Une quarantaine de pieds-noirs sont arriv�s dimanche dernier, dans la soir�e, dans une ambiance euphorique � S�tif, leur ville d'origine, pour un p�lerinage de quelques jours. C'est dans le bus qui les menait d�Alger vers S�tif que l'excitation �tait � son comble. Les hommes et femmes venus des quatre coins de l�Hexagone n�ont pas pu retenir leurs larmes devant les S�tifiens qui les ont accueillis chaleureusement. "C'�tait mon lyc�e!", "Regarde, j'habitais l�!", se sont enflamm�s les voyageurs, debout, applaudissant quand ils reconnaissaient un endroit, souvent �mus aux larmes. Ainsi, quarante-quatre ans apr�s avoir quitt�, dans la douleur et les larmes, leur terre natale, Janine Duval et ses compagnons de voyage, des pieds-noirs, ont d�cid� de retourner en Alg�rie. Ils ont entre 62 et 80 ans. Ils ont fait ce voyage en famille avec leurs enfants pour les uns, et leurs conjoints pour les autres. A l�arriv�e � S�tif, l��motion est immense. Chacun a retrouv� son ancien appartement. Les familles alg�riennes qui y vivent actuellement les accueillent � bras ouverts. Il faut oublier les mauvaises choses du pass�, leur dit-on. Ils revisitent les endroits qui leur rappellent leur enfance, leur adolescence et beaucoup d'autres souvenirs. �Il n'y en a que des bons, car les mauvais s'effacent dans la m�moire du c�ur�, nous dit Janine, une adorable et sympathique personne de 62 ans. Ils entrent dans les maisons de leur enfance o� ils sont accueillis avec beaucoup de chaleur. �Ce qu'il y a de plus extraordinaire, c'est l'accueil partout o� on passe�, nous dit Paul, un autre senior qui revient pour la seconde fois. Un autre p�lerinage plein d'�motion o� des amis d'enfance, de jeux, d'espi�gleries, qui ont partag� le m�me banc � l'�cole communale ou au lyc�e, se sont retrouv�s apr�s plus de 40 ans de s�paration. Chaque femme et homme prenait sa direction pour rejoindre leurs quartiers respectifs, leurs �coles. Une visite dans quelques lieux a rafra�chi pour ces Fran�ais la m�moire, certains �voquaient des souvenirs d�antan. �Les premi�res impressions sont favorables : quand on apprend que nous sommes natifs du pays, on nous accueille par un "bienvenue chez vous" que je crois sinc�re (mais que risque-t-on � dire que nous sommes chez nous, alors que l'on sait tr�s bien que nous n'y sommes plus ?). Toujours est-il que �a fait plaisir ! Et �a donne confiance� Dans les rues, on nous souhaite simplement la bienvenue et, l� aussi, c'est sympathique et encourageant.. Bien entendu, nous avons pass� beaucoup de temps � retrouver les lieux de notre enfance. Par l�avenue G�n�ral-Leclerc, l�avenue Jean-Jaur�s, et la gare, nous arrivons � la cit� L�vy, o� j'habitais ; qu'elle me semble �troite, cette rue ; ma m�moire la faisait beaucoup plus large ! Une �norme surprise m'y attend : la maison de mes grands-parents, au n�3, se trouve surmont�e� d'un immeuble de 3 �tages, laid et �norme qui occupe aussi le d�licieux petit jardin que ma grand-m�re soignait avec amour. Mon �pouse et moi, en le d�couvrant, ne pouvons nous emp�cher de pousser un cri d'horreur !!� Plus loin, je retrouve ma maison ; h�las, impossible d'y acc�der, les nouveaux propri�taires sont absents ; je peux quand m�me me rendre compte que le jardin est assez bien entretenu. Peu de choses ont chang� et ma cousine se croit revenue 50 ans en arri�re ! Elle sera re�ue par une voisine. Rue Cardinal Lavigerie, nous reconnaissons l�immeuble de Carlon ; beaucoup de monde aux balcons ! Nous passons dans la rue d�Aumale d'o� surgissent les fant�mes de mon pass� : c'est dans cette rue que r�sidait Jeannine, mon premier amour ! Nous passons par la rue d�Isly et Saint-Augustin. Nous sommes au march� couvert et la rue Val�e. Mon �pouse est boulevers�e et les yeux rougis. Nous avons rencontr� beaucoup d'amis et connaissances rest�s l�-bas. Le soir m�me de notre arriv�e � l'h�tel El Hidhab, nous venions juste de d�poser nos bagages que trois gaillards se pr�cipitaient vers nous : trois de mes anciennes camarades de classe !! Surprise, �motion et quelle joie ! J'ai de la peine � les reconna�tre, mais au bout d'un instant, �a y est, leur visage d'enfant me revient en m�moire, et les souvenirs affluent", vous vous rappelez, Monsieur, du tournoi de foot ? " "Et l'exp�rience de sciences sur la dilatation des m�taux� ?" "et la fois o� l'appareil de cin�ma ne marchait pas� ? " et, et�� Raconte, �mu, Jean-Pierre. Pour l�adorable Janine Duval, c�est une autre histoire plus �mouvante. �Il est des d�cisions, tout au long d'une vie, qui sont prises parce que l'on a le sentiment que c'est le moment, qu'il faut r�aliser ce qui occupe nos pens�es depuis fort longtemps, et qu'il est temps de passer de l'imaginaire, du virtuel � la r�alit�, au pr�sent. C'est ainsi que le projet de Paul Mouraret d'un voyage collectif � S�tif, ma ville natale, me d�cida � franchir le pas. Je me disais, voir S�tif et mourir. Les pr�paratifs � ce voyage ne furent pas ceux d'un simple voyage organis� ; ils permirent au groupe ainsi constitu� de se conna�tre, de faire ressurgir des moments ou des lieux communs et bien s�r de se pr�parer � cet �v�nement. C'est donc avec des S�tifiens (et d'autres) partageant le m�me enthousiasme, avec cette impression de se conna�tre depuis toujours et, surtout, ce sentiment d'appartenance � des lieux, des coutumes, des souvenirs, que je refis, 44 ans apr�s, le chemin inverse vers S�tif. L'arriv�e en car, ce 23 avril, d�Alger � S�tif, se fit d�j� avec cette avidit� d'identifier, de reconna�tre ces lieux ; et voil� les premi�res habitations qui apparaissent puis le centre-ville et ses arcades et�, grand moment d'�motion, entr'aper�u furtivement, la fontaine (A�n el-Fouara), lieu qui me vit na�tre, et dont je me souviens venir remplir la gargoulette d�eau fra�che. Ce fut donc le point de d�part de ce s�jour, entrecoup� de visites � l'ext�rieur de S�tif o� l'on mettait enfin des images sur des lieux si souvent �voqu�s entre nous. On traversa des villages, on s�y arr�ta parfois, entour�s d'une foule omnipr�sente, bon enfant et empreinte d'une curiosit� � notre �gard qui n'avait d'�gale que la n�tre pour cette terre que l'on red�couvrait. Mais, la joie de voir ou revoir ces lieux (Pascal (actuellement Salah-Bey), Saint-Arnaud (El Eulma)� ne pouvait �tre compl�te, sans cette envie farouche de se plonger dans cette ville, ses rues, ses quartiers, de parcourir les avenues dont les noms de notre enfance nous revenaient ainsi que les souvenirs qu'on y rattachait (la maison familiale, le lyc�e Albertini, le march�, etc.) ; volont� farouche de reconna�tre, en d�pit du changement profond de la ville et de l'image que l'on en avait conserv�e. En parcourant ces rues, une atmosph�re plut�t d�tendue et toujours cette foule tranchant avec le souvenir d'une ville plus calme, une foule tr�s attentive � notre pr�sence et recherchant syst�matiquement le contact, l'�change, tr�s friande de notre avis, voire notre approbation, sur l'�volution de la ville telle qu'ils la percevaient. (Des r�f�rences au pass� qui faisaient chaud au c�ur). Beaucoup de joie donc dans ces moments partag�s, mais aussi parfois un peu de tristesse. Mais aussi beaucoup de bonheur en retrouvant le lyc�e Albertini et tout l'univers symbolique de ce lieu dans la vie s�tifienne. Une ville accueillante donc � notre �gard avec des marques de sympathie �videntes lors des manifestations organis�es lors de notre s�jour. Ce qu'il en reste, donc, c'est le sentiment d'avoir partag� des moments forts avec des amis, d'avoir enfin accompli une d�marche tant de fois �voqu�e et souhait�e, et de ne conserver dans son esprit que l'image d'un pays merveilleux, un pays qui souhaite s'ouvrir aux autres et qui compte bien sur nous pour le faire savoir. Les premiers jours, j'ai �t� m�fiante, je les trouvais trop polis, trop avenants, trop pleins d'attention, trop plein de je ne sais quoi qui me laissait perplexe. Et puis les jours ont pass�, les rencontres se sont multipli�es, ma m�re marchait sur le trottoir, me guidait dans les rues de sa jeunesse, et on entendait toujours la m�me chose, vous �tes chez vous, soyez les bienvenus, puis les questions arrivaient nombreuses, les gens s'attroupaient autour de nous : "Pourquoi vous n'�tes pas revenus plus t�t...? Dans quel quartier viviez-vous ? O� habitez-vous maintenant ?" Ils �taient tous curieux et int�ress�s de savoir ce que nous �tions devenus apr�s notre d�part... Ce fut trop pour moi, je n'�tais plus assez forte, et je n'ai pu retenir mes larmes, des larmes d'incompr�hension. Je ne comprenais pas leur attitude, il a fallu que je me rende � l'�vidence, les Alg�riens ne nous ont pas oubli�s, ils me l'ont souvent dit ; on est des enfants de S�tif� des fr�res et s�urs. Et puis j'ai vu des jeunes, des moins jeunes nous accoster, curieux, parlant franchement, sans d�tour. Et l�, d'un coup je comprends mieux leur attitude. Nous �tions leurs fr�res et s�urs s�tifiens, ceux qui revenaient, apr�s une longue absence, partis pas si loin, en face, en France. Maintenant j'ai tout dans ma t�te, et je partage avec ma maman et les amis de cette aventure tous ces souvenirs. A vrai dire, je me sens soulag�e, oui soulag� d'avoir fait le P�lerinage, fouler le sol de mes anc�tres, la terre natale, j'en avais besoin. C'est presque vital pour un �tre humain. Et pourtant quelques larmes et pincements de c�ur nous ont tenaill�s pendant ces quelques jours. Quelle joie de respirer de nouveau cet air. Nos �mes et nos c�urs sont rest�s � S�tif. Nous ne pouvons ignorer ce fait, aussi longtemps que nous vivrons et que l'Alg�rie sera. Nous n'avons pas choisi. Aussi loin que nous irons, notre c�ur battra pour cette terre. Au nom des n�tres rest�s l�-bas, nos pas fouleront de nouveau ce continent. Furtivement ou � jamais ? Seul l'avenir nous le dira.�� L��motion a atteint son paroxysme en foulant des pieds le lyc�e K�rouani, le fameux lyc�e Eug�ne-Albertini. Un d�clic qui fait resurgir quelques souvenirs heureux et d'autres douloureux, vieux de plus d'un demi-si�cle. Le lyc�e Albertini, seul �tablissement entre Alger et Constantine, �tait alors le lieu de rencontre des jeunes cervelles. �Voil� d�j� plusieurs ann�es que je r�vais de venir au lyc�e Albertini et de rencontrer mes anciens camarades de classe. Le temps passe, dit-on ? Ce n'est pas � nous qu'il faut le dire, n'est-ce pas? C'est incroyable ce que je suis heureuse de les avoir revus, et m�me plus, retrouv�s, puisque j'ai ressenti beaucoup, beaucoup d'amiti�, de curiosit� des uns envers les autres, de curiosit� positive bien s�r. Ce qui m'a le plus frapp�e, c'est � quel point le regard, l'expression du regard reste comme une cl� qui permet d'ouvrir le pass� et de retrouver les attitudes, les gestes d'antan. Dans les yeux de chacun, j'ai retrouv� � la fois l'adolescent t�tu, la jeune fille r�serv�e, le rigolard inv�t�r�, le s�rieux amical� J'ai reconnu tout le monde, incroyable apr�s tant de temps!!! Bien s�r cette journ�e m'a permis de comprendre beaucoup de choses sur l'impact que ce "Albertini" aura su imprimer dans ma vie d'aujourd'hui. Une libert� de penser, un go�t vrai pour la nature, la montagne, la rigolade, la philo bien s�r... J'y repense beaucoup, et � chaque fois, je me sens sourire malgr� moi, rire mais, tant les anecdotes racont�es m'ont amus�e et rappel� que vraiment, "on est pas s�rieux quand on a 17 ans!!" J�ai fr�quent� le lyc�e Albertini de la quatri�me � la terminale, c��taient les meilleures ann�es de ma vie. J�ai encore en m�moire toutes les salles, les cours ombrag�es de l��tablissement. C��tait un beau lyc�e. Je me souviens aussi de mes professeurs, celui de la philosophie, M. Cohen, qui a vu d�filer plusieurs g�n�rations, et Mme Andr�a, professeur de Latin. Mais celui qui m�avait le plus marqu�e, c��tait notre surveillant g�n�ral, M. Maiza, � qui on a donn� du fil � retordre. Je me rappelle qu�on profitait de la r�cr�ation de 10h, pour aller acheter des beignets chez un vendeur qui se trouvait en face de la porte d�entr�e des �l�ves. Alors merci mille fois � Paul Mouraret de m'avoir permis de passer une si belle journ�e, de m'avoir donn� � raconter tant et tant � mes amis d'aujourd'hui, � ma famille qui n'en revient pas de cette nostalgie heureuse qui me donne envie de dire les b�tises, les col�res, les besoins de libert� de ces ann�es-l��, raconte avec �motion Blanchard Pujol, une autre pied-noir. Des souvenirs qui n�en finissent pas, chacun voulait raconter son pass�, son passage au lyc�e, l�omnipr�sent �Surg� M. Maiza qui est rest� grav� dans la m�moire de tous ceux qui ont eu la chance de fr�quenter le lyc�e Albertini. �Mon horizon g�ographique autant qu'affectif se limitait � la communaut� d'internat au lyc�e Albertini et aux camarades de classe externes. La ville me fut donc compl�tement �trang�re, ce jusqu'en troisi�me ! En effet, n'�tant d�j� pas tr�s hardi, sans attaches locales et de plus ne parlant pas arabe pour pouvoir demander mon chemin en cas o�, je cultivais ma m�fiance � l'�gard des jeunes S�tifiens de mon �ge (que j'appelais voyous � l'instar des autres potaches), de peur qu'ils d�couvrent ma solitude et me prennent � partie. La ville qui encerclait le lyc�e se r�sumait � trois itin�raires familiers: lyc�e-stade pour les cours d'EP et les entra�nements d'athl�tisme (MM. Chappuis et Lagarde), celui vers Belair et le terrain de man�uvres les jeudis apr�s-midi, et enfin la Cit� L�vy, les dimanches, via le pont de chemin de fer. Le P�re Ma�za veillait sur nous! Voil� pourquoi nous avons tant de plaisir et de joie � nous revoir apr�s toutes ces ann�es malgr� les destins si diff�rents, les diff�rentes langues que nous parlons au quotidien les uns et les autres et les familles que nous avons fond�es depuis cette ann�e charni�re que fut pour tant d�entre nous l�ann�e 1962�, affirme Jean-Pierre. Les anciens �l�ves alg�riens du lyc�e, �mus eux aussi par ces retrouvailles, n�ont pu contenir leurs larmes en �voquant les souvenirs d�antan, comme cet ancien surveillant qui se rappelle avoir puni un �l�ve en l�accrochant aux espaliers du gymnase. L��l�ve s�appelait Yahia Guidoum. Quand on �voque le lyc�e Albertini, un seul nom revient dans toutes les bouches, celui de l�omnipr�sent surveillant g�n�ral, M. Maiza, qui a marqu� plusieurs g�n�rations et que personne n�a oubli�. �Octobre 49, une rentr�e scolaire pas comme les pr�c�dentes ! J'avais onze ans. J'�tais l�, � l'entr�e du bureau de la "Surveillance G�n�rale", d�barqu� de ma Soummam natale, terroris�. Un homme sans �ge, sec, � la moustache alerte, � l��il toujours � l'aff�t, � la voix tranchante et ferme � la fois, qui semblait ma�triser les lieux, r�pondait avec une voix autoritaire � mon accompagnateur, en l'occurrence mon fr�re a�n�, pourtant mon ex-instituteur de CM2. J'ai cru percevoir, derri�re son regard qui me d�visageait, un soup�on d'apitoiement, si seulement, pensai- je, il pouvait me dire deux mots d'encouragement en kabyle, ma langue maternelle et celle de mes camarades de jeux, dans mes sonorit�s bien famili�res. Ma muette imploration resta vaine, j'avais envie d'en vouloir � ce cerb�re, mais il ne m'en a pas laiss� le temps . M. Ma�za venait de signer la fin de mes jeunes illusions kabyles : le fran�ais devenait, d�s lors et pour toujours, mon unique vecteur de communication. Fin mars 54, composition trimestrielle de math�matiques en seconde C: maladroitement, juste apr�s le d�pliement du tableau mural r�v�lant les exercices, je commets une d�plorable b�vue, clamant ma joie devant les sujets expos�s, ce que je ne parviens toujours pas � m'expliquer: notre professeur, irrit� par notre surexcitation et sous pr�texte d'avoir identifi� ma voix dans le tohu-bohu, me met � la porte et m'enjoint d'aller chercher un billet d'avertissement � la surveillance g�n�rale. L�, je trouvai celui qui �tait devenu le p�re Ma�za, � qui je relatai exactement les �v�nements, et notamment l'injustice dont je faisais l'objet; Serge, Philippe et bien d'autres avaient manifest� plus que bruyamment ! Et alors ? Est-ce une raison ? Gros niais, m'avait-il r�torqu�, ainsi tu apprendras � t'exprimer moins fort qu'eux; va, mon petit, retourne en classe et dis � ton professeur qui, entre-temps, aura retrouv� son calme, que tu n'as trouv� personne au bureau de surveillance. Il m'avait sauv�, croyais-je alors. C'�tait sans compter sur la terrible fermet� de mon professeur, pourtant mon pr�f�r� jusque-l�, qui m'enjoignit d'attendre le retour du "surg�". M. Fremigacci, � son tour, n'a pu interc�der. J'eus mon avertissement et une exclusion de 4 jours. La honte de ma vie ! 20 juin 56 et notre imb�cile gr�ve qui arr�ta et engloutit grand nombre d'entre nous, � la veille du bac. Puis le reste, encore moins dr�le. Quelques ann�es plus tard, j'obtins mon dipl�me d'ing�nieur T�l�com. Quant au "p�re Ma�za" , je suis s�r qu'il ne peut y avoir d'�l�ment plus "f�d�rateur" que d'entretenir sa m�moire, il �tait au-dessus de tout, mes souvenirs de discussion avec lui me laissent admiratif, il avait une intelligence et une ouverture d'esprit qui me le font classer saint homme�, se souvient un Alg�rien, un certain Oughlis, actuellement install� en France. L'accueil r�serv� � ce groupe de pieds-noirs, � S�tif, a fait tomber les derniers remparts de l'appr�hension, et ouvert la voie � d�autres voyages similaires qu�entreprendront d�autres nostalgiques fran�ais pour l�Alg�rie. �L'ann�e derni�re, ma femme est retourn�e dans son village natale de Normandie, pour revoir les maisons de son enfance, elle m'a expliqu� les murs, les escaliers, les rues, tout ce qui lui avait rappel� sa jeunesse. Je n'avais pas compris l'importance de ses paroles, je ne l'ai pas assez �cout�e, je comprend mieux maintenant�, conclut Paul, un membre du groupe. Imed Sellami
LYCEE MOHAMED KEROUANI (EX-ALBERTINI) Un lyc�e mod�le Construit en 1872, le lyc�e Albertini (actuellement lyc�e Kerouani) ouvrira ses portes en 1873, sous l�appellation d��cole coloniale que dirigeait un principal. L�ann�e d�apr�s, une subvention de l�ordre de 13700 francs lui fut allou�e. L�ann�e 1875, verra l�ouverture d�une classe de latin avec 10 �l�ves. En 1924, l��cole se transforme en coll�ge colonial en accueillant 400 �l�ves, qui allaient recevoir un enseignement de valeur. En 1942, le coll�ge sera baptis� au nom d�Eug�ne Albertini, c�l�bre historien fran�ais, et professeur au Coll�ge de France. Le nombre d��l�ve sera de 700. En 1950, il sera transform�, par d�cret n� 50 1087 du 02/09/1950 et publi� au Journal officiel n� 210 du 05/09/1950, en Lyc�e national et accueillera � l��poque 900 �l�ves. Un nouveau b�timent sera construit en 1951, compos� de 14 salles de cours d�une contenance de 500 �l�ves, trois dortoirs, r�fectoire, infirmerie, deux ateliers, ainsi qu�un gymnase. En 1962, le lyc�e Albertini deviendra le lyc�e Mohamed- Kerouani. Le lyc�e Albertini, qui fut le symbole de toute une r�gion, de tout un pays, a eu le privil�ge d�offrir � l�Alg�rie ses valeureux combattants, dont 42 parmi eux tomberont au champ d�honneur durant la guerre de Lib�ration nationale. Aussi, ce prestigieux �tablissement a eu le m�rite de former la fine fleur des intellectuels alg�riens, tels les Kateb Yacine, Abdelhamid Benzine� et des ministres et hautes personnalit�s de l�Etat, comme Bachir Boumaaza, Mohamed Seddik Benyahia, Abdeslam Bela�d, Abdelmalek Benhabylles, Taleb Ibrahimi, Abdelmadjid Allahoum� la liste est longue. I. S.
Un joyau � l�abandon Rencontr�s en marge de la visite qu�effectuent des pieds-noirs � S�tif, les membres de l�association des anciens �l�ves des lyc�es Malika-Ga�d et Mohamed-Kerouani ne cachaient pas leur �motion quant aux retrouvailles entre anciens �l�ves, apr�s plus de quarante ans de s�paration. Mais ils �taient outr�s par l��tat lamentable dans lequel se trouve ce prestigieux �tablissement scolaire. �Nous nous consid�rons partie prenante de ce lyc�e qui avait accueilli la fine fleur de notre pays, tels les Kateb Yacine, Benmahmoud, Guidoum, Hamimid� et tant d�autres. Il faut rappeler que ce lyc�e accueillait jusqu�aux ann�es soixante des �l�ves venant des wilayas de Jijel, B�ja�a, Bordj-Bou-Arr�ridj, Batna�, et que c��tait un joyau en mati�re architecturale et p�dagogique. Malheureusement, ces responsables d�plorent l��tat d�plorable dans lequel se trouve ce lyc�e. Toutes les cours, jadis bitum�es, sont carrel�es aujourd�hui, les sanitaires sont d�pourvus d�eau et� de portes. Des fils �lectriques, source de danger, sont pendants et accessibles aux �l�ves. La salle de dessin, dont les anciens se rappellent, est inexploit�e. Le gymnase, qui fut le premier en Afrique, est quant � lui dans un �tat de d�solation. De tout le mat�riel p�dagogique que contenait le lyc�e, seul est rest� le squelette destin� aux cours de sciences naturelles. Seule une prise en charge s�rieuse pourra permettre � cet �tablissement d�acc�der � l��ligibilit� d�un lyc�e d�excellence. Une ambition de l�association. Nous tenons � remercier le wali de S�tif, qui a �t� tr�s attentif et tr�s dispos� � aider notre association�, d�clare M. Toufik Gasmi, son pr�sident.