Me Jacques Vergès, qui a foulé le sol de la ville de Sétif pour la deuxième fois, après une première visite en 1960, lorsqu'il est venu défendre un moudjahid sétifien, a été, avant-hier, hôte de la capitale des Hauts-Plateaux. Sur invitation des dynamiques anciens élèves des lycées Mohamed-Kérouani et Malika-Gaïd, l'avocat anticolonialiste a animé une conférence sur “La passion de défendre” à l'auditorium Mouloud-Kacem-Naït-Belkacem du nouveau pôle El-Bez de l'université Ferhat-Abbès. Devant un panel de responsables et d'anciens élèves des lycées précités, l'ami de l'Algérie et avocat des causes justes a exposé plusieurs points relatifs à son métier d'avocat. À quatre-vingt-quinze ans, Me Vergès, qui garde toujours son élégance, sa présence d'esprit et toute sa mémoire, a, durant plus de deux heures, parlé de ses “conquêtes d'avocat”, de son parcours dans la défense des droits des opprimés et des colonialisés, et de son expérience, qui n'est pas toujours appréciée par les pays du Nord. L'avocat, qui a une autre passion pour l'écriture, puisqu'il est l'auteur de plus de vingt-cinq ouvrages, a répondu avec une grande diplomatie aux questions de l'assistance sur les évènements du 8 Mai 1945, sur la loi qui positive le colonialisme et sur les dernières déclarations de Bernard Kouchner. Me Vergès, militant du FLN ayant défendu plusieurs figures emblématiques de la guerre, a répondu qu'il est du droit des Algériens d'engager des procédures afin de faire valoir leurs droits tout en indiquant que plusieurs crimes contre l'humanité ont été perpétrés dans les quatre coins du monde. L'avocat, qui a comme devise “le courage, l'indépendance et le savoir”, a déclaré que, lors du procès de Claus Barbie, au nom des Algériens, il a déposé plainte pour crime contre l'humanité. Le juge a vite rejeté ma demande sous prétexte que tous ces crimes ont été amnistiés. Cependant, Vergès a répondu aux gens qui veulent glorifier le colonialisme en disant que Sétif, qui était une ville sale durant les années du colonialisme est devenue une ville propre et a même marqué sa stupéfaction quant à la qualité des réalisations, notamment au niveau de l'université qu'il a visitée.