Les populations des villages en Kabylie semblent ne plus avoir d'interface dans les assemblées élues et ont de plus en plus recours à la rue pour se faire entendre. Ainsi et rien que pour ces jours derniers, ce sont cinq sièges d'APC qui ont été fermés par une population en colère. Les villages dépendant des communes de Aït Yahia Moussa dans le sud de la wilaya et notamment les citoyens du village d'Afir et de Aït Slimane, les habitants des villages Tinkachine dans la commune de Makouda dans le sud de la wilaya et ceux de la région d'Abi Youssef dans la daïra de Aïn El Hammam, ont procédé à la fermeture des sièges de leurs APC et ont réclamé, durant une longue journée et sous l'air des lampions, leurs droits à être écoutés. Hier, ce fut au tour du siège de l'APC de Fréha, dans la daïra d'Azazga, d'être fermé par les citoyens du village de Nezla. Ces citoyens, après avoir longtemps attendu que les autorités locales se décident enfin à les aider à sortir de l'ornière et les aident à résoudre leurs problèmes, comme le ramassage scolaire, la réfection des routes et pistes, l'assainissement et le réseau des eaux usées, ainsi que l'alimentation en eau potable, les voici donc confrontés au vide sidéral et le comité de village d'alerter les autorités en procédant à ce coup d'éclat. En fait, ces rassemblements ne sont qu'un appel au secours et les citoyens n'ont hélas trouvé que ce moyen pour alerter les pouvoirs publics et ainsi les informer de leur situation. Comme disent des jeunes gens rencontrés hier à Fréha par la presse: «Ce n'est pas pour faire plaisir à celui-ci ou à celui là que nous sommes ici mais plutôt pour dire à tous que notre village souffre sans que personne ne s'en soucie! Les petits élèves n'ont pas de ramassage scolaire et cela s'ajoute aux autres problèmes de la quotidienneté!» A Fréha, le maire a décidé de recevoir une délégation de villageois pour essayer de voir ensemble comment faire pour essayer de rendre justice au village qui se considère souvent et à juste titre comme marginalisé! A Aït Yahia Moussa, les citoyens des villages d'Afir et de Aït Slimane rappellent aux autorités locales, les promesses qui n'ont pas encore été matérialisées. Eux aussi réclament la réhabilitation des routes et pistes, l'amélioration de la distribution en eau potable, l'assainissement… A Makouda, les citoyens du village de Tinkachine ont, et à plusieurs reprises, fermé le siège de l'APC, le siège de l'agence locale de l'Algérienne des Eaux et aussi une fois le siège de la daïra. Ces citoyens ont toujours réclamé l'assainissement, l'eau potable et la réhabilitation de la route menant vers leur village. Les citoyens du village d'Abi Youssef demandent l'eau potable et selon des citoyens de cette région: «Depuis quelques temps, on décèle dans l'eau desservie une odeur anormale!» Tous ces villages et ces hameaux qui se dressent pour crier leur désarroi ne trouvent finalement de moyens que de fermer les sièges des APC. Ces manifestations devenues coutumières en Kabylie renseignent en fait sur l'état d'esprit des villageois face à la gestion des autorités locales. Les populations ont des problèmes dans leur quotidienneté et les autorités devant les manifestations promettent mais semblent oublier les promesses dès le lendemain. Aussi les citoyens n'ont-ils comme unique solution que le recours à la rue.