Certes, « Gloria » n'est ni l'héroïne de ces feuilletons mexicains ou turcs qui tiennent en haleine nos femmes et autres sœurs et filles, ni le titre d'un tube de « Rap » qui se fredonne encore par nos ados en guise de nouvelles conquêtes, mais juste, une boite métallique de lait concentré, avec une étiquette blanche et rouge mentionnant son fameux nom… Gloria. La boite magique qui servait à alimenter à volonté une famille de douze personnes. Juste pour 2 dinars. L'Algérien des années 70, se payait du bon lait qui se « coupait » avec de l'eau, et qui lui assurait une journée de lait à prendre avec le café et à en tremper le couscous rituel du soir. Au temps de « Gloria », il faisait mieux qu'aujourd'hui, c'était presque un temps béni où l'Algérien s'estimait heureux de son statut social, il ne se suicidait pas, il s'acharnait à exister, même en noir et blanc, il ne se plaignait pas de la cherté des prix, il vivait en se payant presque tout, juste avec de « petits sous », il lui arrivait même, de temps à autre à mettre de l'argent de coté pour les pénibles jours, il rêvait à beaucoup de choses, il était heureux de n'être pas le seul a en être privé, il s'offrait une vie presque normale, il n'enviait personne, ni ces châteaux des milles et une nuits qui ont poussé comme des champignons, ni ces grosses cylindrées rutilantes qui paraissent en publicité le matin et finissent par circuler en ville, le soir. A l'époque de « Gloria », les montagnes n'accouchaient pas de souris, elles n'avaient pas le temps de tomber enceintes… ! Le marché des légumes et des fruits, n'était pas aux commandes des mains de ces barons qui sucent les salaires des fonctionnaires et font pleurer les ménagères en régulant les prix selon leur guise, et en créant les pénuries selon leur humeur… La pomme de terre ne s'est jamais vendue à 50 dinars, la sardine ne se cédait pas à 400 dinars, l'oignon ne figurait pas sur la liste des produits à acheter, il se donnait presque gratuitement, la viande n'a jamais pu dépasser les 200 dinars, les fruits étaient à la portée de tous, surtout, l'orange qui s'offrait en sacs.. .! En ces glorieux temps de « Gloria », les jeunes ne mouraient pas en mer en tentant de traverser la méditerranée sur des radeaux de fortune, les scandales n'existaient pas et n'alimentaient pas les colonnes d'El Moudjahid, l'unique journal qui soufflait le chaud et le froid et faisait la pluie et le beau temps sur la scène médiatique, les banques publiques se ne dévalisaient pas l'une après l'autre, les pots de vins ne se versaient pas en milliards, les hauts cadres ne s'exposaient pas, ils se faisaient plus discrets. En ces années là, la vie avait un goût et valait sa peine d'être vécue, et l'espoir était permis à tous, tout le monde pouvait concourir pour un meilleur sort, les portes étaient grandes ouvertes, et les chances multiples, mais, à présent, « Gloria » en a fini par faire son temps, et tant d'algériens s'en remémorent, avec de chaudes larmes, ce lait nourricier qui les a tant bénis, ils se retrouvent « nus » en face d'autres exigences aussi vitales que ce produit de première nécessité…. !