La semaine culturelle de Khenchela à Oran a permis au public de faire la connaissance, entre autres, d'un authentique artiste, le sculpteur sur bois Messaoudi Rachid. Le sculpteur khencheli, âgé de 38 ans, fait preuve d'une réelle dextérité dans le travail du bois comme peuvent en témoigner les pièces qu'il expose au centre culturel Ibn Mahrez. Horloge en forme de larme reversée, sabre surgissant d'un socle en forme de carte géographique de l'Algérie supportant, d'un côté, une main ensanglantée et, de l'autre, un drapeau ou encore ce cendrier en forme de scorpion. Objets fonctionnels ou de décoration ou encore sculptures abstraites, la vingtaine de pièces exposées attestent toutes d'une grande adresse et d'une imagination sans bornes. Mais comment est née cette vocation pour la sculpture sur bois? «Je la traîne, dit l'artiste, depuis ma plus tendre enfance. Cela est dû certainement au fait que j'ai grandi au milieu d'un bois. Mon père était garde forestier et nous habitions une maison à proximité de la forêt.» «Le bois, précise-t-il encore, est un matériau que je connais pour avoir appris à le manier depuis mon enfance. Avec le bois, j'ai fabriqué mes premiers jouets, ensuite des ustensiles plus fonctionnels et puis je me suis essayé à la création de formes abstraites.» Cela donne une réponse à ceux qui ne savent pas s'il faut le classer parmi les artisans ou les artistes. «Je crois que je suis l'un et l'autre à la fois», dit-il à ce propos. «Mais peut-être, souligne-t-il, beaucoup plus artisan parce que, toute ma vie, j'ai façonné manuellement le bois pour confectionner des objets domestiques. Cela dit, je peux me considérer aussi, humblement, comme artiste quand j'essaie de faire ressortir toute la noblesse de ce matériau à partir d'une pièce banale en me laissant guider par mon inspiration pour donner naissance à un objet d'art.» Voilà qui est clair! Qui mérite respect. Et cette simplicité transparait encore dans son discours lorsqu'il parle de statut d'amateur ou de professionnel. «Je ne connais pas de sculpteur sur bois qui peut se targuer de vivre de son art. Je suis tourneur de mon état et la sculpture sur bois n'occupe que mon temps libre. C'est une passion mais cela ne me fait pas vivre, bien que toutes mes pièces de sculpture soient destinées à la vente», dit-il, posant du coup le problème de l'inexistence de formes de mécénat en Algérie. Pour revenir à son travail, plus précisément le matériau utilisé, Messaoudi Rachid dit: «J'utilise uniquement le bois de cèdre, car la région de Khenchela est réputée pour ses forêts de cèdre, qui est connu chez nous sous le nom de ‘bignoun'. C'est un bois qui présente beaucoup de qualités: il est dur mais léger, très odorant et réfractaire à la pourriture.» A noter que l'artiste, et malgré son talent indéniable, n'a pas exposé hors des frontières du pays. «Je n'ai exposé mes sculptures sur bois qu'en Algérie lors de semaines culturelles exclusivement. Ce sont d'excellentes occasions pour les artistes de prouver qu'ils existent et d'échanger leurs expériences. Et dans ce registre, je dois dire que ma présence à Oran a été pour moi très bénéfique», conclut-il.