Après l'article fort intéressant et très instructif sur l'école El Feth de notre ami Lyazid Dib, je me suis mis à fouiller, à remonter dans le temps, l'enfance se confondant naturellement avec les études scolaires, quelques souvenirs de l'école laïque, étant moi-même un ancien élève de celle-ci. Grâce aux témoignages de certains enseignants et ex élèves, j'ai pu avoir quelques informations de premier plan. Bien entendu quelques zones d'ombre persistent, les anciens, tous les anciens sont invités à compléter ces « souvenirs », voire à apporter les leurs. La période qui nous intéresse est celle comprise entre 1950 et 1970, celle de toute une génération. Notre objectif est de revivre cette période à la fois heureuse (l'enfance), très douloureuse (colonisation,) et joyeuse (libération). Faisons un petit tour sur les écoles existantes en cette époque. Commençons par le lycée Albertini qui, contrairement à certaines croyances et idées reçues, abritait une aile réservée au primaire. La seconde école appelée « La Doctrine », plus tard « Saint Vincent De Paul », a été instituée en 1860 (1873 ?), il s'agit d'une école chrétienne tenue par des sœurs qui n'accueillait que des filles (actuelle école Bouchareb Roumila ?!) L'école maternelle du coté de la sous-préfecture, actuelle Zerrouki, L'autre école maternelle de la Gare (actuelle Cheikh Adel des mal entendants) L'école de la « route de sillegue », appelée « le conservatoire » (actuellement Benyahia) L'école Pégain (1940), appelée communément « Scola H'Djar », actuelle Khebaba Abderahmene. L'école Med Khemisti (1954) L'école du « Marché » ou rue d'Aumale, (Appelée communément « Scola du marché ») ou « Ecole des indigènes » : l'inscription existe à ce jour (Voir photo prise le 04 mars 2013), elle était en fait une école technique qui formait des artisans et des ouvriers. Un témoin affirme que le cousin de son père l'a fréquentée de 1925 à 1930, il est devenu grâce à elle un excellent plombier-zingueur. Il a ouvert un atelier et ensuite un magasin de sanitaires. Il est vrai qu'au sein de cette école il y avait une forte proportion d'élèves dits « d'indigènes », cette tendance s'étant accentuée au fil des années. Ecole de l'Office ( ?) Les écoles Medjaouri (1936) et Larbi Tebbessi (1935) de Bel-Air Enfin, notre école, école Ammardjia Abbes, dite école « laïque » pour la différencier des écoles à caractère religieux ou " école Vétillard Roger" était une seule et grande école. La construction de cette école primaire communale mixte a été décidée le 2 juin 1851. Elle a été baptisée « école Vétillard » en 1948 par délibération du conseil municipal de l'époque. C'est probablement la première. L'école communale existait avec une aile pour les garçons et une autre aile pour les filles après la première guerre mondiale, séparés par un simple mur au niveau de la cour. D'ailleurs, les filles et les garçons entraient par la même porte. Les garçons à droite de la porte et les filles à gauche sous l'œil vigilant de la concierge (une résidente de Harat Blondeau). Puis, il y a eu séparation. Elle était fréquentée par des enfants d'européens et des enfants dits "indigènes". Pour ce qui est des garçons, il y avait douze classes, deux pour chaque niveau (préparatoire, élémentaire, moyen et certificat d'études). Depuis 1962 jusqu'à 1986 l'école Ammardjia a été exclusivement réservée aux garçons qui rentraient par la petite porte et celle réservée aux filles a été rebaptisée « Frères Berchi ». A l'indépendance le directeur était Monsieur Koribaa (62/63), un maltais, il a été remplacé par Monsieur Cheriet en 1964 ; avant l'indépendance, M. Petit Jean en était le directeur. Qui est Ammarddjia Abbes ? c'est un Chahid né le 04 février en 1939 à Ain Abessa, un élève brillant qui suivait les cours au lycée Albertini, puis des études supérieures à Sidi Bel Abbes. Agrégé en latin il est devenu enseignant à Sétif avant de rejoindre le maquis en 1959 ; il décéda la même année dans le Lakfadou au début de l'opération « Jumelles ». Qui est Roger vetillard ? il avait 26 ans quand il a décéda en janvier 1944 lors de la campagne militaire d'Italie. Il a été rappelé pour servir dans l'armée française au début de l'année 1943 alors qu'il était instituteur à Sétif à l'école primaire communale dite de la route de Sillègue (Conservatoire) Quelles sont les personnalités qui ont fréquenté cette école ? il y en a plusieurs, on citera entre autres MM. Abdelaziz Manamani qui sera plus tard ambassadeur d'Algérie au FAO, puis à Ankara et, enfin secrétaire d'Etat à l'Agriculture et Rachid Makhloufi le célèbre footballeur qui était un élément important de l'équipe du FLN. Les enseignants(pour mémoire) sont M.M. Marchandise, Gascon, Hamon, Becker, Raffenaud, Korriba, Mazzuca, Fiot, Djilani, Harkati, Chaulet, Noise Gabriel, Carpentier, Colombo Augusta (père boulanger), Bekker, Mernache, Amroun, Dekhili , Laalem, Melizi, Rachid dit « fait les gestes » ( Maitre de sports),Rabah Haga ( enseignant des sports) , celui-ci mena une équipe de Basket représentant l'école à la finale de wilaya qui se joua sur l'asphalte de l'Avenue de Constantine dans les années soixante. Les élèves, naturellement, c'est des centaines et des centaines qui ont fréquenté cet établissement, nos amis internautes sont invités à citer leurs camarades, à publier des photos et des souvenirs et autres anecdotes, pour ma part, je cite les Benslama - Bouras - Coquelet - Guettaf - Minaudo - Bouchenak – Nakib, Nakache - Cavalière - Sacri - Abbes - Smati - Boukraa – Dahan, Zemmour - Marcellino - Benazera - Levy - Gaillet - Atlani – Triay, Maniscalco - Briet – Delarue, Benyoucef, Tamrabet, khalfa, Hamdi Cherif Salah “brillant parmi les brillants, Bouaoud, Lebdani, Nouari Makhloufi. Belbedar, Nacir Haichour, Rachid Lamouri, Souakir, Bendjelmane, Bouguessa, Mouhabdine, Raffaoui, Mohamed ould (Baby Chaussures), Bakhouche, Mecheri, Abdelhamid Kharchi, un peu plus Trad Abderahmane (actuelle chef de service à la direction de l'éducation), Rouai, Madani, Bella, Lagagna, Belkheir et enfin Trabelsi qui a un grande mémoire et qu'on sollicite pour nous rappeler quelques souvenirs (anecdotes). Pour clore cet article, je passe en revue, les premières bâtisses construites avant cette période : * Recette des postes (1845) ; * Mosquée reconstruite (El Attik ) en 1845 ; * Etablissement bancaire (en 1855) ; * L'hôtel de ville et salle des fêtes (en 1856) ex bureau arabe ; * Tribunal de 1ère instance en 1860 ; * Eglise Sainte Monique (Mosquée Ben- Baddis ) en 1867 ; * Collège colonial (Lycée Kerouani) en 1873 ; * Sous -préfecture en 1874 ; * Théâtre municipal en 1896 ; * Fontaine monumentale (Ain Fouara) en 1898. Remerciements à MM. Roger Vetillard et Mazzuca qui m'ont transmis des informations de premier plan. Roger Vétillard est né à Sétif quelques mois après la mort de Roger Vétillard, l'oncle et le frère cadet de son père dont l'école porte le nom. Iil en a pris son prénom. Il a vécu 17 ans à Séti et fréquenté cette école de 1950 à 1955 avant d'aller au Lycée Albertini. Médecin spécialiste à Toulouse, engagé dans la vie de la commune dont il est depuis des années adjoint au maire, il vient de publier aux Editions de Paris un livre intitulé « Sétif, mai 1945 : massacres en Algérie », une étude détaillée, critique et précise sur les événements de Mai 1945. Il y livre les résultats d'une enquête longue de 7 ans et donne plusieurs versions des faits ; il insiste et donne une tonalité particulière, par ailleurs, sur le contexte politique, les rôles des différentes factions politiques. L'implication des milices civiles est analysée en détail. Mazzuca, ex- enseignant, fils de Saint Arnaud ( El-Eulma), les parents de Ouricia, est tellement épris de Sétif qu'il a créée une équipe de Foot dans la ville ou il est adjoint au maire à Sarine département du Loiret et la région Centre , dénommée... USMS (Union Sportive Municipale de Saran) ww.usmsaran.com. Ps : Malheureusement, le directeur actuel de l'école, M. Belhamel, une personne fort accueillante, sympathique et aimable qui m'a, par ailleurs, très bien reçu à plusieurs reprises, ne m'a pas été d'un grand secours, faute de documents. Sinon, pour prendre des photos, il m'a exigé, très gêné il est vrai, une autorisation expresse de l'Académie (!?) Ce qui m'a été confirmé par un responsable ; si cette instruction est compréhensible, elle est aussi regrettable vu le caractère et l'objectif de cet article. Ainsi, pour consulter quelques registres, il fallait attendre une vingtaine de jours pour en définitive rentrer bredouille, hélas ! En conclusion, pour rappel, en 1962 (indépendance) il y avait en tout 72 écoles, 05 collèges et 02 lycées (Albertini et Malika Gaid) dans toute la « Sous- préfecture » qui comprenait à l'époque Bougie, BBA et M'sila (Et oui !). Au jour d'aujourd'hui, la wilaya de Sétif compte : 846 écoles (douze fois plus), 218 CEM (quarante quatre fois plus), et 84 lycées (quarante deux fois plus)...c'est dire tout le chemin parcouru ; si maintenant, de l'avis de tous, la bataille du chiffre on l'a quelque peu gagné, reste à gagner celle de la qualité ! Les prochains articles pour celles et ceux qui peuvent me renseigner concernent l'école Pegain et « Harat Blondeau » Toutes les interventions, précisons et autres rectificatifs sont les bienvenus.