Dans les années quarante et cinquante, parmi les anciens métiers de cette époque figurait « El Guerrab », un vendeur d'eau ambulant qui rafraîchissait les gosiers secs en été, surtout les jours de marché à bestiaux où la clientèle était abondante notamment rurale qui emplissait le quartier populaire d'El Graba. Et Salem El Guerrab, un sudiste et homme de grande taille parcourait les artères avec en bandoulière une outre en peau de chèvre pleine d'eau dont les poils mouillés permettaient au liquide de garder toute sa fraîcheur et parfumé d'une odeur de Guétrane pour la saveur. Aussi, ce dernier annonçait son passage avec le tintement d'une clochette en cuivre et sur sa poitrine pendaient des tasses également en métal jaune pour servir à boire. El guerrab était très sollicité et respecté par la population auprès de laquelle il acquit une certaine notoriété par cette politesse des gens du sud. Ainsi, il étanchait la soif des personnes qui, en retour, lui remettaient une pièce de monnaie et il lui arrivait de donner à boire gracieusement à des hommes d'un certain âge, particulièrement ceux assis sur les bancs publics de la Tahtaha par les chaudes journées d'été. Salem El Guerrab était un symbole parmi tant d'autres de cet ancien faubourg de Sidi Bel-Abbès, mais il a disparu du décor durant les années de la guerre de libération nationale devant les exactions des militaires français, pour retourner à ces lieux d'origine. Et les Abassis encore vivants parlent du passé d'El Guerrab en le citant comme un chapitre de l'histoire de cette partie de la ville de Sidi Bel -Abbès où il donnait un certain cachet particulier dans son passage avec le son de sa clochette, et le sourire toujours aux lèvres. A Sidi Bel -Abbès, un grand nombre de petits métiers ont disparu particulièrement à El Graba (historique et inoubliable, à plus d'un titre) où il faisait bon y vivre avec d'autres mentalités et comportements. Hélas, le quotidien a cédé la place à l'irrespect pour autrui, l'absence de civisme, etc…. A chaque époque sa mentalité, c'est la réalité, à juste raison.