Les discussions qui ont lieu actuellement autour du plan d'action ne doivent pas occulter le fait que depuis l'entrée dans le libéralisme, et même depuis la crise financière de 1986 qui avait amené deux années plus tard «octobre 88», le monde de l'entreprise et le marché du travail ont connu des bouleversements profonds. Nombre d'entreprises ont «coulé», (ont été coulées, selon les travailleurs), et l'emploi est majoritairement devenu précaire avec l'intégration des notions de CDD, ce qui était inconnu auparavant. Nous sommes entrés dans une ère de précarité pour l'entreprise et de précarité pour l'emploi. Les deux luttent pour leur survie. Il était arrivé, ces dernières années, qu'un officiel communique le nombre d'emplois et le nombre d'entreprises, créés depuis deux années, mais par contre ne fournit pas d'autres données qui rendront mieux compte de l'état de santé de notre économie et de la dynamique que lui aurait insufflée le gouvernement. Combien d'entreprises ont disparu? Combien d'emplois ont disparu? S'il est acceptable que des entreprises disparaissent, elles peuvent réussir ou échouer, mourir ou croître, s'il est en conséquence également acceptable que des emplois disparaissent, le plus important à connaître est la comparaison entre le taux de natalité des entreprises et leur taux de mortalité, de même qu'il nous faudrait comparer le taux de création d'emplois et le taux de leur disparition. Il ne s'agit pas tant d'évaluer la performance du gouvernement ou de notre économie que de disposer des éléments d'une lecture pour l'avenir du pays. Il y a certaines formes particulières d'emploi qui traduisent la précarité de celui-ci. Les notions de pré-emploi ou de contrat à durée déterminée rendent les entreprises et les employeurs seuls responsables des formes qu'il faudrait leur donner, à savoir les transformer en emplois durables ou les précariser davantage. Certainement que nous irons jusqu'à repousser plus loin les limites de la flexibilité de l'emploi et permettre aux entreprises d'ajuster l'emploi aux impératifs de production. Des emplois sont créés quand il y a un cahier de charges et en fonction du volume de travail que celui-ci offre et puis, après, les travailleurs sont licenciés puis repris si possible, s'il y a encore de nouveau une demande de production. Les entrepreneurs revendiqueront encore plus de flexibilité au nom de la réduction des charges, c'est-à-dire des coûts, pour espérer obtenir plus de compétitivité face à la concurrence.