Aujourd'hui dans le monde, la consommation de tabac est la première cause de décès évitables. Avec 4,9 millions de morts par an, aucun autre produit n'est plus dangereux, ni ne tue autant que le tabac (selon un rapport de l'Organisation mondiale de la santé). Si cette tendance continue, ce chiffre atteindra 10 millions par an jusqu' à 2030, avec 70 %de ces morts dans les pays en développement. Les industries se tournent vers les pays en développement pour compenser leurs pertes de marché au Nord, au moment où la demande recule dans les pays développés. La stratégie de l'industrie, cible l'Afrique comme son plus fort potentiel de développement, surtout la population jeune. Les importations frauduleuses de cigarettes se développent de plus en plus dans les pays africains, avec une contrebande bien structurée sur l'Afrique. Le parrainage et la publicité directe et indirecte se développent sous toutes leurs formes, avec une prolifération de messages publicitaires ciblant les populations africaines jeunes. Le marché national du tabac, estimé à près de 1,2 milliard, voire à 1,7 milliard de paquets par an, outre 500 millions de boîtes de tabac à priser mâcher, est approvisionné à hauteur de 70% par la SNTA qui produit quelque 800 millions de paquets de cigarettes dont 65% sont des cigarettes blondes. Le reste venant de la contrebande, notamment de produits contrefaits, aux prix bas et de qualité douteuse, la spéculation se renforçant et le contrôle s'avérant insuffisant, en particulier au niveau des circuits de distribution. La SNTA n'importe plus de cigarettes depuis la libéralisation du marché des produits tabagiques et la démonopolisation relative du secteur. En effet, le décret exécutif n°04-331 du 18 octobre 2004, portant réglementation des activités de fabrication, importation et distribution des produits tabagiques, a ouvert la voie au lancement de partenariats algéro-étrangers et l'ouverture de ce marché au privé. Ainsi, l'importation de cigarettes étrangères, de marque Marlboro, Gauloises ou L&M, 17 millions de paquets depuis mai 2005, est assurée par la société de tabacs algéro-émiratie (STAEM), dont le capital (20 millions de dollars) est détenu majoritairement par le consortium émirati Arab Investors, la SNTA en possédant 49% des parts. La STAEM, qui est en voie d'installation d'une unité de fabrication sous licence des cigarettes de marques détenues par Philip Morris, envisageant une production de 200 millions de paquets de cigarettes toutes marques confondues. En outre, la société britannique British American Tobacco (BAT) a marqué récemment son intérêt pour la commercialisation en Algérie de deux des marques de cigarettes, outre la présence d'une société mixte algéro-grecque (Atlas Tobacco) intéressée par le développement de la culture de tabac. Cela dans le contexte de la privatisation attendue de la SNTA, deuxième grand pourvoyeur de fiscalité et qui a affiché en 2005 un chiffre d'affaires de 60,2 milliards de dinars (l'équivalent de 800 millions de dollars), et en hors taxes de 21,5 milliards de dinars (250 millions de dollars). Mais également une industrie nationale du tabac vouée relativement au déclin, du fait de la contrefaçon et d'une ouverture du marché de la production, commercialisation et importation, aux résultats mitigés. Ceci, en dépit du fait que les Algériens soient de grands fumeurs, la consommation ayant triplé en 20 ans et une demande en hausse continue, en particulier des cigarettes blondes, et que ce secteur apporte une haute valeur ajoutée, une production annuelle du tabac insuffisante, évaluée à 3000 tonnes. La consommation de tabac a triplé au cours de ces dernières décennies, passant de 7,7% en 1978 à 29% en 2005. Le taux de prévalence du tabagisme est de 43,8 % chez les hommes et 6,5 % chez la femme. 50 % des fumeurs sont âgés de moins de 27 ans.