Nostalgie n Il constitue l'un des sites les plus fréquentés de la ville. L'attrait pour cet endroit, dont les bâtisses ne paient pas de mine, s'explique, comme le confirment de vieux habitués, par une certaine convivialité savamment entretenue par les commerçants et autres marchands en tout genre. On y trouve de tout, des denrées alimentaires les plus variées aux effets vestimentaires en passant par les objets hétéroclites. Hadj Zouaoui, un vieux commerçant jovial, explique qu'El-Graba a, de tout temps, attiré les Bel-Abbessiens en raison de la diversité des activités qui y sont pratiquées, précisant que certaines rues et ruelles se sont, au fil du temps, spécialisées dans divers créneaux. Il cite en effet la rue des Tisserands (Trig Sebagha), la rue des Transporteurs (Trig Rekkaba), la rue des Bijoutiers (Trig Siyagha) et celle des Tailleurs. Mêmes les prix pratiqués par les commerçants, fait remarquer Hadj Zouaoui, sont, le plus souvent, minorés par rapport aux autres espaces commerciaux et marchés de la ville de Sidi Bel Abbes. Par le passé, El-Graba se caractérisait par ses cafés maures qui étaient de véritables cafés-concerts où se produisaient de grands cheikhs et poètes du melhoun tels que Madani, Abdelmoula et Nedjadi, qui s'inspiraient du diwan légué par la tribu des Beni Ameur. L'autre spécificité du vieux quartier El-Graba réside dans la Tahtaha, une esplanade qui a été, durant la glorieuse lutte de Libération nationale, le théâtre de hauts faits d'armes accomplis par les vaillants groupes de fidayine. Véritable lieu de rencontre, la Tahtaha voyait défiler, autrefois, troubadours, meddahs, conteurs et autres gouals inspirés par la richesse et la diversité du patrimoine culturel populaire. Outre les conteurs tels que Cheikh Daho, Kabasso, Moul El-Ouaâdda, la Tahtaha recevait également des charmeurs de serpents, des magiciens, des arracheurs de dents et une pléiade de phytothérapeutes aux remèdes «miraculeux». Au quartier El-Graba, les journées sont moins anonymes qu'ailleurs, fait remarquer le vieux hadj, avant de conclure :«On y rencontre toujours quelqu'un, on y trouve souvent quelque chose à acheter».