Les habitants des Castors, au secteur urbain El Makarri, ne cessent de dénoncer la clochardisation de leur quartier jadis renommé pour le calme qui y régnait et dont le marché informel, et sans règle aucune, de voitures, qui envenime à longueur de journée leur cadre de vie, demeure la préoccupation majeure. «Avant, nous plantions des fleurs devant nos maisons… Depuis que nous avons été envahis par ces marchands de voitures qui parquent leurs véhicules jusque devant l'entrée de nos habitations, nous avons été contraints de poser des blocs de pierres pour délimiter nos biens, et ce, en l'absence d'une autorité comme consigné dans la constitution algérienne qui protège les biens et les personnes», fera remarquer ce père de famille habitant à la rue Abou Drama, face au jardin des Castors. Son voisin, un retraité qui dit souffrir le même envahissement, dira, pour sa part : «Que voulez-vous faire quand des énergumènes venus de nulles part parquent leurs voitures en face de chez vous, et installent des chaises de plages devant votre entrée ? Où est l'Etat ? Nos filles et nos femmes rasent les murs pour rentrer chez elles… J'ai posé des blocs de pierres devant ma façade principale au risque de commettre l'irréparable…» Ces propos sont tenus par des pères de familles qui subissent au quotidien le diktat du marché informel de véhicules des Castors, un quartier prestigieux soumis à la dégradation comme tant d'autres à Oran qui prennent des airs de bourgs. Une virée en cette zone résidentielle permet de mesurer l'ampleur de l'anarchie qui y règne. Devant chaque demeure, de gros blocs de pierres et autres obstacles sont alignés, et certains sont même fixés au tapis d'asphalte par du mortier pour, visiblement, ne pas être déplacés… D'autres résidents, plus regardants à l'esthétique, installent d'imposants bacs de fleurs. Les plaques de signalisation ne sont nullement prises en compte par les conducteurs, et ce, au mépris des lois, piétinées par ce marché informel… Le délégué du secteur urbain d'El Makarri, dont relève le quartier des Castors, fera savoir : «C'est une opération que nous ne pouvons mener seuls… Il est impératif qu'une grande opération conjointe avec les services de la sûreté de wilaya soit menée. Les citoyens ont trouvé ce moyen pour tenter de protéger leurs biens…» Noureddine, un habitant de ce quartier qui a, depuis longtemps, baissé les bras face à ce qu'il appelle l'«invasion des besnassa», dira : «Il est à signaler que l'exposition et la vente des voitures sur la voie publique, aux Castors, est imposée et piétine tous les espaces publics et privés, rendant les lieux infréquentables pour le simple citoyens. Les habitants, quant à eux, sont déjà engloutis dans cette anarchie qui ne semble pas déranger outre mesure les responsables locaux. Les correspondances dénonçant un tel état de fait sont pour l'instant restées lettres mortes».