Dans une lettre adressée à notre bureau régional de Tlemcen, les riverains de la plage «Madrid», à l'ouest de Béni-Saf, s'insurgent sur ce qu'ils appellent «une privatisation déguisée de la plage de Madrid» et sollicitent «l'intervention du Wali d'Ain Témouchent pour mettre un terme à cette hogra, aux dépassements constatés et à cette situation de fait accompli qui relève du non droit». Cette plage ou plus exactement cette crique d'à peine une centaine de mètres de long, «est squattée par un gérant d'hôtel, lequel après avoir installé des chaises et des parasols sur pratiquement 70% de la plage, fait payer à tout baigneur qui se présente la somme de 100 dinars», témoigne un estivant. «Le reste des riverains doivent se contenter du petit bout de plage qui reste et qui ne peut contenir tous les estivants et ceux qui résident à Madrid-plage», dit-il. Le hic est que même ceux qui ont des habitations au bord de la plage, sont confrontés quotidiennement à cette situation, qui risque de prendre une autre tournure, si les autorités locales n'interviennent pas à temps pour les rétablir dans leurs droits. «Nous habitons au bord de la mer et pour nous baigner, nous sommes contraints soit de payer, soit d'aller jusqu'à la plage de Rachgoun. C'est un non sens et une hogra pure et simple», affirment les résidents qui ajoutent: «Son hôtel n'est même pas au bord de la mer, car il se trouve à une ruelle de la plage. Comment se fait-il alors qu'on le laisse exploiter sans vergogne notre plage, sans que personne n'intervienne? Le code national de la marine est pourtant clair, les plages privées sont interdites par la loi». Nous nous sommes rendus sur les lieux, pour constater de visu cette situation. Les chaises et les parasols sont disposés le long d'une grande partie de la plage, jusqu'à la limite des flots, afin que nul ne puisse s'aventurer à se baigner, sans s'acquitter de la «taxe», sinon louer une place avec chaises et parasols au prix de… 1.000 dinars la journée. Seul un tiers de la plage est laissé aux résidents, qui doivent partager cet espace avec les autres estivants. Et ils sont nombreux à Madrid-plage, du fait que cette arène est, depuis des lustres, fréquentée par des familles. Cette plage est en effet recherchée pour son calme et sa quiétude. Nous avons même été empêchés de prendre des photos par un gardien zélé. «Cela démontre que rien n'est conforme à la loi et que ce fait accompli n'est rendu possible, que grâce à la complicité des uns et la passivité des autres. C'est une situation de pure déliquescence», dira notre accompagnateur. Il est vrai qu'il n'est pas interdit de louer des chaises et des parasols aux estivants, mais de là à détourner toute une plage, au vu et au su de tout le monde et pénaliser des milliers de résidents et d'estivants libres, revient à provoquer une situation de fait accompli, qui risque de dégénérer à tout moment. «A travers votre journal, nous lançons un appel au Wali, pour qu'il mette un terme à cette hogra caractérisée», concluent les riverains touchés dans leur amour-propre et leur quiétude.