La caravane sahraouie de la solidarité et l'amitié est arrivée hier en milieu de matinée à Jijel pour un séjour de deux jours. Une immense tente a été dressée, à l'occasion, sur l'esplanade faisant face à la plage Kotama où une quarantaine de personnes, dont plusieurs femmes s'y sont installées pour organiser une exposition à l'effet de faire connaître la culture et le combat du peuple sahraoui. Mme Mériem Salek Hamada, ministre de l'Enseignement et de l'Education sahraouie, a animé une conférence de presse à l'hôtel Kotama, disant qu'en dépit du blocage du processus devant aboutir à un référendum d'autodétermination et des nombreuses voix qui s'élèvent au sein du peuple sahraoui pour la reprise de la lutte armée, ils demeuraient profondément attachés à la paix. Néanmoins, ajoutera-elle, l'obstination du régime colonial marocain pourrait les pousser à reprendre les armes, bien que ce ne soit pas la seule solution. Louant le soutien indéfectible de l'Algérie, qui a ouvert ses bras pour accueillir en hôtes les réfugiés, considérés par les forces d'occupation comme des prisonniers du Polisario, la ministre regrettera le rôle néfaste jouée par la France vis-à-vis de la cause sahraouie. Elle dira à ce propos : « La France, qui constitue le principal soutien au régime marocain, nous a combattus par tous les moyens : militaires, politiques, diplomatiques ». Elle rappellera la participation de Jaguars français dans des opérations de bombardement sur le territoire sahraoui. La France, affirmera-t-elle, qui traîne un énorme complexe après sa cuisante défaite en Algérie, est le principal obstacle du peuple sahraoui au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. La ministre reviendra sur l'épisode James Baker, ancien émissaire des Nations unies, ayant démissionné de son poste à cause des parties influentes qui font tout pour que le conflit du Sahara Occidental perdure. A propos des pourparlers sous la coupe de l'ONU, celle-ci affirmera que leur reprise est conditionnée par la mise à l'écart de l'émissaire Van Walsum, qui a clairement affiché sa partialité. Elle rappellera, par ailleurs, que son pays, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est reconnu par 81 pays dans le monde, précisant qu'aucun Etat au monde ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur les territoires sahraouis, y compris les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite. Questionnée sur les positions des pays arabes et de la Ligue arabe, la ministre nous répondra qu'on ne peut rien attendre d'une ligue qui, durant 60 ans, n'a pas pu régler le problème palestinien, ajoutant qu'elle ne croit pas que cela soit bénéfique de poser le problème devant cette même ligue. Pour les pays arabes, elle catégorisera les monarchies d'un côté et les républiques de l'autre. La plupart des pays arabes, dira-t-elle, ne veulent même pas nous écouter.