Miliana est une commune algérienne de la wilaya d'Aïn Defla, chef-lieu éponyme de daïra de Miliana, elle est située au sud du Dahra, sur les contreforts du mont Zaccar, dominant la vallée du Chelif. La commune de Miliana est située au nord de la wilaya d'Aïn Defla. La ville se situe à 113 km au sud-ouest d'Alger, à 50 km à l'ouest de Médéa et à 92 km à l'est de Chlef. La ville est bâtie à 740 mètres d'altitude sur une plate-forme rocheuse aux contours abrupts en saillie sur le penchant méridional du mont Zaccar qui la couvre entièrement au nord. Elle domine, à l'est et au sud la vallée du Chélif et à l'ouest un grand plateau qui s'étend jusqu'à la chaîne de l'Ouarsenis. Les anciens historiens comme Pline l'Ancien et Ptolémée ont eu des divergences quant à l'origine, du toponyme de cette localité. Plusieurs appellations ont été citées telles que Zucchabar ou Sugabar et Manliana ou Malliana. Le toponyme Zucchabar ou Sugabar a été mentionné dans les monuments épigraphiques indiquant l'emplacement princeps de la cité. Ce nom serait d'importation phénicienne ou libyco-berbère signifiant « marché du blé ». Le nom de Manliana ou Malliana est cité dans l'antiquité pour une agglomération située à l'emplacement actuel de la ville ou dans ses environs et Saint Augustin évoque un évêque de cette cité. Ce nom d'origine latine est attribué à une fille de famille patricienne romaine (Manlia) propriétaire de grands domaines dans cette région agricole de la vallée du Chélif. Mais selon d'autres auteurs, ce nom est berbère. Pline a, quant à lui, qualifié cette cité de Colonia Augusta. À la conquête arabe Manliana fut arabisée pour devenir Mel-Ana, qui signifie "emplie de richesses", puis Milyana. Miliana fut longtemps une capitale-refuge des rois Numides. En 105 av. J.-C. Jugurtha aurait été capturé non loin de la région. Une garnison romaine est fondée à Zucchabar par l'empereur Octave entre 27 et 25 av. J.-C.. La ville est citée lors de l'insurrection du chef berbère Firmus, en 375 ; le général romain Théodose a évacué Césarée (Cherchell) pour occuper Sugabar. Elle a été l'une des grandes cités de la province de Maurétanie Césarienne et siège d'un évêché. Au Ve siècle, avec le déferlement des Vandales, la ville romaine s'effaça avec la plupart de ses monuments antiques. Entre 972 et 980, le prince ziride Bologhine ibn Ziri fondateur d'Alger et de Médéa, construit une médina sur les ruines de la ville romaine. Durant cette période, la ville renait et connait une grande prospérité. Elle est citée par plusieurs géographes musulmans. Au Xe siècle, Ibn Hawqal est le premier à citer la ville dans ses écrits. Il la qualifie de « Cité antique, pourvue de moulins que fait tourner son cours d'eau et possédant un grand nombre de canaux d'irrigation. ». Au XIe siècle, Al Bakri écrit que Miliana fait partie, avec Alger et Médéa, des villes construites par Bologhine. Au XIVe siècle Ibn Khaldoun décrit la ville : « C'est une cité faisant partie du domaine Maghrawa Beni Warsifen dans la plaine de Chélif... Et que Boluggine a tracé le plan d'El Djezaïr, de Melyana et de Lemdiya. ». Au cours de cette période, Miliana était un foyer de culture. Elle abrite un grand nombre d'érudits dans différentes disciplines et notamment des hommes de sciences, tels que : Ahmed Ben Otmane El Meliani, poète et écrivain du XIIIe siècle et Ali Ben Omrane Ben Moussa El Miliani, théologien ou Ali Ben Meki El Miliani, théologien et juriste du XIVe siècle. À l'instar des autres villes du Maghreb, Miliana a connu plusieurs conquêtes ainsi que des troubles politiques. En 1081, Youssef Ibn Tachfin, chef des Almoravides occupe Alger, Médéa et Miliana. Par la suite, la ville est intégrée à l'empire Almohade en 1149. En 1184, les Beni Ghania s'emparent de la ville à l'instar d'autres villes du Maghreb central. L'année suivante (1185), les Almohades contre-attaquent, les Beni Ghania se replient alors en Ifriqiya. En 1238, les Hafsides de Tunis soutiennent leurs alliés les Beni Tudjin en possession de la ville et en 1261, ils assiègent la cité. En 1268, le souverain Zianide Yaghmoracen Ibn Zyan tente d'occuper la région de Miliana. La ville ne sera occupée par les rois de Tlemcen qu'en 1308 ; les Abdelwadides imposant leur autorité sur Miliana et sur presque toutes les villes du Maghreb central. Lors de la décadence du royaume Zianide, un prince de cette dynastie s'empare de Miliana, Médéa et Ténès en 1438, mais il est assassiné par son fils, El Mostancer qui devient roi de Ténès. En 1517 Arudj Barberousse s'empare de la ville et de la vallée du Chélif. Miliana devient caïdat turc. Cependant la région connait de nombreux soulèvements contre l'autorité ottomane durant cette période, notamment la révolte de Bouterik, cheikh des tribus Soumata en 1544. Après la prise d'Alger en 1830, les Français se heurtent à la résistance de la population qui fait allégeance à l'Emir Abdelkader qui installe à Miliana un califat en 1835. Le traité de paix de Desmichels garantit à l'Emir Abdelkader de prendre possession de Miliana à partir de 1835 où il fut accueilli chaleureusement par la population et les notables de la ville. En raison de la position géostratégique de la région, Miliana devint un califat gouverné par le calife Mahieddine Seghir (1835-1837) puis par le calife Ben Allel (1837-1840) qui disposait de 10 440 combattants. L'Emir y édifia plusieurs ouvrages dont le siège de son califat et une manufacture d'armes. La ville est occupée en 1840 par les troupes du maréchal Valée, mais la garnison est assiégée à plusieurs reprises par Ben Allel et les tribus locales. Des renforts furent alors dépêchés d'Alger par le maréchal Bugeaud pour approvisionner les assiégés. Ben Allel meurt en 1843 et les troupes françaises incendient la cité en 1844 pour déloger les partisans de l'émir. L'empereur Napoléon III vient en visite à Miliana en 1865. En 1901, les tribus Righa d'Aïn Torki, sous la direction de Cheikh Yakoub, se révoltent. Durant cette époque, la ville sera marginalisée au profit de Khemis Miliana de création coloniale. En 1957 pendant la guerre d'Algérie eut lieu à Oued Guergour au sud de Miliana une bataille opposant les moudjahidines à l'armée française.