De passage la semaine dernière à Sidi Bel-Abbès, M. Rachid Benaïssa a été approché par l'un des représentants des travailleurs de Safa Dahra de Telagh, lequel lui a confié une lettre dénonçant la marginalisation de son entreprise par la direction des Forêts en matière d'octrois de marchés. Le ministre de l'Agriculture et du Développement Rural qui ne s'attendait pas à une telle initiative de la part d'un syndicaliste agissant au nom de la société agro forestière d'aménagement (SAFA-Dahra), issue de la restructuration de l'ex-ONTF, activant dans le sud de Sidi Bel-Abbès, a bien voulu prendre connaissance de la lettre dont la VO détient une copie. Dans cette missive, Y. Bouziane puisqu'il s'agit de lui, avise M. Benaïssa, que l'entreprise Safa Dahra emploie 100 salariés permanents et contractuels, appuyés par 400 ouvriers saisonniers, répartis à travers les différents points d'impact de la wilaya. Selon lui, «la situation financière de l'entreprise est devenue alarmante, face à la concurrence déloyale, que lui livrent les entreprises privées, favorisées en matière de marchés quoique n'ayant aucune expérience sur le terrain.» Ciblant explicitement la direction des Forêts de la wilaya de Sidi Bel-Abbès, qui selon lui, semble marginaliser Safa Dahra, les syndicalistes enfoncent le clou, en affirmant: «Le directeur des Forêts de la wilaya et ses collaborateurs ne nous ont accordé aucune des 5 soumissions présentées depuis le mois d'avril à ce jour, et portant sur la plantation de brise-vent, les corrections torrentielles, l'amélioration foncière et divers reboisements, sous prétexte que notre entreprise n'a pas joint à son dossier un certificat de qualification. Ceci, en dépit de notre statut d'entreprise publique économique, activant depuis 1971 (date de la création de l'ONTF dont elle est issue). Certificat dont l'absence est considérée comme critère d'évaluation éliminatoire, quoique jamais exigé auparavant à notre société», poursuit Y. Saïdj, autre syndicaliste, qui réclame l'intervention des pouvoirs publics. «Ceci, dans le seul but de nous venir en aide et de maintenir en vie l'une des rares entreprises étatiques encore en activité dans cette région du sud belabbésien.» Joint par nos soins au téléphone, M. Bouziane, le conservateur des Forêts de la wilaya de Sidi Bel-Abbès, affirme que ces marchés ont été attribués par les la commission de wilaya, agissant en vertu de la réglementation mise en vigueur. Le certificat de qualification qui est exigé par la dite commission, nous a été imposé par la centrale ministérielle. Il est délivré conjointement par les directions de l'Hydraulique et des TP. Par ailleurs, nous avons procédé à la résiliation du contrat d'un marché, pour travaux non achevés et non respect du délai de réalisation, alors qu'il devait rapporter près de 7 milliards de centimes à cette entreprise, si elle avait honoré ses engagements.» Pour sa part, M. Feddal, directeur de Safa Dahra, rappelle que son entreprise détenait le monopole de l'ensemble des travaux forestiers dans la région Ouest, avant sa restructuration en 1991, alors qu'aujourd'hui, elle semble mise à l'écart. Contrairement aux autres travaux dits «à phase unique» et attribués aux particuliers, poursuit-il, comme les corrections torrentielles, les plantations fruitières ou l'aménagement de pistes, nos activités sur le terrain dépendent des cas de force majeure, comme le prévoit une des clauses de nos contrats, comme les conditions atmosphériques défavorables, la sécheresse, les intempéries, l'explosion d'engins enfouis, etc. S'agissant du marché N°353/06, accordé par l'ancien conservateur pour un montant de plus de 5 milliards de centimes (et non pas 7), annulé par l'actuel responsable des Forêts de la wilaya, il déplore: «Ce dernier est resté insensible à toutes nos demandes de prorogation des délais, invoquant les cas de force majeur intervenus. Notre plan de charge étant ainsi réduit à néant dans la wilaya de la Mékerra, poursuit-il, nous sommes contraints d'activer et d'étendre nos travaux aux wilayas limitrophes notamment celles de Saïda, Naâma et El-Bayadh. Des secteurs géographiques où nous avons créé des centaines d'emploi, sans qu'aucune attestation de qualification ne nous soit réclamée». Le plus étonnant dans tout ce qui vient d'être déballé comme argumentaires, c'est qu'aucun responsable de la Conservation des Forêts n'a été en mesure de nous donner la référence du texte officiel, d'où émane ce fameux critère éliminatoire imposé à cette entreprise étatique.