La campagne ?lectorale pour la pr?sidentielle de jeudi a pris fin hier soir ? minuit. Les six candidats et leurs ?tats-majors de campagne devaient ainsi mettre leurs derni?res forces dans la balance pour convaincre, dans une ultime interpellation, les citoyens ? voter massivement le 9 avril. Cette campagne, qui a dur? dix-neuf jours, aura ?t? l?occasion, pour les six candi-dats, de sillonner le pays de long en large avec pour seul leitmotiv d?amener les citoyens ? voter, et ?peu importe pour quel candidat?. Ont-il r?ussi? La r?ponse ? cette question, il faut l?attendre apr?s l?op?ration de d?pouillement. Cependant l?appr?ciation de cette campagne ne fait pas l?unanimit?. Dans l?entourage des candidats, en particulier les partisans de Bouteflika, ?la campagne ?lectorale aura ?t? l?occasion pour tout un chacun de revaloriser les acquis inscrits sur le registre des r?alisations et des r?formes engag?es sous la conduite du pr?sident Abdelaziz Bouteflika candidat ind?pendant?, dixit Ahmed Ouyahia qui s?exprimait hier ? Tizi-Ouzou. Pour sa part, le chroniqueur d?El-Khabar d?plore surtout le manque de d?bat contradictoire au cours de cette campagne. ?Il n?y a pas eu de d?bat, pas de chiffres, les candidats se sont r?pandus en discours fleuves m?me s?il disent des choses int?ressantes et les citoyens n?accrochent pas?, ?crit cet universitaire qui d?plore aussi qu?il n?y ait pas eu de d?bat contradictoire ? la t?l?vision qui, de son point de vue, ?n?a pas ?t? utilis?e ? bon escient?. En revanche, il se f?licite des conditions de s?curit? dans lesquelles s?est d?roul?e cette campagne. ?Il n?y a pas eu d?attentats terroristes, les candidats ont pu se d?lacer en toute qui?tude; on n?a pas relev? aussi des attaques et des d?rapages verbaux entre ces candidats, c?est une campagne propre?, note-t-il encore. En revanche, ce point de vue est contrebalanc? par un autre qui voit les choses sous un autre angle. A savoir que cette campagne aura ?t? fade, que le citoyen a ?t? indiff?rent, malgr? les moyens mobilis?s par l?Etat. Rachid A?t Kaci, cit? par l?Associated Press, parle de ?la rupture entre le pouvoir politique qui vit dans une bulle virtuelle et la majorit? du peule qui vit dans la pr?carit??. ?Est-il raisonnable, selon vous, que les citoyens puissent avoir un int?r?t pour la campagne ?lectorale quand la pomme de terre et la sardine, le menu quotidien de l?Alg?rien lambda, deviennent un luxe?, se demande-t-il. Il est vrai, cette campagne ?lectorale co?ncide avec une flamb?e sans pr?c?dent des prix des l?gumes. La pomme de terre, aliment du pauvre par excellence, n?a jamais autant fait parler d?elle que ces derniers jours o? elle aura ravi la vedette aux candidats dans la bouche du citoyen. Question: les Alg?riens transcenderont-ils leurs difficult?s quotidiennes en r?pondant ? l?appel des candidats ? voter en masse ou bien voleront-ils avec leurs pieds, fa?on de transmettre un message de d?fiance et de rupture ? la classe politique en g?n?ral?