La Cin?math?que de Sidi Bel-Abb?s aura ?t? travers?e d?un sentiment de malaise, en ce d?but de semaine, ? l?occasion du premier s?minaire sur la pens?e et la litt?rature. Les pr?sents aux assises de ce rendez-vous auront fait un constat amer: notre litt?rature est en r?gression, tant dans l?art de l??criture que celui d??tre lu. Et durant trois jours, les s?mina-ristes ont remarqu? que le d?fil? de po?tes devant la ?tribune? a montr? ? quel point quand le programme n?est pas conforme ? l?objectivit?, l?on tombe dans une esp?ce de ?m?diocrit??. Chacun reconna?t et personne n?ose le dire haut et fort et proposer une analyse exhaustive et tranchante sur cette pratique hautement majeure, qu?est la litt?rature. L?intervention de l??crivain Habib Mounsi, ? titre d?exemple, refl?te clairement cette situation alarmante, d?autant que ce colloque a r?uni ? la majorit? ?crasante des docteurs en Lettres et autres disciplines. Ainsi, Mounsi s?est dit triste de se rendre compte que le lectorat alg?rien ne lit pas parce que les ?uvres produites ne l?exaltent pas, ne nourrissent pas son imaginaire, n?expriment pas en profondeur le drame qui se joue dans cette p?riode si bouillonnante. Par ailleurs, la valeur litt?raire ne trouve pas l?expert, ? savoir le critique litt?raire, pour ?valuer son degr?. De force ou de faiblesse. En fait, le hiatus est ?tabli nettement entre l?enseignant universitaire, le chercheur et le cr?ateur artistique. Le moment est propice pour d?limiter le statut des uns et des autres, diront les plus exigeants. Kateb Yacine disait un jour: ?? l?universit?, on discute plus qu?on ne cr?e?. Cette citation s?est illustr?e avec pr?cision ? travers des communications beaucoup plus ?polycopi?s de cours? que travail de recherche. Une d?marche tr?s r?pandue, surtout lors des colloques scientifiques. Ici, l?on se doit de reprendre une chanson de Zaky Zeddour, interpr?t?e en cl?ture ??et notre pens?e se rabaisse/ ? quelques r?cits nostalgiques/ Notre vieille litt?rature par tant d?usage se rouille et grince / tant de larmes, tant de ratures [?] et nos valeureux litt?rateurs se contentent bien d?imiter en se disant cr?ateurs??. Ce petit pamphlet chant? a exprim? avec pertinence la ?paresse? de l?esprit et ?l?autosatisfaction?, r?duisant le texte ? un assemblage de jargons et de rimes pompeuses. Pourtant, quand on sait la puissance lyrique de la langue arabe, langue du Coran, langue de l?oralit? et de la grande litt?rature et po?tique ch?re ? El Moutanabi, voil? qu?elle devient, par la bouche de cette ?lite de po?tes, aussi banale que boire et palabrer dans un coin de caf?. M?me le th?me propos? s?est noy? en conjectures. Les participants ont ?t? comme ? l?ouverture dans l?expectative. V?ritable barom?tre, ce c?nacle a d?montr?, s?il en est, cette phrase lapidaire du grand po?te Bachir Hadj Ali ?ce n?est pas avec de bons sentiments qu?on produit de grands po?mes?. A m?diter? Autrement, la r?union de ces s?minaristes s?est d?roul?e dans de bonnes conditions, en relevant l?absence des auteurs d?expression fran?aise. Discrimination qu?il faut d?ores et d?j? gommer, car ce sont des Alg?riens, au m?me titre que les arabophones ou les berb?rophones. Et la langue qu?on utilise pour ?crire n?est que v?hiculaire. Les couloirs ont senti cette douleur. On peut dire que ce premier s?minaire aura tout de m?me mit le doigt sur un contexte artistique, notamment litt?raire, qui demeure scl?ros? alors que le folklore ? sa part de lion. Ce qui rend l??crivain beaucoup port? ? publier ailleurs que chez lui. Aucun nom de notori?t? n?a figur? ni n?a lu, ni n?a fait cette diff?rence entre une grande ?uvre, une ?uvre de po?te en herbe ou encore une ?uvre m?diocre. Le bilan est soulign?. Tirons-en des le?ons pour de prochaines joutes oratoires du vers et de la recherche scientifique.