Un état des lieux de la jeune littérature algérienne a été fait jeudi à Alger, dans le cadre d'un symposium des écrivains africains, organisé les 15 et 16 juillet courant, à l'occasion du 2e Festival culturel panafricain. «Les écrivains des années 1990 ont refusé le style littéraire réaliste des années 1970 et ont cherché un nouveau genre littéraire sur lequel se baser», a indiqué l'universitaire Mohamed Sari, ajoutant que la littérature en tant que fiction «a toujours été accompagnée d'un savoir, un savoir qu'il faut capitaliser». «La littérature a toujours été et est le reflet de l'environnement social, économique, culturel et linguistique», a-t-il dit. «Les littératures algérienne et africaine ont trop à faire avec l'histoire et ne sont pas confrontées avec la géographie des villes», a estimé, pour sa part, l'écrivain et éditeur Sofiane Hadjadj, lors de cette table ronde, organisée sur le sous-thème «Nouvelles écritures algériennes». «La question de l'imaginaire est encore minoritaire dans notre société», a ajouté le conférencier. Akli Tadjer a évoqué son expérience d'écrivain confiant: «Quand je commence un livre, qui est un bon moyen d'évasion, je ne connais pas le cheminement que je vais suivre pour aboutir à la fin». «A force de parler de particularisme de la littérature algérienne et africaine, on risque de voir ces littératures tomber dans un ghetto», a par ailleurs estimé l'écrivain pour qui la littérature a vocation, avant tout, d'être universelle et de toucher le coeur des êtres humains, de tous les êtres humains sans distinction. «Il n'y a pas de mal à écrire dans une langue étrangère. Les langues doivent être considérées comme des ponts qui réunissent les hommes des différentes cultures», a-t-il affirmé. Brahim Tazaghart, dont les livres sont écrits en tamazight, a évoqué ses débuts littéraires confiant avoir découvert l'écriture grâce à sa mère qui, malgré le fait qu'elle ne sait pas écrire, composait des poèmes qu'elle lui récitait, alors qu'il était encore tout enfant. «L'Afrique partira inévitablement de l'oralité vers l'écriture sans renier ses mythes», a conclu l'écrivain pour qui «s'approprier les langues étrangères ne signifie pas renier sa langue maternelle».