Repère La ville de Miliana doit sa célébrité à son saint patron, son wali, Sidi Ahmed Benyoucef. Miliana, à 130 kilomètres à l'ouest d'Alger, est une petite ville charmante. A 740 mètres d'altitude, elle semble suspendue aux flancs du Zaccar Al-Gharbi ; mais si la montagne la domine, elle domine, elle, à l'est et au sud, la vallée du Chéliff, à l'ouest, un grand plateau, prolongement de la montagne, avec des vergers où poussent à profusion des fruits savoureux. Le nom de Miliana nous vient de l'Antiquité. L'itinéraire d'Antonin, sorte de répertoire antique des villes et cités antiques, cite à l'emplacement actuel de la ville ou dans ses environs, une agglomération du nom de Malliana et saint Augustin évoque un évêque de cette cité, Victorien de Malliana. Une stèle découverte en 1849 à Khemis-Miliana, I'ancienne Affreville, à 8 kilomètre de Miliana, porte le nom de Manliae, fille d'un certain Lucius, propriétaire d'un grand domaine de la région. On a rapproché tous ces noms de celui de Miliana, auquel on a donné une origine latine. Mais certains auteurs ne partageant pas cette hypothèse pensent plutôt à un nom berbère : une cité fortifiée du Touat (qasr) porte ce nom ainsi qu'une fraction de la tribu berbère des Bani Handel. Des auteurs rattachent Miliana à une cité plus grande, Zucchabar, signalée par une pierre retrouvée lors de travaux de terrassement sur la rive droite du Chéliff. Des auteurs latins citent Zucchabar ? on a aussi Sugabar ? et on sait que lors de la révolte de Firmus, en 375, Théodose a quitté Césarée (Cherchell) pour se réfugier dans cette ville et mieux combattre l?insurrection du prince berbère. Les premiers auteurs musulmans ne citent pas Miliana. Le premier à le faire est le géographe Ibn Hawqel qui, à la fin du Xe siècle de l'ère chrétienne, évoque ses nombreux canaux d'irrigation ainsi que ses moulins à eau. Al-Bekri, au XIe siècle, indique que Miliana était une agglomération «romaine» et qu'elle était recouverte de riches vergers et de canaux qui faisaient marcher des centaines de moulins à eau. Al-Bekri écrit que Miliana fait partie, avec Alger et Médéa, des villes que le prince ziride Buluggin rénova. Les Almoravides s'emparent de Miliana en 1184, puis la ville tombe au mains des Mérinides. Au début du XVIe siècle, le Turc Baba Aroudj s'en empare, en même temps que des plaines de La Mitidja et de la vallée du Chéliff. La ville connaît de nombreux soulèvements contre l?autorité ottomane et ce, pratiquement jusqu'à l'arrivée des Français qui se heurtent aussi à la résistance de la population, qui prête allégeance à l'Emir Abdelkader. Les Français finissent par l'occuper, en 1840. Miliana possède quelques gloires locales qui sont peu connues hors de la région : poètes, juristes et historiens du Moyen-Age. Il en va autrement de Sidi Ahmed Benyoucef, son saintpatron, ou pour reprendre la dénomination courante, son wali. Ce saint n'est pas originaire de Miliana, mais il y est enterré, et cela suffit à la ville de rattacher son nom à l'un des saints le plus populaire du Maghreb, voire du monde musulman. C'est son histoire, mêlée de légendes, que nous allons raconter dans les prochains articles. (à suivre...)