Créée en 2006, la Direction des grandes entreprises (DGE) au sein de la Direction générale des impôts (DGI) tente de mettre de l'ordre dans la comptabilité des grandes entreprises. En trois ans, les seize vérificateurs de la DGE ont déjà rendu visite à plusieurs grands groupes privés nationaux et étrangers dont ils ont redressé la comptabilité. D'autres entreprises viennent d'être inscrites sur la liste des vérifications en 2010. « Il ne s'agit pas de décisions politiques. Nous ne faisons que notre travail. Nous avons un programme qui prévoit de vérifier la comptabilité de la quasi-totalité des grands groupes. Nous le faisons en dehors de tout objectif politique », explique une source de la DGI. « Dans les années 1990 et jusqu'au début des années 2000, tout le monde avait profité de la quasi-absence de l'Etat de la scène économique. Tous les efforts étaient orientés vers la lutte contre le terrorisme. Il était aussi difficile pour les inspecteurs des impôts de travailler dans de bonnes conditions à cause de l'insécurité », ajoute notre source. Dans leur travail, les inspecteurs des impôts ont été souvent surpris par l'ampleur des dérapages dans la tenue de la comptabilité de plusieurs entreprises, notamment chez les constructeurs automobiles. Dernier exemple en date : Peugeot Algérie. Le constructeur français a fourni au fisc des comptes présentant des écarts anormaux de chiffre d'affaires, parfois à la hausse et parfois à la baisse. Des documents comptables importants n'étaient pas correctement tenus par Peugeot Algérie. Des variations importantes qui ont conduit la DGE à rejeter la totalité de la comptabilité de Peugeot Algérie pour les quatre derniers exercices. Les mêmes anomalies comptables ont été constatées chez Diamal, en 2009. Le numéro un du secteur, filiale du français CFAO, a présenté des bilans comptables présentant des écarts importants. Autre exemple d'anomalies découvertes par les inspecteurs de la DGE : la facturation des importations. Les importations de Mitsubishi Algérie proviennent du Japon mais elles sont facturées depuis l'Arabie Saoudite via la société Falcon, maison mère de la filiale algérienne. Du coup, l'importateur de Mitsubishi réalise une importante marge sur ses ventes en Algérie. La quasi-totalité des opérations de contrôle effectuée par la DGE depuis 2006 a donné lieu à d'importants redressements. Selon la loi algérienne, les entreprises concernées ont plusieurs possibilités pour contester les redressements fiscaux. « Tout se fait dans un cadre purement technique », soutient notre source.