La situation s'enflamme, à Al Hoceima dans le Rif marocain. L'appel à la grève générale lancé par le leader rifain, Nasser Zafzafi, sur fond de revendications sociales des habitants de cette région, située au nord du Maroc, inquiète les autorités marocaines d'où les importants renforts de l'armée et des forces de sécurité dépêchés sur les lieux. La question du Rif marocain divise la classe politique marocaine. Au lendemain d'une réunion des six partis politiques formant le gouvernement marocain, à l'issue de laquelle les dirigeants de ces partis ont accusé les contestataires rifains de "nuire à l'intégrité territoriale du royaume", une immense colère s'est propagée sur les réseaux sociaux et des appels à mobilisation ont été lancés. Les réactions fustigeant cette sortie gouvernementale se sont multipliées : D'un ton colérique, Nasser Zafzafi, le chef de file de la mouvance contestataire Rifaine a appelé la population à se mobiliser pour « observer une grève générale partout dans le Rif ce jeudi 18 mai, et organiser un rassemblement historique le même jour à Al-Hoceima » a-t-il lancé sur les réseaux sociaux. Au delà du Rif, plusieurs personnalités émanant de différents horizons et sensibilités politiques ont sévèrement critiqué cette nouvelle approche, qui selon eux, n'arrangerait rien. Après avoir appelé à ouvrir un dialogue constructif avec la population, ils ont mis en garde contre les faits inverses que pourrait engendrer ce genre de démarches, qui selon eux, "stigmatiseraient une partie de la population marocaine". Il convient de noter que la rencontre, dont le principal mot d'ordre était le Hirak Rifain (la mobilisation Rifaine), a eu lieu dimanche 14 mai au domicile du chef du gouvernement. Elle a réuni les dirigeants des six partis politiques de la majorité gouvernementale (PJD, le RNI, le MP, l'USFP, l'UC et le PPS) et présidée par le ministre de l'intérieur. A 39 ans, la figure médiatique du Hirak, Nasser Zefzafi, se voit en « simple Rifain d'origine modeste, qui souffre de la politique d'abandon de l'Etat ». Le leader du mouvement de contestation, né après la mort du vendeur de poisson broyé par une benne à ordures, à Al-Hoceima, en octobre 2016, alterne dans une interview accordée au journal français LeMonde, développements historiques et petites phrases assassines. « Si le roi prétend être le commandeur des croyants, il ne peut pas asservir son peuple, le deuxième calife [Omar Ibn Al-Khattab] était un homme simple », lance-t-il ainsi, avant de s'en prendre aux « responsables envoyés de Rabat » qu'il trouve « soit incompétents soit racistes » et au « pouvoir qui nous prend pour des ânes ». Autant de saillies qui enchantent ses camarades.