La campagne du candidat ind?pendant, Abdelaziz Bouteflika, monte en cadence et se distingue de celle des cinq autres candidats ? l??lection pr?sidentielle 2009, et cela en dehors de tout soutien de partis politiques ou d?organisations nationales. Avec le test r?ussi en Kabylie, Bouteflika a frapp? un grand coup. Apr?s son meeting de Beja?a et, ce week-end, celui de Tizi-Ouzou, il a d?montr?, non seulement, une popularit? intacte mais qui va crescendo, puisque cette r?gion ?tait toujours donn?e pour hostile ? celui dont le destin a voulu qu?il soit aux commandes du pays lors de la crise de 2001. Une popularit? qui d?montre que sa patience et sa gestion laborieuse, parfois difficile, ont donn? leurs francs succ?s, apr?s que les tensions se soient calm?es et que la population ait trouv? un retour ? une vie normale, rien de plus logique, dira-t-on, pour une r?gion indissociable des autres r?gions de l?Alg?rie. Le premier gain pour le pr?sident sortant est tout simplement de confirmer sa dimension nationale, par-del? tout autre consid?ration. Quand en 2004, lors de la campagne pour la pr?sidentielle, il avait promis que les wilayas de la Kabylie ne seront pas en marge des dotations budg?taires dont ont b?n?fici? les autres wilayas, il devait rapidement ensuite confirmer la sinc?rit? de son propos. Ce fut chose faite, si l?on en croit les multiples projets r?alis?s ? Tizi-Ouzou, ? Beja?a et ? Bouira, au b?n?fice d?une population qui a souffert de beaucoup de retards dans son d?veloppement. Et c?est par cela, entre autres, mais aussi par plusieurs ?tapes, comme le dialogue avec les repr?sentants de la population, les ?lections partielles en Kabylie, la r?int?gration des repr?sentants de la r?gion dans le Parlement, le retour de la gendarmerie nationale et d?autres actions dans bien des secteurs. L?autre test r?ussi pour Bouteflika, dans cette campagne qui monte en cadence, c?est naturellement dans sa capacit? politique ? incarner, mieux qu?un autre, un projet pour la nation. Si les critiques de ses adversaires sont parfois tir?es d?une r?alit? sociale difficilement contestable, lui a, au moins, la particularit? de passer ? la force de proposition. Ainsi en est-il de son programme ?conomique de 150 milliards de dollars sur cinq ans, par exemple, qui confirme la volont? de l?Etat de ne pas plier sous la pression de la crise et de vouloir ? tout prix poursuivre les efforts de rattraper les retards dans beaucoup de domaines. Mais, le plus important est qu?il reste le seul, sinon un des rares candidats, du moins si l?on en croit les comptes-rendus des meetings ? travers le pays, ? proposer un projet politique qui ne soit pas seulement un programme technique. Avec son insistance sur la s?curit? et la paix, il met le doigt, en fait, sur la principale pr?occupation des Alg?riens qui, s?ils constatent que la s?curit? et la stabilit? sont en constante am?lioration, n?en souhaitent pas moins voir ces acquis irr?versibles. C?est dans ce cadre que Abdelaziz Bouteflika intervient en r?veillant le d?bat sur la r?conciliation nationale, autant pour en rappeler les objectifs et l?esprit de sa politique, que pour proposer une nouvelle phase qui permette que les probl?mes de l?Alg?rie ne soient r?cup?r?s par aucune partie ?trang?re ou extr?miste. A cela, les Alg?riens ne peuvent rester insensibles et il va de soi que cette question cruciale p?sera de tout son poids sur la d?cision des ?lecteurs le 9 avril prochain. En d?autres termes, le choix pour Bouteflika devient synonyme d?option pour la continuit? des acquis de la politique de r?conciliation, quel qu?en soit le bilan que l?on peut ?tablir, et surtout, d?en ?viter la remise en cause et le retour ? la case d?part. Tel est le point fort du discours de Bouteflika et c?est ce qui explique pourquoi il est vite pass? pour le candidat qui aborde le sujet avec le plus d?aisance. Au plan de la campagne, dans son style et dans son contenu, on assiste ? un homme qui affronte de face, et ? chaque occasion, la population ou la foule, malgr? le pr?c?dent de Batna, d?montrant un courage remarquable. Mais il y a aussi cet engouement de la population qu?on ne peut attribuer exclusivement aux bases militantes du FLN, du RND, du MSP ou de l?UGTA, sachant la capacit? de l?homme ? susciter l?attention des gens. Enfin, il demeure le seul candidat ? s?imposer sur le terrain de la communaut? ?trang?re et il ne faut pas exclure qu?il fasse un raz-de-mar?e, dans les consulats alg?riens en France ou d?ailleurs, avec la forte probabilit? de rafler la mise du vote de l??migration. Et, le tout ?tant m?diatis? et rapport? avec qualit? et pr?cision par l?outil Internet, dont la direction de campagne de Bouteflika, contrairement aux autres candidats, semble faire le meilleur usage. Mais, malgr? cette avance certaine, le candidat Bouteflika ne semble pas dormir sur ses lauriers. Pr?f?rant s?occuper en personne de sa campagne, puisqu?il consid?re que le pr?sident de la R?publique doit ?tre ?lu par l??crasante majorit? des Alg?riens et que sa l?gitimit? politique ne souffre d?aucun talon d?Achille. C?est dans cet ordre d?id?es qu?il a pr?f?r? ne pas participer au sommet arabe qui s?ouvre demain ? Doha, mais plut?t d?aller ? la rencontre de la population qu?il veut convaincre d?abord, de participer, ensuite de voter pour son programme. Quant aux attaques dont il est la cible permanente de la part de ses concurrents, le candidat Bouteflika, comme on l?a vu en 1999 et en 2004, fait une nouvelle fois montre de sang-froid et de retenue. Des critiques qui pleuvent ? longueur de meetings sur son bilan, tandis que lui, par sa position quelque peu inconfortable de pr?sident sortant, ne peut user de ces m?mes armes, se trouvant dans l?obligation de pr?ner la s?r?nit? et la stabilit?. Cette situation fait dire ? beaucoup d?observateurs que, malgr? les apparences, c?est Bouteflika qui m?ne la campagne la plus difficile. Il est le seul candidat ? devoir sillonner le pays pour conserver un pouvoir qu?il a d?j?. Ce qui est d?ordinaire plus difficile d?y parvenir.