La Caisse nationale de la mutuelle agricole (CNMA)-banque a été officiellement dissoute. La décision a été prise, hier, par la commission bancaire qui a désigné, le 21 septembre 2008, un administrateur provisoire auprès de cette institution, après avoir constaté des carences dans la gestion de la caisse. Elle sera transformée sous peu en un Crédit mutuel rural (CMR). On se rappelle que la CNMA-Banque a fait l'objet d'un scandale financier qui a défrayé la chronique. Le SG de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), Mohamed Alioui, a fait état à ce moment d'un trou financier de quelque 7.000 milliards de centimes détournés de la caisse. La décision de la liquidation de la CNMA-Banque a été prise alors par le chef du gouvernement, au cours d'un conseil interministériel tenu le 16 août 2008, après avoir été soumise à l'audit par l'IGF qui l'a considérée éligible au retrait d'agrément et à la liquidation. Parmi les griefs retenus contre la CNMA-Banque, l'infraction à la loi sur la monnaie et le crédit qui prohibe les relations d'affaires entre toute banque et ses actionnaires. D'autant que ces derniers sont constitués seulement d'agriculteurs. Ainsi que le manque d'expérience des membres des organes dirigeants de la banque, en majorité des exploitants agricoles. Mais le motif principal est lié aux créances accumulées. En trois ans seulement, la CNMA-Banque a accumulé près de 17 milliards de DA de créances, difficilement recouvrables, et se trouve avec des dettes de 15 milliards de DA. Cette situation a soulevé le tollé des agriculteurs qui craignaient pour l'avenir de leur activité en l'absence d'une véritable banque d'assurance, malgré la prise de relais par la BADR qui est de nature la banque des fellahs. Ce qui a amené les pouvoirs publics à proposer, dans les meilleurs des cas, la reconversion de la CNMA-Banque en une nouvelle entité appelée Crédit mutuel rural. Pour assurer au mieux ce changement de statut, un atelier a été organisé par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural en Algérie. Les participants à ces travaux de trois jours, à savoir le secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, des cadres de la CNMA-banque, des représentants des agriculteurs, des experts canadiens et des représentants de la Banque mondiale, ont eu à étudier la faisabilité de la réorganisation de ce système de financement de l'agriculture. Cette rencontre a été sanctionnée par une feuille de route. Celle-ci comportera, explique M. Kamel Araba, directeur général de la CNMA, des propositions concrètes à appliquer sur le terrain. «Nous voulons que ce Crédit mutuel rural soit un outil de financement de proximité. Des bureaux locaux seront mobilisés à cet effet. Ce nouvel outil de financement sera adapté aux besoins et surtout à la mentalité des agriculteurs. Ainsi, cet atelier nous permettra d'échanger les avis», a indiqué l'orateur qui souhaite que le CMR une fois mis en place soit accompagné par un fonds de garantie spécifique au secteur. L'objectif assigné à une telle démarche est, dit-il, de préserver cet outil de financement au profit des agriculteurs. En citant le cas de la CNMA-Banque, le directeur général a souligné que le fonctionnement de cette caisse a été un «échec qui doit servir d'exemple pour tirer les leçons et éviter à l'avenir de reproduire les mêmes erreurs». Il a indiqué que le CMR sera, par contre, exclusivement géré par les agriculteurs et les professionnels du secteur. L'octroi des crédits «sera soumis au contrôle selon la réglementation en vigueur», explique le même orateur dans son intervention avant d'enchaîner que les ressources financières devront provenir d'une politique des parts sociales et de la collecte de l'épargne de l'agriculteur. Ce nouveau mode de fonctionnement offre, d'après lui, l'avantage d'avoir une sérieuse garantie, celle d'avoir une traçabilité et de s'assurer de la destination des fonds qui transiteront par son biais. Plus loin, ce responsable a mis l'accent sur la nécessité d'éviter l'erreur qui consiste à amalgamer la gestion d'un organisme financier avec les relations d'intérêt ou d'amitié.