Suite à un effondrement partiel, qui s'est produit dernièrement dans un immeuble de l'ex-rue Montgolfier, dans le vieux quartier d'El Maqqari (ex-St. Eugène, une vingtaine de familles ont pris peur et abandonné leurs appartements. Des tentes de fortunes, faites de bric et de broc ont été dressées sur la chaussée où grouillent une multitude d'enfants qui se sont trouvés contraints de vivre dans la rue. Evidemment, la route est fermée à la circulation, ce qui complique les choses étant donné que la rue en question, était devenue une voie d'évitement, donc fortement sollicitée, car située en parallèle de l'avenue Hammou Mokhtar, actuellement fermée en raison des travaux du futur tramway. Des habitants affirment avoir saisi les autorités concernées à plusieurs reprises, que des constats ont été effectués démontrant que l'immeuble présentait des risques réels pour les familles, mais sans aucune suite. Un habitant s'est refusé à admettre que le blocage de la rue était une action visant à mettre les responsables devant le fait accompli. « Si nous sommes dans la rue, c'est parce qu'on a peur pour nos enfants, c'est tout. Venez, je vous invite à constater par vous-mêmes, et dites-nous si vous êtes capables, vous, de laisser vos enfants dormir sous ces plafonds et ces murs qui risquent de s'écrouler d'un moment à l'autre. » Un autre habitant se dit « désolé » de voir les automobilistes dans la « gêne » mais « eux, ils n'ont que quelques minutes d'embarras à supporter. Nous, c'est notre vie que nous risquons si nous restons à l'intérieur de ces ruines… » Une femme intervient pour « déplorer, dit-elle, que des centaines de familles, étrangères à la ville ont bénéficié de logements neufs, parce qu'elles ont eu la malice de construire des bidonvilles visibles des routes empruntées par les responsables. Nous, nous aurions pu faire la même chose, mais nous n'avons pas osé, car tenons à notre réputation… » Il est à signaler que les autorités avaient lancé, depuis longtemps déjà, une vaste opération de relogement des occupants des immeubles menaçant ruine. Beaucoup de familles ont donc bénéficié d'appartements dans les nouvelles cités construites dans la périphérie oranaise, notamment à l'est de la ville, comme les haï Es-Sabah, Ennour, El Yasmine, etc. qui regroupent des milliers de relogés. Mais cela ne semble pas avoir réglé le problème des mals logés. Certains croient savoir qu'un grand nombre de logements sociaux, attribués aux familles nécessiteuses ont été rétrocédés ou sous-loués. Ce qui voudrait dire que les attributaires n'étaient nullement dans le besoin. « Celui qui est réellement dans le besoin, déclare un agent de la wilaya, c'est bien celui qui a été contraint de vendre ses biens, les bijoux de sa femme, etc. pour payer le pas de porte. » Une opération de contrôle avait été initiée dernièrement pour vérifier si tous les appartements sont effectivement occupés par leurs attributaires. Une opération qui ne semble guère apporter grand-chose, étant donné que les occupants se présentent comme étant les attributaires légaux, allant jusqu'à exhiber, au besoin, les documents de l'attributaire légal avec lequel ils sont de connivence. Le même agent de la wilaya a déclaré ne pas comprendre « comment des gens sensés puissent donner, comme ça, entre 120 et 180 millions de centimes contre…rien. Contre une simple reconnaissance de dettes notariée, signée par le « propriétaire du logement qui restera, aux yeux de la loi le seul et unique attributaire de l'appartement, qu'il pourrait acquérir en toute légalité en cas de sa mise en vente par l'OPGI. » Une transaction qui relève de la fiction, mais que tout le monde pratique sans aucun état d'âme. Souvent, le « vendeur » disparait pour ne plus donner signe de vie dès qu'il a empoché l'argent. « L'acheteur » continue de payer le loyer, les redevances de Sonelgaz, de Seor et autres charges, au nom du premier attributaire. Un véritable sac de nœuds vraiment difficile à dénouer. Cette situation a été également évoquée par les sinistrés de haï El Maqarri qui estiment que « si les logements allaient uniquement aux familles nécessiteuses, la crise de logement n'existerait pas. Du moins, pas avec cette intensité.