L?annonce de la fin de la reconnaissance de la qualit? de moudjahid agite, depuis peu, le microcosme qu?on appelle parfois ?la famille r?volutionnaire?. Et pas seulement. La fin annonc?e de la reconnaissance, en Alg?rie, de la qualit? de moudjahid suscite actuellement de nombreux commentaires, notamment de la part de ceux et de celles que ladite mesure laisse, aujourd?hui, ?sur le carreau?. C?est le cas de la veuve d?un ancien militant de la cause nationale, qui a d?pos? au sein des structures du minist?re des Moudjahidine un dossier pour la reconnaissance de la qualit? de Moudjahid pour son d?funt mari. Mme Y.L. a fondu, hier, en pleurs ? l?annonce de cette nouvelle qui fait suite, rappelons-le, ? la proclamation de la fin de la l?gitimit? historique d?cid?e par le pr?sident Abdelaziz Bouteflika. Elle se retrouve, en tant qu?ayant droit, sans ressources. Pis encore, depuis le d?c?s de son mari en 1993, elle souffre de plusieurs maladies chroniques et ne dispose d?aucune couverture sociale pour se soigner convenablement. Elle avait fond?, ainsi, tous ses espoirs sur cette hypoth?tique reconnaissance. En vain. Les t?moignages qu?elle avait produits ?taient, d?apr?s elle, tous probants. Pour appuyer son dossier, elle a m?me fourni trois attestations. La premi?re dat?e du 4 septembre 1963 est sign?e du commandant de la place. Dans ce document d?livr?, d?s l?ind?pendance du pays, il est formellement reconnu ? son d?funt mari d?avoir ?servi honorablement au sein de la r?volution?. Le deuxi?me document est une attestation communale dat?e du 16 D?cembre 1964 et sur laquelle sont appos?s pas moins de cinq cachets engageant les organismes suivants: la mairie, l?Association des moudjahidin et des victimes de guerre (AMVG), l?Association des anciens d?tenus et intern?s r?sistants, le Front de lib?ration nationale et, enfin, le Bureau de la place militaire. Quant au troisi?me document dat? du 15 juin 1973, c?est une d?cision de la commission sp?ciale de l?ANP de reconnaissance de la qualit? de membre de l?ALN. Dans ce document portant l?ent?te du minist?re de la D?fense nationale, il est ?galement reconnu ? son d?funt ?poux son ?aide ? la r?volution?. Ces diff?rents documents qui attestent, si besoin est, que son mari ?tait un authentique Moudjahid, elle les a conserv?s car son mari a toujours estim? de son vivant avoir juste accompli ?un devoir national? et que, par cons?quent, il n?a jamais pr?tendu, ? ce titre, ? un quelconque avantage, ni financier ni en nature. Et pourtant, son ?poux fut arr?t? et intern? plusieurs fois durant la guerre de lib?ration nationale. Commer?ant, il avait rejoint la r?volution et notamment la gu?rilla urbaine d?s mars 1956. Son magasin situ? en plein centre ville a longuement servi de plaque tournante pour la logistique et pour les op?rations de Fida. Ses meilleurs amis et compagnons d?armes sont tomb?s, la plupart, au champ d?honneur. A l?heure o? la question des faux Moudjahidin reste encore pendante et que l?individualisme est exacerb? plus que jamais en Alg?rie, que va devenir, enfin, cette veuve septuag?naire, sans ressources? La disparition du statut de Moudjahid va-t-elle donner lieu ? de nouvelles r?visions, ? de nouveaux compromis? Une chose est n?anmoins s?re: les usurpateurs -et ils sont, aujourd?hui, l?gion- auront, toujours surf?, eux, au gr? des conjonctures politiques et ? l?ombre de l?Etat. Quant ? l?hypoth?tique ?volution attendue des mentalit?s, qu?on ne s?y m?prenne pas: ?la rente est toujours l?!?, fera remarquer un citoyen.