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Commémoration du 08 Mai 1945 : Science et conscience
Publié dans Sétif Info le 08 - 05 - 2009

e 03 de ce mois. La salle des fêtes. Rénovée et égayée au bonheur de tous. Cet endroit qui fut, un certain temps, le réceptacle de diverses activités, dont étaient privés les autochtones, ne fut en fait qu'une salle pour les fêtes des colons. Ils y jubilaient. Valsaient. Le décor est un peu tiré de ces années-là. L'assistance, progressivement nombreuse, comptait beaucoup plus d'officiels, de jeunes étudiants et curieux que de témoins ou porteurs de faits. Il y avait néanmoins des figures connues pour leur militantisme silencieux et loin des feux de la rampe. L'affiche dressée à cette occasion, en fond de scène, ressemblait à un papier à entête administratif. Il ne manquait que le numéro d'enregistrement de courrier. Le logo d'un huit élancé aurait à propos suffit d'identifier l'événement. Bref.
La ville a voulu ouvrir les festivités par un colloque qui mériterait quand bien même d'être internationalisé. Se contentant d'intervention locale, la salle, captivée par l'orateur, semblait s'entendre se dire, par conviction, que le 08 Mai 1945 reste une date historique dans l'éveil des consciences. Le sursaut national n'était en finalité que salutaire. Le 08 Mai est aussi une évocation, une science et une autre première conscience. La narration de l'évolution historique des nations a été de tout temps empreinte de hauts faits et de mémorables moments. L'histoire de l'Algérie combattante demeure dans toute sa dimension, une leçon de bravoure, une démonstration de l'effort et un accord dans les énergies patriotiques variées.
La science devait être pour nous source de pardon quand la divergence de la vie rend impossible la vie. La perception des préceptes religieux n'est pas une exclusivité propre à une caste ou un parking de savoir théologique, réservé uniquement aux détenteurs d'une quelconque autorisation de stationner. La diffusion de la science est d'abord un devoir d'Etat, il est général, la religion étant un devoir divin. Il est intime et personnel. Le droit, quant à l'acquisition de l'outil scientifique et instructif, s'allie étroitement à la qualité citoyenne. En tout cas, cette journée devrait être un arrêt de bilan qui n'aurait pour résultat que de créditer davantage la lutte, sans merci, contre l'analphabétisme élémentaire, les pratiques obscurantistes et les déviations sociales. En plus de ces fléaux, d'autres maux plus complexes viennent imprudents et parfois grossiers, tels que la menace de l'union, le chantage à la démocratie et l'altération des mœurs, agrandir la blessure du corps national.
Les jeunes qui s'y trouvaient, filles et garçons venant droitement de l'Institut des sciences de la communication, apparaissaient se chuchoter que Notre combat ira à l'endroit des formulations médiatiques, en vue d'y apporter un rôle socio-éducatif national en s'inscrivant dans ce sens, en dehors de tout penchant politicien de quel bord que ce soit.
Ils devraient se dire que Notre combat ira tout aussi vers les minbar des mosquées où, seule la parole de la vérité absolue devra prévaloir à toute autre considération de soutien à un régime ou à un autre. La science est justement dans la sentence de ces « ahli el ilm ». C'est à eux, entre autres acteurs, qu'incombe la mission de réussir là où la loi humaine, incapable, enregistre l'échec de la résurgence sociale. Mais, l'imam n'est pas un appendice du gouvernement, encore loin d'un parti. Il devrait savamment ne point se limiter à l'explication du statut personnel ou à la vulgarisation des causes d'annulation des ablutions. Authentique, juste et véridique, il sera comme un chandelier dont la lumière n'évitera aucun coin ni recoin de l'espace à illuminer. Du présent ou de l'au-delà.
L'union de la nation, sous peine d'explosion, doit savoir comment négliger le goût volcanique, impropre et impur, qui remue l'esprit des prétendants au « trône » de la République. La scission d'abord dans la culture, ensuite dans la pensée et dans le projet de société, est à éviter, par l'acceptation de la différence dans la vision, et la divergence dans l'idée. La concertation qui est une convention morale entre la science et le bon sens de l'homme, demeure l'unique moyen de conserver encore la cohésion du pays. Le savoir est un comportement de tous les jours, une tolérance et une raison pour toujours. L'instruction conforte ses assises. Ainsi, dans cette ville martyre débute un programme, encore un autre, pour marquer cette date. Le wali, dans son allocution, n'a pu savoir escamoter les affres de l'émotion qui stigmatisait, non son discours, mais son aveu tacitement affecté face aux crimes monstrueux perpétrés un certain 08 Mai 1945, dans la région de la ville qu'il dirige.
Le 08 Mai, comme toutes les dates phares de l'histoire algérienne, doit servir, outre la commémoration, d'escales de recharge du sentiment national. Novembre 54 n'était-il pas déjà dans l'embryon de Mai 45 ? Inversement de chiffres. Signes de la providence.


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