A Oran et contrairement ? une id?e tr?s r?pandue chez nos compatriotes des autres r?gions du pays, des familles enti?res continuent ? n?avoir pour logement que la rue, des carcasses de v?hicules abandonn?es et des abribus. En effet, exode rural, pr?-carit? et ch?mage obli-gent, plusieurs familles naufrag?es n?ont plus o? cacher leur mis?re que les toiles cir?es et cartons. Ainsi, entre la Maison d?arr?t d?Oran et l?ancienne garnison transform?e en structure sanitaire, de nombreuses familles ont ?lu domicile et ?rig? des abris ? base de toiles cir?es qu?elles fixent, la nuit tomb?e, aux murs avant de les plier, pour celles qui n?ont pas d?enfants, aux premi?res lueurs du jour. Hier encore, aux environs de 10 heures, certaines de ces familles en ?taient encore ? prendre leur petit d?jeuner derri?re les minces rideaux cens?s prot?ger leur intimit? mais qui, en v?rit?, ne cachent rien. Du c?t? de Souk El-Kettane aussi, d?autres familles, tr?s probablement encourag?es par la pr?sence rassurante des forces de l?ordre en faction devant la Maison d?arr?t, ont ?rig? des tentes de fortune pour s?assurer un semblant d?intimit?. Ici aussi et sit?t le soleil lev? et l?ouverture de Souk El-Kettane, les occupants des lieux plient bagages et remisent leurs maigres effets de literie, ustensiles et v?tements dans des caches qu?ils ont sp?cialement am?nag?es entre les branchages des arbres ? feuillage persistant qui longent de part et d?autre la large avenue. Ailleurs, d?autres naufrag?s ont jet? leur d?volu sur des abribus. Cit? des Amandiers par exemple, un individu, venu d?en ne sait o?, a, depuis plusieurs mois, squatt? l?abribus dit de ?Zinou?. N?ayant apparemment pas d?occupation, l?int?ress? qui y a d?pos? un matelas, un oreiller et plusieurs couvertures d?une salet? repoussante ne semble pr?ter aucune attention ? ce qui l?entoure. Oblig? ? veiller tard en raison de l?intensit? de la circulation sur cet axe routier, il ne se l?ve qu?aux alentours de 10-11 heures pour se soumettre ? un semblant de toilette, faire son lit, se procurer quoi se mettre sous la dent et s?allonger pour tuer le temps. A Yaghmoracen aussi, un autre individu a depuis plus d?une ann?e pris possession de l?abribus qu?il a ?quip? d?un lit et de divers accessoires. Ici comme aux Amandiers et tr?s probablement ailleurs, les personnes devant prendre le bus, sont condamn?es, l??t?, ? faire le pied de grue sous les br?lants rayons solaires et, l?hiver, sous la pluie. Du c?t? de la place Val?ro, en plein centre ville, plusieurs autres familles ont, depuis plus de deux ann?es, ?rig? des abris de fortune ?galement ? base de toile cir?e. L?immeuble qu?elles occupaient s??tant effondr? sous le poids de l??ge et de l?absence d?entretien, ces familles attendent que les pouvoirs publics fassent un geste en leur faveur. Devant l?ampleur prise par ce ph?nom?ne et les risques de le voir s??tendre et mettre en danger la vie de jeunes enfants et d?innocents citoyens, de plus en plus de voix s??l?vent pour r?clamer l?intervention des pouvoirs publics, plus sp?cialement le d?partement de l?Emploi et de la Solidarit? nationale. La riposte ? la descente aux enfers de ces familles n??tant pas du seul ressort de l?Etat, l?on est en droit de se demander o? sont pass?es toutes ces associations ? caract?re caritatif, social et humanitaire grassement entretenues par le Tr?sor public mais que l?on ne voit plus que sur le papier.