L?aube. Le silence... et le temps qui semble s?arr?ter. Il est l?heure des solitaires pens?es o? l?on demande ? Dieu, ? son c?ur, ? sa conscience, ? son ?tre tout entier de comprendre. Quel secret fait donc vivre notre humanit?, quelle douleur, quel souffle ? Solitaires pens?es, infiniment. Soudain, me vient ? l?esprit une myriade d?images. Au c?ur de la guerre et des conflits, des ?tres exil?s, maltrait?s, tra?n?s, tortur?s... ensemble concentr?s dans les camps de la mort. Humili?s pour un nom, une origine, une identit?. Humili?s et oubli?s. C??tait hier et dans les brumes de ma m?moire les visages sont ? la fois marqu?s et noy?s dans l?immensit? du mal que l?Histoire des hommes a berc?e. Responsables de notre Histoire, sans doute n?avons-nous pas toujours su comment nous y prendre avec la vie... Tristement, am?rement. Hier comme aujourd?hui. Qui sommes-nous donc ? Des innocents r?it?rant ? l?envie l?insouciance de leurs maladresses ? Des fous emport?s par l?inconscience de leurs gestes ? Des monstres enfin colonis?s par leur soif de pouvoir et de confort ? Qui sommes-nous ? Les victimes d?hier, bourreaux d?aujourd?hui... opprim? du cr?puscule, dictateur de l?aube ? Que serons-nous apr?s cette longue nuit ? Qui sommes-nous donc ? Quelle m?moire est la n?tre ? Les m?mes images : des ?tres exil?s, maltrait?s, tra?n?s, tortur?s... ensemble concentr?s dans les camps de la m?me mort. Aujourd?hui comme hier. Ils le savaient, ont laiss? faire... Nous le savons, nous laissons faire. Identique l?chet?. L?aube. Le silence... et le temps qui semble s?arr?ter. J?ai soudain envie de parler ? ma fille, ? mon fils. Envie de murmurer l?essentiel. Un secret. Je ne sais pas, au fond, ce que sont les ?tres humains ; je ne sais pas, ? vrai dire, ce que valent leurs esp?rances ; je ne sais plus, vraiment, ce que valent leurs promesses... Je ne sais plus. Nous nous sommes tellement trahis. Ma fille, mon fils, si notre sang vit de sens alors il est l?heure de r?veiller nos communes m?moires. Se r?veiller et r?sister. On nous a tromp?s. Nos r?ves furent si beaux, la r?alit? si laide. On nous avait dessin? la paix comme on peint un espoir : pour nous, au-del? de nous... sans nous. Sans effort. Tous spectateurs d?un destin qui aurait d? se faire sans m?moire, sans justice, sans sacrifice. Sans dignit?. A l?horizon de la Palestine, j?entends les m?lodies assoupies des consciences bless?es, des culpabilit?s entretenues, des malaises qui ?touffent : j?aimerais ?tre la voix des sans voix, perdus, exil?s ou r?fugi?s, qui par deux fois ont pay? le prix de nos l?chet?s. J?aimerais, comprends-tu, ?tre l??nergie de cette victime m?moire du cr?puscule enfantant l?exigeante justice de l?aube. Tirer profit de notre nuit... de notre histoire. J?aimerais tant. L?aube. Le silence... et le temps qui semble s?arr?ter. Une vie pour la paix. Se lever enfin et au nom de ces mille images d??tres exil?s, maltrait?s, tra?n?s, tortur?s... ensemble concentr?s dans les camps de la mort... hier comme aujourd?hui... redevenir la conscience des opprim?s. Ici se cache l?amour, la dignit?, l?esp?rance. Ici na?t la foi, le souffle, l?exigence. La paix est ? ce prix : entre nous, avec nous, pour nous. Ne jamais d?missionner. Peu de choses en effet... mais au c?ur de cet ?tourdissant silence, parmi les ?tres humains, je ne connais point d?autre secret.