, et ce contrairement aux idées reçues. Appâtés par son verbe truculent. Nous ne pouvons qu'admirer l'effort interprétations, ses analyses éclairantes, ses sages réflexions sur tel ou tel verset, en particulier. Passionné à fond par l'écriture sainte, il sacrifia les dernières années de sa vie à l'examen de l'évangile pour montrer du doigt qu'il s'agit là effectivement du message de l'éternité, transmis par un homme, surhomme (Jésus) qui fit de l'altruisme son axe de vie, sacrifiant généreusement ses biens les plus chers, et qui prédit avec force précisions sa propre fin aux Apôtres. Homme de foi, certes, l'auteur s'est senti investi d'une mission sur/ naturelle, quasiment sacrée. Il écrit (P04) : " J'ai été guidé par une puissance divine personnelle qui continue de me porter ". ce sentiment reçoit sa pleine confirmation dans toutes les pages du livre. Ses convictions, il les défend crânement et vigoureusement en s'appuyant, le cas échéant, sur des autorités théologiques. Au fil de la lecture, il m'a été donné de relever quelques expressions exquises, comme " Appreneurs exceptionnels " (P.48), " Beauté transcendante " (61), " vison fulgurante " (64), " foi inattaquable " (74), " miracle exhibitionniste " (75), " nos temps réalistes " (88), " mort physique " (89), " lecture ouverte et intelligente " (123), " sommet spirituel et littéraire " (127). Personnellement, je vois dans cette œuvre une invitation au piétisme et au mysticisme, à l'adresse de nos contemporains éberlués par les succès tout éphémères d'un matérialisme abject et anti naturel. Que la voix de notre auteur soit entendue ! Comme démontré par tous ces textes, la critique épluche, décortique, dissèque, analyse et ventile l'œuvre dans sa totalité et nous en restitue réellement " la substantifique moelle ". Bien construite, elle a non seulement littéraire et, par ricochet, son auteur, mais par-dessus tout elle a le don de ramener les choses à l'essentiel et de fixer le lecteur sur la qualité la valeur et la portée du livre jugé. De notre point de vue, la vraie critique est celle qui dresse un portrait aussi fidèle que possible de l'œuvre examinée et qui se signale par son objectivité et sa neutralité.