Le 2 novembre 1917, Lord Balfour, ministre britannique des Affaires étrangères, annonce que son gouvernement soutient l'établissement d'un « foyer national juif » en Palestine. Par cette déclaration de 67 mots, publiée dans le Times, la Grande-Bretagne pose la première pierre de la construction d'Israël. Mais c'est également le début de la question palestinienne. La Déclaration Balfour intervient en pleine Première guerre mondiale et illustre les ambigüités de la diplomatie du Royaume-Uni. Grâce à elle, Londres souhaite obtenir le soutien de la population juive dans l'effort de guerre. Ces derniers sont non-seulement nombreux sur son territoire, mais aussi aux Etats-Unis, fraichement engagés dans le conflit, et chez l'allié russe, en pleine révolution. Dans un contexte où l'antisémitisme prévaut en Europe, le sionisme est une idée très implantée parmi les élites juives occidentales, notamment en Grande-Bretagne avec Chaïm Weizmann et Lionel Walter Rothschild. Cependant, la déclaration Balfour va à l'encontre de deux promesses déjà formulées par la Grande-Bretagne en 1916. La première, faite au chérif Hussein de La Mecque, est la création d'un Etat arabe au Proche-Orient en échange de son aide contre l'Empire Ottoman qui occupe ce territoire. La seconde est contenue dans les accords Sykes-Picot, scellés en secret par Londres et Paris, qui prévoient le partage de la région entre la France et le Royaume-Uni à l'issue de la guerre. La victoire de la Triple-Entente en 1918 provoque le démantèlement de l'Empire Ottoman deux ans plus tard. La Palestine passe alors sous mandat britannique, aux termes des accords Sykes-Picot. Les autorités coloniales y encouragent alors l'immigration massive de juifs qu'ils soutiennent matériellement, se basant ainsi sur la déclaration Balfour. La promesse faite aux leaders arabes n'est, en grande partie, pas respectée. Surtout, personne ne demande leur avis aux populations arabes de Palestine qui protestent à l'occasion de plusieurs révoltes, notamment entre 1936 et 1939. Le mandat britannique prend fin en 1948, à la veille de la création de l'Etat israélien. Le 15 mai 1948 : la Nakba Janvier 1947, le Congrès sioniste exige un Etat juif sur toute la Palestine ou à la rigueur deux Etats dans des frontières « adéquates ». Février 1947 La Conférence de Londres reprend ses travaux. Le plan britannique exposé par Bevin - conforme au Livre blanc rédigé à l'issue du Congrès de 1939 et aux conclusions de la Commission anglo-américaine de 1946 - prévoit un Etat palestinien bi-national avec 5 ans de tutelle britannique. Ce plan est rejeté et par les Juifs et par les Arabes. La Conférence demande le recours de l'ONU. Avril 1947 L'ONU, en réponse à la demande britannique d'une conférence, nomme une Commission d'enquête internationale, l'UNSCOP qui est composée des représentants de 11 pays (à l'exclusion des 5 grandes puissances). Ces pays sont les suivants : - Iran, Inde, Yougoslavie qui souhaitent un Etat fédéral indépendant avec un Etat arabe et un Etat juif ; - Canada, Pays-Bas, Pérou, Suède, Tchécoslovaquie, Uruguay et Guatemala (ces deux derniers pays déjà connus pour leur appui proclamé au sionisme) se prononcent pour un partage avec union économique. Pendant le séjour de cette Commission en Palestine, on assiste à une multiplication des opérations d'immigration illégale des Juifs et à des attentats terroristes sionistes dirigés contre les troupes anglaises qui continuent à payer à un lourd tribut. À signaler notamment l'enlèvement et la pendaison de deux sergents anglais dont les cadavres piégés explosent lorsqu'ils sont découverts en faisant de nouvelles victimes parmi les soldats britanniques Le rapport final de l'UNSCOP recommande notamment : - la fin du Mandat britannique et une période transitoire avant l'indépendance sous le contrôle de l'ONU ; - la préservation des Lieux saints ; - la résolution pacifique des différends entre les deux parties ; - l'unité économique de la Palestine; - la reconnaissance des droits des citoyens étrangers à la Palestine. Les délégués minoritaires (Inde, Iran, Yougoslavie) recommandent un Etat fédéral bi-national, tandis que les autres veulent deux Etats et l'internationalisation de Jérusalem. La Grande-Bretagne surprise du vote de l'UNSCOP - refuse implicitement le partage ; - et décide d'abandonner son Mandat dans un délai de 6 mois si aucun accord n'est conclu entre Juifs et Arabes. À noter que l'ONU accorda aux sionistes 50 % de plus que le plan Peel de 1937 soit 60 % du territoire alors qu'ils n'avaient jusqu'alors que 7 % de la propriété foncière ; de plus ce territoire comporte 80 % des terres céréalières de la Palestine et 40 % de son industrie La résolution 181 est acquise suivant le vote suivant : - 33 voix pour la création (dont celles des E.U., de l'URSS et de la France) ; - 13 voix contre ; - 10 abstentions (dont celle de la Grande-Bretagne qui, se déchargeant de toute responsabilité quant aux conséquences dramatiques qu'elle prévoit, fixe au 15 mai 1948 son retrait civil et militaire de Palestine).