?Le po?te a toujours raison qui voit au-dessus de l?horizon?, dit le po?me du po?te fran?ais Louis Aragon qu?un grand nom de la chanson fran?aise Jean Ferrat connu, lui aussi, pour son engagement, a port? dans la rue. C?est dans un temple de la libert? d?expression, au Th??tre Abdelkader Alloula, que le chantre de la libert?, le po?te ?gyptien Ahmed Fouad Negm, a anim? un r?cital de po?sie, le second apr?s Alger. De sa voix rocailleuse et dans un arabe dialectal ?gyptien plein de gouaille et d?humour acerbe, le po?te octog?naire, iconoclaste et endurci par ses fr?quents s?jours dans les ge?les ?gyptiennes pour ses virulentes prises de position contre les impairs des successifs r?gimes en place, n?a pas rat? l?occasion de pourfendre les despotes et fustiger toutes leurs compromissions. Il rendra hommage au dramaturge Abdelkader Alloula dont la pr?sence, dira le pr?sentateur, suinte encore dans les galeries de l??difice, et saura ais?ment cr?er l?osmose avec le nombreux public qui n?h?sitait pas ? accompagner le po?te dans ses d?clamations de textes c?l?bres, ? rire bruyamment des caustiques et impitoyables railleries dont ils regorgent et lui exprimer le respect, ? chaque pause, par une chaleureuse ovation. Le floril?ge pr?sent? par le v?n?rable po?te sera puis? dans les plus c?l?bres po?mes de son r?pertoire, ?Bastandharek? ou ?Bayane ham? qui traitent de ses d?m?l?s avec les diff?rents dirigeants ?gyptiens, qui se sont succ?d? au pouvoir et qui lui auront fait payer ch?rement son inflexible outrecuidance, ou de la p?riode de l?infitah qu?il qualifiera de ?El aahda essaouda?. Chaque po?me sera ponctu? par une anecdote et une courte pause durant laquelle le po?te profitera pour tirer goul?ment quelques rapides et nerveuses bouff?es de cigarette avant de reprendre son r?cital. A la fin de la premi?re partie de son r?cital, Ahmed Fouad Negm conviera les po?tes locaux ? venir sur sc?ne pour lui pr?senter un ?chantillon de leurs ?uvres. Avec beaucoup de politesse, il remerciera les candidats, avec une not? particuli?re pour deux jeunes pousses qui susciteront l??merveillement du po?te ?gyptien. Dont la petite Nouara qui a r?cit? une ode ? m?re nature avec des mots d?enfants, simples, limpides et pleins de bonheur. Lors de la deuxi?me partie du r?cital, Ahmed Fouad Negm d?clamera, ? la demande du public, son fac?tieux po?me ?El Bitaa? puis pr?sentera un extrait de la chanson ?Ismahili bi kilmitine?. Le com?dien Benziane Blaha donnera, au po?te h?te, un aper?u de la po?sie populaire melhoun en pr?sentant un po?me de Mostefa Ben Brahim et le c?l?bre po?me ?Ed Dachra?, une satire sociale sur l?Alg?rie d?aujourd?hui, de la m?me trempe que les po?mes de Ahmed Fouad Negm, qui vaudra au com?dien une chaleureuse et longue ?treinte du po?te qui cl?turera, debout, son r?cital par ?Nahi Ennouah? dont le refrain sera repris en ch?ur par le public. Le po?te ?gyptien se verra offrir, par le com?dien, Blaha Benziane, une anthologie de po?sie melhoun qui ?tait soigneusement gard?e dans une mallette en bois, un accessoire de la pi?ce ?Arlequin, valet de deux ma?tres, que le dramaturge Abdelkader Alloula aurait confectionn? de ses propres mains. Le public oranais venait d?assister ? un m?morable ?v?nement g?ch? par de maladroits techniciens de l?ENTV qui, ? chaque spectacle, s?arrogent la libert? d?investir la sc?ne et jouer aux parasites sans montrer le moindre signe de respect pour le public qui ne s?est pas, ? l?occasion, d?plac? pour suivre leur intempestif man?ge.