Après les incendies, la chaleur caniculaire et les nuisances sonores, la baguette de pain fait ses caprices déjà depuis quelque cinq jours, dans la plupart des villes du sud de la wilaya de Sidi Bel-Abbès et principalement à Télagh, Téghalimet, Mérine et Mezaourou. "Cette disette périodique et pour le moins exaspérante que l'on subit chaque été, soulignent nos interlocuteurs en mal de cet aliment complet, a pour origine plusieurs facteurs convergents: les fermetures pour congés annuels de certaines boulangeries, le manque flagrant de main d'œuvre obligeant certains patrons à recruter des ouvriers issus de certaines wilayas du Centre, et cela, sans compter ceux qui ont mis leurs clés sous leurs paillassons, devant la hausse des prix des ingrédients entrant dans la production de leur pain», ont-ils déclaré. Quant à C. Kaddour, il ajoute: "Cette situation inopinée ne manque pas d'impacter défavorablement la population locale, obligée de s'en remettre au marché de l'informel dont les tenants n'ont pas tardé à investir le créneau déserté, en injectant d'autres dérivés, tels le pain maison écoulé à prix d'or, au grand dam des consommateurs, qui le trouvent de surcroît étalé à même le sol, en dehors de toutes les normes d'hygiène requises". Les plus avertis parmi ceux ayant l'estomac bien accroché, apprend-on, se tournent vers la galette préparée à l'orge: «Un aliment à grande valeur nutritionnelle", argumentent-ils. Néanmoins, on prétend que 40% de la population se voit contrainte de prendre place dans les chaînes interminables, que se forment dès les premières lueurs du jour, devant les fournils des deux seules boulangeries dites «syriennes». Là, le pain présenté sous forme de miches différentes, est façonné à la main et sa cuisson se fait devant la clientèle, qui piaffe d'impatience. Les fournées se poursuivent par petites quantités tout au long de la journée, «mais il faudrait la patience d'Ayoub, pour y avoir sa part de pain frais…", nous déclare Slimane D, l'un des fidèles clients des fours du Chemin des Dames ou de Si Moulay Med, avant d'ajouter en guise de conclusion: "Devant le nombre impressionnant de boulangers qui ont baissé rideau en cette période estivale, au point d'entraîner cette pénurie volontaire de pain, comment pourrions-nous endurer ce calvaire, pendant le mois sacré du Ramadhan, qui sera parmi nous dans quelques semaines?...»