La commission bancaire a annoncé hier dans un communiqué la désignation d'un administrateur provisoire auprès de la Caisse nationale de la mutualité agricole (CNMA) Banque. Celui-ci jouira de tous les pouvoirs d'administration, de direction et de représentation de ladite banque conformément à la loi. La commission bancaire, qui s'est réunie le 21 septembre en session ordinaire, a indiqué que cette mesure intervient après examen de la situation de la CNMA Banque. Le communiqué note qu'« à la lumière des informations portées à la connaissance et au vu des pièces contenues dans le dossier, il ressort que les conditions normales de gestion de la CNMA Banque ne sont plus assurées ». D'où la désignation d'un administrateur provisoire qui pourrait être la première étape d'un processus de liquidation de la banque. La déconfiture de cette banque n'a pas manqué de semer un sentiment d'inquiétude au sein des professionnels de l'agriculture qui craignent que le financement de ce secteur s'assèche, accentuant ainsi un désinvestissement déjà manifeste. D'autant plus que le crédit sans intérêt dit Rfig destiné aux agriculteurs officiellement lancé le 10 août dernier, qui devait être pris en charge par la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR) ainsi que par la Banque nationale d'Algérie (BNA), n'est toujours pas disponible au niveau des agences au grand dam des exploitants agricoles. Les incertitudes qui entourent l'avenir de la banque ont également suscité de fortes appréhensions chez les travailleurs de cette entreprise. Des représentants du syndicat de cette filiale, qui compte un millier d'employés, nous ont indiqué récemment que « le prétexte de l'accumulation de créances à 17 milliards de dinars est fallacieux ». « Il s'agit des crédits accordés par la CNMA du temps où elle avait une simple dérogation de la Banque d'Algérie. On a créé une banque déficitaire. C'était un mort-né », avaient-ils précisé. Le montant des impayés en question représente, selon eux, les crédits accordés entre 2000 et fin 2005 à 46 000 clients au titre du Crédit agricole mutuel (CAM). La CNMA Banque n'a fait qu'hériter de ce boulet, soutiennent-ils. D'après eux, la fermeture de cette dernière sera fatale pour l'agriculture et les agriculteurs étant donné, soulignent-ils, que l'institution était le seul instrument financier du secteur pendant de longues années. La CNMA Banque avait été créée en 2005. Elle avait toutefois lancé ses activités en 2006. La CNMA qui était initialement une caisse mutualiste avait bénéficié, en 1995, d'une dérogation pour exercer des activités bancaires. La décision de mettre fin aux activités bancaires de la CNMA a été prise lors d'un conseil interministériel, tenu le 16 août 2008 et présidé par le chef du gouvernement. L'une des raisons qui ont motivé la décision du gouvernement est liée aux créances accumulées par la CNMA Banque et qui s'élève à 17 milliards de dinars de créances difficilement recouvrables et se retrouve avec un actif net négatif de 15 milliards de dinars, mentionne-t-on.