En ce vendredi du 18 octobre, le « hirak » de Sétif a drainé, comme d'habitude, de nombreux citoyens, de tout âge, en général, issus de classes sociales modestes. Ils étaient approximativement entre 5 et 6 000 personnes. En arrivant sur les lieux du rassemblement, le siège de la wilaya, un habitué des lieux découvre tout de suite une foule anormalement excitée ainsi que des policiers en tenue semblant plus nombreux et plus alertes que d'habitude. Des slogans visent curieusement le corps de la sureté nationale alors qu'elle en a été épargnée localement depuis déjà de nombreux mois, plus exactement depuis fin juin. Comment se fait-il que les mêmes manifestants qui ont, le vendredi précédent (le 34ème), encensé la police locale pour son comportement exemplaire – par le slogan « chorta, hirak (ou chaab) khawa khawa » viennent une semaine plus tard, à la fustiger de qualificatifs peu amènes ? La même hostilité verbale envers les hommes en bleu s'est encore déclarée lorsque les marcheurs du « hirak » sont arrivés devant le siège du commissariat central situé au bd de l'ALN. La colère à l'égard de la police a fusé de la foule des manifestants qui s'est arrêtée devant l'entrée du siège de la sûreté de wilaya. En l'espace de près de 5 minutes la tension était à son comble. Mais les marcheurs, comme calmés, ont repris leur chemin habituel sans le moindre incident. La colère a été contenue et la magie du mot « selmiya », crié par les plus sages d'entre eux, a encore une fois fait éviter le dérapage. Un peu plus loin, aux abords du siège de la wilaya, quelques mystérieux nervis anti-hirak ont apostrophé les marcheurs des premiers rangs de la procession. Poursuivis par des manifestants, ils se sont enfuis vers le parc de loisir grouillant d'un monde déconnecté du hirak. Mais que sait-il donc passé pour que le hirak sétifien de ce vendredi soit remonté aussi spectaculairement contre la police locale réputée pour sa courtoisie et son professionnalisme dans son contact avec la population et le mouvement des foules ? Je l'ai su en fin de la marche auprès d'un manifestant questionné à ce sujet : l'arrestation (que je ne peux vérifier) de 4 jeunes hirakistes venus précocement au siège de la wilaya, avant la formation de la foule. H. ZITOUNI