En campagne depuis douze jours, au jour d?aujourd?hui, les candi-dats ? la pr?sidentielle se sont ?vertu?s ? d?ployer des tr?sors d?imagination pour int?resser les ?lecteurs et capter leurs voix, le jour du scrutin. Tout y est pass?. Certains, manquant d?exp?rience probablement, ont ?puis? tous les th?mes rentables et en ont ?t? r?duits ? critiquer les politiques men?es, comme s?il s?agissait d?un d?bat de parlementaires ?opposants? passant au peigne fin un projet de loi pr?sent? par un membre du gouvernement. D?autres, plus aguerris ou mieux conseill?s, gardent, encore en r?serve, quelques atouts qu?ils d?voileront le 6 avril, dernier jour de campagne. Pour frapper fort et couper ? l?adversaire toute capacit? de riposte. Aucun d?entre eux, cependant, n?a parl? d?un mal qui frappe les citoyens et endeuille chaque ann?e des milliers de familles. Cet oubli, de la part des futurs pr?sidents, est autant tragique qu?inexcusable car les 4.000 morts que produisent nos routes sont caus?s par des d?faillances humaines, une source de malheurs qui m?rite d??tre corrig?e. Pis, les dizaines de milliers de bless?s dont une bonne partie restera une charge pour la collectivit? sont une invitation claire aux postulants qui pr?tendent placer au centre de leurs pr?occupations le bien-?tre des citoyens. Et qu?y a-t-il de meilleur pour exprimer cette pr?occupation que de pr?server des vies, ne serait-ce que pour en faire, potentiellement, des voix favorables. Neuf Alg?riens ne voteront pas le 9 avril prochain. Ils ne seront pas seuls. Des dizaines de proches n?iront pas aux centres de vote car occup?s ? batailler pour obtenir qui des documents qui des primes d?assurances qui comment nourrir des orphelins, maintenant que le chef de famille a disparu. Des dizaines de personnes, donc, ne feront plus du vote une priorit? parce que des candidats ont cru que les accidents de la route n?en ?taient pas une. Au cours de ces 24 heures, la Protection civile a op?r? 1.447 interventions. Les conditions m?t?o ont ?t? ? l?origine de la majorit? d?entre elles. Neuf morts et 11 bless?s ont, encore, ?t? enregistr?s dont 4 dans un m?me accident qui a mis en cause un camion semi-remorque, dans la wilaya de Gharda?a. Un panneau de prescription absolue -un stop- n?aurait pas ?t? respect? par le mastodonte. Il y a quelques jours, un autre v?hicule de ce type a ?cras? un motard de la Gendarmerie qui faisait pourtant partie d?un convoi, dans les environs de Sa?da. Le camion semi-remorque n?avait pas respect? la m?me plaque lui ordonnant de s?arr?ter. Question qui m?rite d?bat, ou ?claircissements, afin de rassurer les ?lecteurs qui sont des millions d?usagers de la route; des millions de victimes potentielles donc. Si un convoi de motards cens? dissuader les conducteurs -particuli?rement ceux qui confondent conduire et rouler- n?a pu ?viter le drame, de quelle mani?re devra s?y prendre le simple mortel qui se d?place avec sa famille sur une route isol?e, mal signal?e, et de nuit? Si un des candidats parmi ceux qui s??gosillent ? nous expliquer les finesses de la gouvernance et d?noncer les d?fauts des autres, a une r?ponse; qu?il la communique aux morts en sursis, tant qu?ils sont en vie. Des millions de voix sont en jeu. Sans bourrage des urnes.