A Aîn-Tédlès et Kheir-Eddine, le baromètre du marché affiche des températures un peu élevées. Dans les cafés, devant les boulangeries, devant les épiceries, dans les rues, le mercure se dilate et personne ne cache son mécontentement quant au manque flagrant des produits de première nécessité Devenues sujet de tous les matins qui ont suivi la révolte des jeunes, les "perturbations de l'approvisionnement", selon les uns ou, "la pénurie", selon d'autres, provoquent de longues files devant les épiceries mettant à bout la patience des habitants de ces villes, à l'image de ceux de tout le pays. Ahmed, enseignant à Kheir Eddine dira avec un ton clair "A six heures du matin, il ne restait aucun sachet de lait dans tout Kheir Eddine. La pénurie de farine persiste aussi !". Il était neuf heures du matin devant un épicier à Aïn-Tédlès, un vieil homme, s'éclata, il était à bout de nerfs : "On ne veut que nous faire rendormir ! Le lait et le pain, les seuls aliments qui font grandir nos enfants nous sont interdits, les uns parlent de perturbations d'approvisionnement et les autres parlent de pénurie. On ne sait plus qui croire ?". Un tour dans Aïn-Tédlès nous dira qu'une peur s'était saisie des livreurs qui ne se risquent pas trop dans ses quartiers. En effet, en dépit des assurances faites par le ministère du Commerce, nombre de localités ont du mal à se voir livrer les quantités nécessaires de denrées alimentaires. A propos de la farine, le porte-parole de l'UGCAA que nous avons pris le soin de contacter, a fait état de "dysfonctionnement de distribution de la farine sur l'ensemble des commerces du pays, notamment celles de l'ouest et du sud, mais aussi d'un manque d'approvisionnement de minoteries par l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC)". "Beaucoup de boulangers nous ont appelés pour signaler la sous-livraison en farine ce qui pénalise en premier le consommateur". Cela arrive au moment où le gouvernement annonce 10% de plus dans l'approvisionnement des minoteries en blé tendre, mais, dira notre interlocuteur, "reste insuffisant". L'autre problème soulevé par les boulangers c'est le fait que les quantités dont bénéficient les minoteries ne sont pas entièrement exploitées pour la production de la farine. "La farine est cédée à 2000 dinars le quintal aux minoteries, et l'ivraie, utilisée comme aliment de bétail, à plus de 2400 DA pour le même poids, ce qui fait que ces dernières se penchent plus à la production de l'ivraie". Quant au lait, il dira que la pénurie est due à un manque de production, une carence d'organisation et un déficit d'approvisionnement. Il cite à titre d'exemple le fait que les meilleures unités de transformation ne tournent qu'à 60%. Le porte parole de l'UGCAA notera, en outre, le manque d'harmonie entre les différents producteurs et distributeurs, ainsi "des régions se voient sur approvisionnées et d'autres souffrent terriblement du manque de prise en charge". Sur la qualité du lait livré qui devrait contenir de 25% à 30% du volume de poudre, il dira que certains transformateurs, "se contentent de 15%, voire moins".