Voila qu'une importante page de l'histoire de la politique algérienne va être tournée suite à la démission du président Bouteflika, après 20 ans à la tête du pays. Acté par le Conseil constitutionnel, cette démission n'a fait que renforcer la détermination du peuple algérien qui veut exercer réellement l'énoncé de l'article 7 de la Constitution. La période de transition qui s'ouvre cette semaine, à la faveur de la réunion «de plein droit» du Parlement pour entériner le constat de la vacance du poste de président de la République et la désignation d'un chef de l'Etat pour assurer l'intérim jusqu'à la tenue d'une élection présidentielle, paraît problématique. Selon la Constitution algérienne, le président du Conseil de la nation est chargé avec le gouvernement de gérer les affaires courantes du pays et d'organiser les élections sous trois mois. Mais le problème, c'est que l'actuel président, Abdelkader Bensalah, est une personnalité contestée, symbole de ce régime dont la rue n'en veut plus. Vendredi - premier jour de manifestations hebdomadaires depuis la démission du président -, les Algériens ont toutefois à nouveau défilé en masse pour exiger que soient exclus de la transition les hommes-clés de l'appareil d'Etat sous Abdelaziz Bouteflika, parmi lesquels Abdelkader Bensalah, mais aussi le président du Conseil constitutionnel Tayeb Belaiz et le Premier ministre Noureddine Bedoui. Selon les protestataires, il faut former un Conseil constitutionnel indépendant ou une Assemblée constituante qui conduira la période transitoire et qui organisera les élections. Et mettre en place un groupe de personnalités issues de la société civile pour gérer la transition. Même le quotidien gouvernemental El Moudjahid a fait une sortie inédite en proposant dans un éditorial paru ce dimanche d'écarter Abdelkader Bensalah ! Alors que le mouvement de contestation réclame la mise sur pied d'institutions de transition à même d'engager des réformes et d'organiser des élections libres, El Moudjahid prône des élections rapides, dans le cadre institutionnel actuel ! Puisque l'option d'une transition gérée par des figures du pouvoir est catégoriquement rejetée par la contestation populaire. Qui donc pourrait assurer cette transition ?