La Nouvelle République : Comment êtes-vous passé d'un monde exacte prévisible à un monde aléatoire et indéterminé ? M. Abaoui Karim : Etant monochronique, ce dernier ne m'a et ne me fera jamais peur. Etant spécialiste en mathématiques appliquées, j'ai utilisé mes modèles théoriques et connaissances assez étendues pour les appliquer sur cet échantillon que j'ai trouvé intéressant. J'ai appliqué quelques principes fondamentaux qui gèrent notre monde et comme vous le voyez avec l'aide de Dieu, je m'en suis bien sorti. Ce passage fait partie de mon éducation et de mes principes, car l'intérêt du pays passe avant tout, alors je me suis sacrifié et j'ai refusé toute offre pour la simple raison, celle qui consiste à rester toujours présent pour mon pays. D'ailleurs, durant la période noire, j'ai eu l'opportunité de vivre à l'étranger mais j'ai radicalement refusé. Dans ce monde aléatoire et indéterminé (le monde de la politique), il faut savoir écouter les préoccupations, parler peu et utiliser les NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la communication) pour bien gérer car les chemins se construisent en marchant dans les chantiers complexes de la connaissance. Il m'a fallu une période latente d'observation pour construire un modèle local de gestion passant par la récolte d'information à la solution approchée finale. Un bilan de vos travaux ? A travers nos sorties dans les 60 communes qui ont été faites en deux étapes, nous avons pu établir une base de données servant de base au dit modèle et nous avons dégagé les préoccupations majeures de la population. On a énuméré ces préoccupations en cinq points et dans l'ordre : l'emploi, le logement, l'eau, le gaz et les routes. Ces préoccupations sont en parfaite synchronisation et concordance avec le programme de son excellence le Président de la République. Nos sessions sont d'ailleurs programmées en faisant allusion à ces préoccupations majeures. Nous avons travaillé pour rattraper le retard vécu par la wilaya. Nous avons organisé 14 sessions ordinaires et 4 extraordinaires et de là, l'émergence de 312 recommandations qui ont constitué la plate-forme des différents programmes de directions. Et c'est ainsi que s'est fait la lecture des dossiers. Dans un univers en profondes mutations (tenant, pour beaucoup, d'une complexité grandissante et de la fin de certaines logiques dominantes), le développement de capacités d'adaptation innovantes est de plus en plus indispensable, tant au niveau de chaque individu qu'aux différents niveaux de gestion des organisations collectives. Hier, l'évolution s'est surtout faite en utilisant « au mieux » les moyens de gestion disponibles, c'est-à-dire en procédant d'une habile optimisation des performances (principalement techniques et financières), à fin de réaliser les scénarios d'un développement surtout « matériel et quantitatif » du monde. Il faut sortir d'une pensée analogique, imagée faisant usage de métaphores et autres paraboles réductrice, centrée sur la recherche de l'efficience et aller vers la vision numérique faite de démonstrations rigoureuses et d'explications détaillées qui correspond en faite à une vision microscopique et pourquoi pas nanoscopique, cette vision utilise, de nouvelles pratiques non seulement l'élaboration de nouveaux savoirs de tout ordre, mais aussi d'autres méthodes de pensée et d'action plus constructivistes pour diminuer certains effets pervers dus à une utilisation trop exclusive des approches positivistes d'optimisation de la productivité. Dans les phases de conception et de gestion, nous devons mieux prendre en compte les multiplicités de sens construites par l'ensemble des acteurs et mieux faire face au développement de la complexité d'un monde de plus en plus incertain. Il s'ensuit la nécessité, non seulement de nouvelles intelligences à la fois scientifiques, techniques et civiques, mais aussi d'une capacité épistémologique collective suffisante pour apprendre à dégager des repères utiles à l'évaluation de savoirs applicables et actionnables dans la société de demain. Qu'est ce que vous entendez par modèle et modélisation ? La modélisation consiste à créer une représentation simplifiée d'un problème : le modèle. Grâce au modèle il est possible de représenter simplement un problème, un concept et le simuler. La modélisation comporte deux composantes : L'analyse, c'est-à-dire l'étude du problème ; la conception, soit la mise au point d'une solution au problème. Le modèle constitue ainsi une représentation possible du système pour un point de vue donné. La modélisation, ce n'est donc rien d'autre que la pensée organisée en vue d'une finalité pratique. Modèle est synonyme de théorie, mais avec une connotation pratique : un modèle c'est une théorie orientée vers l'action qu'elle doit servir. Dans la vie courante, nous modélisons tous et tout le temps : à chacun des êtres qui nous entourent, qu'il s'agisse d'objets matériels, de personnes ou d'institutions, nous associons une image mentale qui nous permet d'anticiper son comportement. Nous faisons des simulations pour évaluer les conséquences de nos décisions et choisir parmi les décisions possibles, en tenant compte des incertitudes. Lorsque nos modèles nous semblent faux ou trop grossiers, nous les modifions. Ces modèles nous aide à faire des prévisions, par exemple nous avons donné l'évolution de l'effectif des étudiants de l'université de Sétif et nous avons, remarqué que, cet effectif doublera chaque cinq an ce qui nous a permis de se préparer pour un flux de 260 000 étudiants d'ici 2020/2021. Ceci n'est qu'un modèle très très simple. Les problèmes des citoyens sont la matière grise pour l'élaboration fiable. Prendre des décisions, ce n'est pas toujours facile. C'est pourtant ce que nous devons faire, régulièrement dans divers volets. Pour prendre une décision éclairée, il faut avoir un portrait juste de la situation, et c'est là qu'on a recours aux logiciels d'Aide à la prise de décision. On puise dans ce volet l'information nécessaire pour poser les meilleurs gestes possibles. Tous les acteurs, des partenaires gouvernementaux jusqu'aux citoyens, y ont accès. D'ailleurs le modèle ainsi construit joue un grand rôle pour l'aide à la prise de décision. Notre assemblée a le mérite d'avoir étudié et d'avoir remis sur la surface quelques dossiers très importants, entérinés il y a longtemps. Parmi ces dossiers, celui des grands transfert tant attendu par la population sétifienne. Pour le dossier du logement, nous avons étudié ce dossier en session durant le mois de juin 2004 et nous sommes sortis avec plusieurs recommandations et suggestions pour les différentes formules existantes et nous avons proposé d'autres qui peuvent résoudre complètement ce problème. C'est ainsi que nous avons remarqué que le logement social tel qu'il est proposé actuellement génère beaucoup de problèmes pour l'Etat et le moment est venu d'actualiser cette formule et de la rendre plus optimale. Avec quelques principes d'optimisations et de contrôle optimal notre pays résolvera complètement ce problème. Il suffit de changer les conditions initiales, car les solutions en dépendent, je veux dire par conditions initiales, les apports initiaux qu'il faut adapter, car je ne vois pas de différence entre un logement social cédé et le LSP. On sait théoriquement que les solutions de problèmes dépendent de leurs conditions initiales. Alors, adaptons nos conditions initiales pour le problème du logement social à la réalité vécu par les plus démunis, et nous verrons que la solution idéale existe, Notre pays sortira brillamment de cette crise qui n'a que trop duré. Il faut saluer les efforts de l'initiateur de cette formule, le président de la République, l'enclencheur du développement. J'insiste toujours sur le fait important d'être à jour avec le progrès et ne, pas rester enfermer sur des problèmes banales dont les solutions sont triviales. Il faut orienter nos recherches localement, il y a beaucoup à faire et notre pays a tous les moyens pour sortir de cette crise. Profitons ainsi de l'expérience des autres et avançons vers l'essentiel et n'essayons pas de s'isoler car le monde avance à l'aide d'un cumul de connaissance partagé par tous. En résumé, nous pouvons retenir que, pour un individu monochronique, le temps est un bien comme un autre. Il éprouve le besoin de le découper en petites unités, d'affecter une tâche à chaque unité et de planifier l'ensemble. Les relations avec les autres sont développées dans une vue à court terme, elles sont secondaires par rapport à son travail. Un individu polychronique, quant à lui, n'éprouve pas le besoin de se donner des objectifs quotidiens, mais il a plutôt une vision globale de son activité. Il a une attitude très flexible à l'égard de son temps, ce qui explique qu'il est souvent en retard aux rendez-vous ou alors qu'il les annule au dernier moment. Il est capable de faire plusieurs choses à la fois. Il privilégie le développement durable de relations avec les autres, et sa famille passe toujours avant le travail, Chacun sait que le climat de confiance est déterminant dans la vie d'une équipe. A travers un contact initial j'ai pu situer les raisons qui le développe et qui le tue. Cela m'a aidé à assurer une stabilité que je considère primordiale dans une assemblée, elle est d'ailleurs, la base essentielle de toute démarche objective visant à répondre aux préoccupations majeures de la population. A-t-on peur de la mondialisation ? La mondialisation ne signifie pas seulement crises, dangers ou menaces. Elle peut aussi offrir des opportunités, et c'est à la société locale de s'en saisir. À l'intérieur du système économique dominant, les acteurs de base peuvent bénéficier de marges de manœuvre pour développer leurs propres stratégies. Il faut donc profiter de l'expérience des autres et ne pas tenter de s'isoler d'un monde en parfaite ébullition et en grand bouleversement. Tout repose alors sur la capacité d'initiative des acteurs locaux et des stratégies qu'ils mettront en œuvre. En analysant la situation, en exploitant au mieux les ressources. 16-09-2006 H. Mustapha La Nouvelle République