Abdelmalek Sera?, expert et consultant international, a mis en garde contre le retour du monopole d?un tout autre ordre o? cinq priv?s nationaux d?tiennent, ? eux seuls, 25% des cr?dits bancaires allou?s en guise de soutien et de mise sur rails des regroupements d?entit?s en qualit? de grands champions industriels. Selon ses propos, ?cinq grandes entreprises priv?es se sont accapar?es ces derni?res ann?es de 25% des cr?dits? destin?s au secteur priv?. ?Il s?agit d?un chiffre aussi important que dangereux car il met cause la d?mocratisation des outils de financement ? l??conomie?, avant d?appeler ? ?une d?mocratisation dans la distribution du financement?. Chiffres ? l?appui, l?expert estime que 600.000 micro- entreprises et quelque 3 millions d?Alg?riens attendent d?avoir des cr?dits. Intervenant avec d?autres experts ?conomiques au cours d?une table ronde au centre de presse El-Moudjahid, Sera? souligne que depuis 1986, environ 2.500 dossiers d?investissements ont ?t? bloqu?s pour des raisons bureaucratiques et rejet?s par des banques. Pour lui, il n?est pas question de revenir aux grands groupes publics tomb?s en faillite et r?p?ter le sc?nario-catastrophe avec les groupes priv?s. D?ailleurs, le consultant international s?interroge sur le silence pesant de la Banque d?Alg?rie concernant la distribution des gros cr?dits au moment o? des jeunes m?nages croulent sous le poids de l?endettement. Certes, souligne-t-il, l??volution du secteur priv? est favorable avec un ratio de volume global des cr?dits passant de 17,6% en 2004 ? plus de 23% en 2008. Mais, il a averti contre la crise des cr?dits chez les jeunes couples, si l?Etat ne tente pas de rectifier le tir en injectant un aspect moral dans la politique du cr?dit. De son c?t?, Mustapha Mekid?che, ?conomiste et vice-pr?sident du CNES, a pass? sous scanner les probl?mes structurant l?entreprise alg?rienne et les obstacles dress?s contre elle par son entourage. Il estime que les grandes questions relatives au secteur priv? sont actuellement identifi?es. Il cite, notamment, des contraintes li?es ? la structure de l?entreprise alg?rienne qui s?agrippe au statut familial au lieu d?une SPA et une incapacit? ? int?grer le march? obligataire, donc contracter des cr?dits longs ainsi que des taux d?int?r?t d?biteurs de 8 ? 9%, les plus ?lev?s au monde. Il s?agit, ?galement, de la dispersion de l??nergie en termes de repr?sentativit? syndicale. ?L?entreprise priv?e ne peut pas d?fendre ses int?r?ts avec 7 ou 8 organisations patronales. On a besoin, par contre, d?un mouvement patronal unifi? pour peser dans les choix ?conomiques et dans la prise de d?cisions?, r?torque le vice-pr?sident du Conseil national ?conomique et social. S?y ajoute, d?apr?s lui, la structure des banques qui sont de type commercial et non pas d?investissement. Pour l??conomiste, il faut mettre moins de contraintes d??ligibilit? aux cr?dits. Interrog? sur la sortie de secours de l??conomie renti?re qui paralyse les initiatives et l?entreprenariat priv?, M. Mekid?che reconna?t qu?on est otage du syndrome hollandais. ?On a tu? les entreprises d?engineering ? tr?s fortes potentialit?s locales pour se retrouver ? la merci de la rente et du client?lisme?, s?est-il indign?. Il propose, et en urgence, la st?rilisation d?une partie de nos avoirs p?troliers comme ?a ?t? fait dans les grands travaux d?infrastructures. Mais ?galement de mettre en place une politique de l?offre d?entreprise, avec le soutien des grands capitaines d?entreprises, qui tirera dans son giron une agr?gation de PME. D?velopper un tissu de sous-traitants nationaux Pour sa part, Za?m Bensaci, pr?sident du Conseil national consultatif pour la promotion de la PME (CNCPME), apr?s avoir auscult? le secteur priv?, notamment celui des PME, plaide pour le d?veloppement d?un tissu de sous-traitants nationaux pour relancer l?entreprise priv?e. Avec, en appui, la d?finition d?une strat?gie pour le d?veloppement de la PME devant la placer comme fer de lance de l??conomie. Le premier responsable du conseil de la PME ne comprend pas comment se fait-il qu?on a cr?? des organismes comme le FGAR et la caisse de garantie, alors que 80% des dossiers d?investissements garantis par le Tr?sor ont ?t? rejet?s par les banques. Avouant, au passage, l?existence d?une somme d?obstacles au financement bancaire et du foncier ainsi que les importations sauvages. ?L?Alg?rie n?est pas un d?potoir de produits asiatiques et arabes?, l?che le pr?sident du CNCPME. A l?adresse des soci?t?s ?trang?res install?es en Alg?rie, Bensaci dira que ?ceux qui viennent commercer, on n?en veut pas ! On a besoin de vrais partenariats gagnant-gagnant?. Dans un ton critique, il fustige les banques ?trang?res ayant r?alis? des b?n?fices consid?rables, mais ne consacrent aucune part pour les projets d?investissements. ?Il faut que ces banques s?impliquent dans le processus d?investissement au lieu de jouer aux tiroirs-caisses?, a-t-il martel?. Enfin, le repr?sentant de l?ABEF recense 17 banques et ?tablissements priv?s parmi 27 existants. Selon lui, le financement bancaire au secteur priv? de 2003 ? 2007 est pass? de 42 ? 55%, dont 98% des cr?dits sont allou?s par les banques priv?es au secteur priv? tout en reconnaissant certaines contraintes li?es ? la transparence fiscale, au management et ? la gestion des risques par les banques. ?Il y a, aujourd?hui, une distorsion entre les entreprises qui ont besoin de cr?dits et les banques qui disposent de surliquidit?s?. En bref, le repr?sentant de l?association des banques et des ?tablissements financiers pr?conise une approche p?dagogique dans la bancarisation de l?activit? informelle qui repr?sente plus de 17% en termes d?emplois et 13% du PIB. Et propose des textes d?application des mesures du Premier ministre concernant l?encadrement des IDE, la rationalisation des d?penses et l?assainissement des importations et du commerce ext?rieur.