Le cimetière confond, à travers les âges l'enterrement et le rituel. Sidi El Khier, Sidi Saïd, Sidi Zouaoui, Sidi Haïder, hommes de croyance et de religion vénérés s'occupaient, d'après les témoignages, de l'enseignement du coran et des zaouïas entretenues par leurs disciples. En même temps, glorifiés et adorés par les populations indigènes de l'époque coloniale ou même avant, car peu au fait des enseignements des textes divins, ces derniers s'en remettaient à leurs saints à qui, par tradition, ils adressaient leurs prières. Cette tradition allait se perpétuer même après leur disparition. Leur mort constitua un évènement sacré, puisque leurs tombes, abritées par une construction, permet aux fidèles de multiplier les visites autour du tombeau tout en formulant des voeux personnels. Non loin, on enterrait les morts « afin de les rapprocher du saint protecteur », dit la légende. A Sétif, le plus vieux cimetière, qui date d'avant l'invasion des français, est celui de Sidi Saïd, non loin du centre-ville. Un mur le sépare du cimetière juif abandonné au pillage et à la destruction depuis l'indépendance, mais actuellement entretenu par les services de l'APC. D'après un gardien d'un âge avancé, de mémoire le cimetière n'enregistre aucune visite. Cependant, le cimetière chrétien situé plutôt près du centre-ville, paraît plus animé. S'étendant sur une superficie ce 5 ha et avec près de 3000 tombeaux, le cimetière connaît, selon le gardien, depuis l'année 1997, beaucoup de visiteurs qui viennent de l'étranger se recueillir sur les tombes de leurs proches. Enfants et petits-enfants, nous dira-t-il, affichent leur satisfaction et leur curiosité une fois à l'intérieur de la nécropole où sont tracés des caveaux de familles entières allant de 20 à 50 personnes, des personnalités de la ville de Sétif, maires ou notables y sont enterrés. D'après le président de l'APC, même si ces cimetières ne profitent pas de budgets spécifiques, les travaux de restauration et d'entretien sont programmés à l'instar des autres activités de la commune de Sétif. Pour le gardien du cimetière chrétien, au fait des coins et recoins des lieux, se sont plutôt les statuts et stèles qui ne résistent pas aux effets de la dégradation causée par les intempéries, alors que par le passé ce sont les mains des pillards qui ont été à l'origine de leur destruction. A 10 km de Sétif, Sidi El Khier s'étend sur plus d'une centaine d'hectares. C'est le cimetière où est enterré le « père protecteur » de Sétif pour certains, une référence et une attache spirituelle vouée à la terre des ancêtres. Sur place un artisan s'occupe de la confection de dalles en marbre ou en béton, selon la demande. Les services de l'APC ont prévu des accès aux tombes et des aires de stationnement et de prière goudronnées. Aussi, malgré l'étendue du cimetière un mur de clôture, tout en esthétique a été prévu pour entourer toute la surface. D'après les responsables de la commune dont relève la gestion du cimetière de Sidi El Khier, les seuls travaux d'entretien de routine qui méritent d'être notés sont ceux du gardiennage et du désherbage. Mais si l'on saisit la portée spirituelle des visites du mausolée, en dehors des tombes familiales, on est porté à croire à la projection des croyances dans un passé très lointain, celui de la communion avec les morts. Ceci est incarné par l'arrivée d'émigrés ou de nationaux établis à plusieurs kilomètres de Sétif qui tentent de maintenir la tradition et de braver la distance. Certains veillent de nos jours au rituel de la « Zerda », un festin solennel en guise d'offrande au saint protecteur Sidi El Khier. Le Sétifois N° 01 janvier - février 2007 (Pages : 34-35) pour Setif.Info