Ce qui se passe aujourd'hui au Sahel, nous rappelle, un passé que nous n'avons pas encore oublié. C'était en 1978, Nous pouvons relater ces faits aujourd'hui, car le lecteur algérien à droit de le savoir. C'était dans le temps du Président français Valéry Giscard d'Estaing, et de son ministre des Affaires étrangères, Louis de Guiringaud, Le sujet n'était outre qu'une affaire de huit français qui étaient détenus et que le Front du Polisario a libérés, le 23 décembre 1978. Alors malgré d'intolérables pressions, les prisonniers libérés, ont tout raconté. Cependant, avec quel empressement la presse française à sensation, tout cynisme déployé, se serait-elle emparée des huit cercueils et de la douleur des familles rassemblées à l'aéroport de Paris Orly. A cette époque on imagine aisément les larmes de crocodile que diplomates et bien-pensants n'auraient pas manqué de verser. Et on devine sans peine les accents douloureux qui auraient été employés pour soulever les cœurs crédules contre les « barbares loqueteux » d'un désert sans nom… »Une politique des otages »-- pour reprendre la formule du chef de l'Etat Français—aurait trouvé son expression sublimée dans les titres à la « une » et les grandes orgues de l'indignation coutumiers de telles besognes. Seulement, après plusieurs mois de détention dans les zones libérés du Sahara occidentale, les huit Français sont rentrés bien vivants à Paris pour passer, auprès des leurs, les fêtes de fin d'année. Vivants, en bonne santé et accusateurs. Avant de s'embarquer pour la France et quelques jours après leur retour, ils ont en effet témoigné. On comprend alors que, à défaut de les réduire au silence en faisant attaquer la colonne de l'Armée populaire de libération sahraoui (AP.L.S) qui les convoyait vers les zones libérées le jour de leur capture, le gouvernement français ait demandé à la presse de jeter à la corbeille leurs déclarations accusatrices. On comprend aussi qu'ils aient été séquestrés à l'aéroport d'Orly et qu'un mur de verre ait été dressé entre eux et les journalistes, témoins de l'opinion, venus les accueillir. On comprend enfin les diverses tentatives ayant pour objet l'utilisation de façon tandacieuse de certaines de leurs déclarations, pour alimenter la campagne antialgérienne qui prend en France des proportions de plus en plus inquiétantes à cette époque. Des propos que les huit Français ont tenus à la veille de leur libération et à Paris lors de leur conférence de presse du 27 décembre, on retiendra tout particulièrement les éléments suivants. Oui, les forces d'occupation ont tenté d'anéantir la colonne du Front Polisario chargée de les convoyer vers les zones libérées après leur capture. Daniel Ballaude, instituteur à Zouerate fait sa déclaration ; « Nous avons été accrochés le lundi 2 mai 1977 de 8 heures à 18 heures. Des avions se relayaient pour guider les tirs d'artillerie des troupes marocaines et mauritanienne . Ils ont bombardé à la roquette. Si nous en sommes sortis indemnes, c'est parce que les soldats de l'Armée populaire sahraouie ont tout fait, au péril de leur vie, pour assurer notre sécurité ». Le même jour, c'est-à-dire le 2 mai 1977, Rabat et Nouakchott n'avaient-ils pas affirmé en chœur qu'ordre avait été donné à leurs troupes de ne pas intervenir pour « ne pas mettre en danger » la vie des prisonniers ? Un mensonge de plus. Oui, les coopérants, civils et militaires ont participé et participent à la guerre contre le peuple sahraoui. « J'étais là, dit Raymond Bacle, pour l'entretien des voies du train minéralier depuis 1973. Mais la nature du travail a changé au fur et à mesure. Dans les cinq stations de réparation situées le long des voies en Zouerate et Nouadhibou, on effectuait des travaux de soudure sur les supports de mitrailleuses lourdes de 12,7 mn qui sont fixés aux wagons. On réparait aussi les camions militaires. Nous ne voulions pas travailler pour l'armée, mais on ne nous laissait guère le choix. Je m'étais plaint de cette situation à mon chef et je comptais rentrer définitivement en France » Un autre prisonnier confirmera qu'il avait participé à l'érection du mur de défense construit autour de la ville minière. Un troisième avouera qu'il avait participé aux travaux de blindage des engins qui étaient utilisés dans les combats, lequel est donc le « moins informé » des huit Français, présents sur le terrain, ou de Louis de Guiringaud, qui a continué obstinément à nier le « caractère militaire » des tâches qu'accomplissent les ressortissants français dans le Sahel ? Assurément, toute vérité n'est pas bonne à dire. Le gouvernement français est désormais condamné à s'accrocher à des prétextes futiles pour justifier –mais si mal—une intervention militaire lourde de conséquences. La vérité est qu'en plusieurs reprises, en effet, les « jaguar » français ont largué leurs bombes sur les colonnes combattantes sahraouies. D'abord niés, ensuite minimisés, les bombardements français ont fini par être confirmés officiellement par l'Elysée, il ne pouvait les cacher longtemps après le témoignage de neuf rescapés mauritaniens parmi les prisonniers faits, le 18 décembre, par les combattants sahraouis à Tmeimichat : la France est entrée en guerre aux côtés des occupants : des « Jaguar » et des « Mirage ont bombardé au phosphore et au napalm une colonne du Front Polisario qui convoyait les prisonniers mauritaniens. Bilan : soixante-quatorze morts parmi ces derniers. Les neuf rescapés porteront leur vie durant dans leur chair les traces horribles des brûlure. Aujourd'hui, il est certain que la France sera poussée par les lobbys sionistes à s'enfoncer de plus en plus dans le Sahel. Les officiers français, qui ont déjà en main l'état-major mauritanien et nigérien, seront de plus en plus tentés de disposer de leurs propres troupes pour accomplir les missions qu'on leur demande de Tel-Aviv. La prochaine étape de l'enlisement de la France pourrait bien consister dans l'envoi de quelques bataillons d'élite pour soi-balades » du pseudo AQMI. En toute logique, cela ne saurait tarder.